La croissance de l'économie tchadienne est à l'image de la stabilité politique du pays : en dents de scie. Pour 2014, le PIB devrait bondir de 10,5% après un très décevant 3,9% l'année dernière. Le pétrole et l'agriculture constituent le moteur de l'économie. Le Tchad, un pays où presque tout est à construire. Cet Etat de l'Afrique centrale est l'un des moins avancés au monde, aussi bien en termes d'indice de développement humain que de climat des affaires. En témoigne son classement en queue de peloton dans la récente édition du Doing Business 2015. Malgré quelques pas en avant, le Tchad ne se pointe qu'à la 185e position sur un total de 189 pays. Cela en dit long sur son environnement des affaires, que les cabinets d'études économiques jugent «défavorable à l'éclosion du secteur privé». Avouons-le, ce pays désertique marqué par de fréquents troubles politiques (tentatives de coup d'Etat, insurrection, rébellion), semble faire peur aux investisseurs. Gouvernance À cela, il faut ajouter la dépendance de son agriculture aux aléas du climat, sans parler de son enclavement. En effet, ce pays continental n'a pas accès à la mer... et son environnement est marqué par l'instabilité, notamment en Centrafrique (sud), en Libye (nord), au Nigéria (ouest), en plus des conflits armés dans les deux Soudan. En outre, son développement économique reste handicapé par de nombreuses contraintes : faiblesse de la taille du marché local, crédits encore peu disponibles, manque de main-d'œuvre qualifiée et d'infrastructures, ainsi que des capacités administratives jugées insuffisantes, qui s'ajoutent aux «graves problèmes de gouvernance». Cependant, conscientes des attentes croissantes de la population, les autorités devraient se lancer sur la voie du développement avec de nombreux projets à concrétiser dans l'avenir. Pour y arriver, elles peuvent compter sur la manne du pétrole. Secteurs clés Depuis le début de l'exploitation de l'or noir durant la dernière décennie, le pays commence relativement à se soustraire de l'emprise étouffante des institutions financières internationales. D'ailleurs, on estime que le PIB pétrolier (20% du total) devrait connaître un pic de croissance en 2014 et 2015 grâce au démarrage de nouveaux projets par les compagnies pétrolières chinoise CNPC et canadienne Griffiths. Ainsi, la production de l'or noir pourrait être portée de 105.700 barils/jours en 2013 à respectivement 148.500 puis 186.600 b/j. Les retombées de la production pétrolière peuvent servir de leviers de développement à d'autres secteurs, notamment le BTP, grâce aux dépenses en infrastructures. D'autre part, l'économie pourrait compter sur le secteur agricole lors des saisons pluvieuses favorables. Ce secteur (y compris le bétail et la sylviculture), qui représente 23% du PIB et dont la production a retrouvé son niveau tendanciel en 2013, suite à une récolte exceptionnelle l'année précédente, devrait afficher une croissance positive. La progression attendue dans le secteur tertiaire devrait demeurer stable, tirée par le commerce, les télécommunications et l'activité bancaire. Enfin, concernant les finances publiques, elles reposent, comme souligné plus haut, sur les entrées du pétrole (74% des recettes budgétaires et près de 90% des exportations de marchandises). Les comptes publics ont eu récemment tendance à s'améliorer du fait de la réduction progressive des dépenses liées à la sécurité.