Dans le texte du nouveau protocole signé hier par Aziz Akhannouch, un détail -important- a failli passer inaperçu : «une disposition spéciale a été introduite dans le nouveau protocole, indiquant que le Maroc doit présenter un rapport sur la planification de l'appui sectoriel prévu par le présent protocole», lit-on dans le texte en question. En d'autres termes, l'UE enterre le dossier du Sahara, et souhaite auditer la gestion de ses 144 millions d'euros de contribution, censés financer les actions et programmes de développement sectoriel lancés par le Maroc, en l'occurrence Halieutis. Ce rapport devrait porter «en particulier sur les impacts économique et social anticipés, ainsi que leur répartition géographique», ajoutent les rédacteurs du document. Du déjà vu ? Cela pourrait être le cas, puisque ce rapport en rappelle un autre, relatif aux retombées économiques pour les populations des provinces du sud, et auquel le Maroc a su fournir une réponse convaincante en décembre dernier. Quoi qu'il en soit, au-delà de l'aspect factuel rattaché à la signature en elle-même -exactement 15 jours après que les gouvernants des «vingt-sept» aient donné leur aval (Les Echos quotidien du 30/06/2011)- du protocole d'une année lié à l'accord de pêche Maroc-UE, les vraies tractations ne feraient que démarrer. Les deux parties s'étaient, en effet, déjà entendues sur la signature de ce protocole en février dernier, s'offrant ainsi l'opportunité «de continuer les discussions en vue d'améliorer le potentiel de coopération offert par l'accord, et de l'adapter aux orientations stratégiques et aux projets mis en œuvre par le plan Halieutis», mentionnait-on dans un communiqué du ministère d'Akhannouch. Sur les mêmes bases Quant aux détails, les quotas fixés et signés hier avec le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime, ceux-ci ne connaissent pas de grands changements. L'Espagne reste le pays qui devrait bénéficier le plus du partenariat, avec 100 des 119 navires de pêche qui devraient opérer dans les eaux territoriales marocaines. Elle est suivie par le Portugal, avec 14 navires, quatre bateaux pour la France, et un seul battant pavillon italien. Toutefois, pour la pêche industrielle des espèces pélagiques, les néerlandais se voient octroyer le gros du lot, avec 19.400 tonnes de captures autorisées, 15.520 tonnes pour la Lituanie et 4.850 tonnes pour le Royaume-Uni. Pour rappel, 20 des 27 gouvernements européens avaient exprimé un avis favorable au renouvellement de cet accord de pêche (lesechos.ma). Les sept autres pays demeurent toutefois sceptiques par rapport à la pertinence des principes de base sur lesquels cet accord devrait prendre effet d'ici 2015. Parmi les points à la source de cette frilosité, figurent les faibles retombées économiques de ce partenariat pour le marché européen, ainsi que les soucis environnementaux liés à la surexploitation des ressources halieutiques dans les zones d'application de l'accord.