Pour atteindre les objectifs de son programme d'autosuffisance alimentaire, l'Etat nigérien compte sur la transformation de son phosphate en engrais. Niamey souhaite ainsi s'inspirer de l'expérience marocaine et propose la création d'une joint-venture entre l'OCP et la Société des mines du Niger. Omar Hamidou Tchiana, ministre d'Etat, en charge des mines et du développement industriel du Niger, est venu en discuter à Rabat, en marge du Salon des mines et carrières à Casablanca qui s'est tenu la semaine dernière. Omar Hamidou Tchiana Ministre d'Etat, en charge des mines et du développement industriel du Niger Les ECO : Quel est l'objectif de votre participation à la 3e édition du Salon des mines et carrières à Casablanca ? Omar Hamidou Tchiana: Notre objectif est de nous inspirer de l'expertise marocaine dans plusieurs domaines, particulièrement dans celui des mines et des carrières. Comme vous le savez, en Afrique, le Maroc est leader de l'exploitation des phosphates. Au Niger, nous avons également des phosphates, mais le pays a des besoins en engrais. Nous voulons à présent, dans le cadre de la coopération bilatérale, voir comment le Maroc peut nous aider à bénéficier d'un transfert technologique afin que nous puissions exploiter notre phosphate de manière rationnelle. Concrètement, en quoi consisterait ce partenariat de transfert de technologies ? Nous disposons des ressources naturelles et le Maroc dispose de l'expertise. Notre vision consiste en la création d'une joint-venture entre l'OCP et la Société des patrimoines des mines du Niger (SOPAMIN). Le résultat attendu est que l'on puisse aboutir à une exploitation des ressources nigériennes en phosphates. Cela nous permettra d'arriver à une production d'engrais phosphatés, dont le besoin est énorme pour notre agriculture. Est-ce une manière d'atteindre les objectifs du programme d'autosuffisance alimentaire au Niger ? Nous avons un programme appelé l'initiative 3N. Cela veut dire «Les Nigériens nourrissent les Nigériens». C'est une initiative portée par son excellence le président de la République du Niger. Pour atteindre les objectifs de ce programme, nous devons réussir dans la production agricole et comme vous le savez, pour produire sur des sols infertiles, comme c'est le cas pour une bonne part de notre espace disponible à l'agriculture, nous avons besoin de beaucoup d'engrais. Sur le plan national, comment se porte le secteur des mines et des carrières ? Le Niger est un grand exportateur d'uranium. Ces dernières années, le cours de l'uranium s'est effondré. En quatre ans, il a perdu près de 50% de sa valeur, mais Dieu merci, nous constatons que les prix sont en train de repartir à la hausse. En dehors de l'uranium, nous produisons de l'or. Nous envisageons la construction de deux grandes cimenteries. En outre, nous produisons du charbon et nous l'utilisons pour la construction de deux centrales thermiques de 600 mégawatts. En plus du projet de production d'engrais phosphaté que j'ai évoqué plus haut, l'ensemble de ces projets entre dans le cadre du plan de développement minier. Généralement, lorsque l'on parle du Niger, on pense notamment à son uranium et à la multinationale française Areva. Comment évolue votre relation ? Nous avons finalisé les négociations avec Areva. Nous avons signé un accord de partenariat stratégique le 26 mai 2014. Ce dernier accord replace le cadre de notre partenariat dans une logique de gagnant-gagnant. Nous sommes très heureux de cette nouvelle dynamique entre le gouvernement du Niger et Areva. Nous pensons que les choses vont aller pour le mieux.