Soulevé par la multiplication des projets d'infrastructures et le développement du secteur immobilier dans plusieurs économies du continent, un gros «nuage gris» se prépare à s'abattre sur le continent, et sur les années à venir. L'année 2014, en particulier, marque un tournant décisif dans la ruée vers l'or gris et le développement concurrentiel du secteur en Afrique. En effet, à peine les géants Lafarge et Holcim ont-ils fini de consommer leur mariage qui devrait donner naissance au leader mondial - mais aussi africain - de l'industrie du ciment que c'est déjà le branle-bas de combat chez les industriels africains aux ambitions panafricaines. Le nigérian Dangote Cement, l'un des principaux concurrents du français Lafarge sur le continent, est le premier à ouvrir les hostilités en perspective de cette fusion. Le groupe, déjà leader du continent en termes de production, vient en effet d'annoncer ses intentions de doubler sa production qui devrait désormais passer à 40 millions de tonnes. Dans le détail présenté à la presse par les responsables de Dangote Cement, cette montée en régime devrait passer par la production de 9 millions de tonnes supplémentaires à partir de ses unités industrielles au Nigeria, ainsi que de 11 millions de tonnes additionnelles à partir des installations du groupe dans le continent. Le groupe nigérian ne compte pas s'arrêter là. L'industriel mise plus que jamais sur la maîtrise de ses coûts de production et de commercialisation afin de dégager des profits substantiels. Un objectif quasi atteint en 2013, avec un peu plus du milliard de dollars de bénéfices au terme de l'année écoulée. À l'horizon 2016, Dangote Cement compte porter sa production annuelle à quelque 60 millions de tonnes. Concurrence La configuration actuelle et future de l'industrie cimentière devrait par ailleurs davantage se compliquer avec l'arrivée du ciment marocain. Ciments de l'Afrique (CIMAF), du groupe Addoha, multiplie les implantations industrielles à tour de bras dans le continent, plus précisément dans la région ouest-africaine. L'une des dernières en date remonte à il y a tout juste quelques semaines, au Ghana. Anass Sefroui, l'homme d'affaires marocain, lançait dans ce pays d'Afrique de l'Ouest la construction de sa huitième usine de production de ciment. Le projet devrait porter sur un investissement dépassant les 600 MDH, pour une capacité de production totale d'un million de tonnes. La construction de l'infrastructure industrielle devrait s'étaler sur les 18 prochains mois de construction. Il faut rappeler que CIMAF est déjà bien présent dans le continent, ayant déployé le même modèle industriel en Côte d'Ivoire, au Cameroun, en Guinée-Conakry, au Gabon, au Burkina Faso, au Congo-Brazzaville et au Mali. Cependant, cette présence demeure pour le moment confinée à l'Afrique de l'Ouest. Dans le reste du continent, notamment vers la région australe, c'est le sud-africain Pretoria Portland Cement qui mène les jeux. Déjà présent au Rwanda et intéressé par le marché algérien, PPC vient en effet de finaliser un important investissement - 230 millions de dollars – pour s'installer dans la région des Grands Lacs, à partir de la République démocratique du Congo.