Environ 2.500 visiteurs professionnels et 80 exposants ont participé à la 3ème édition du Salon international des mines et des carrières organisée récemment. Mohamed Moudarir, directeur du magazine Energie et Mines et directeur du Salon, revient sur le bilan de cette édition 2014. Finances News Hebdo : Quel bilan faites-vous de cette 3ème édition du Salon international des mines et des carrières ? Mohamed Moudarir : La conjoncture économique morose des principaux fournisseurs européens et la propagation du virus Ebola en Afrique ont certes eu un impact notamment sur le nombre des exposants qui est passé de 120 en 2013 à 80 cette année. Cependant, malgré ce contexte difficile nous avons pu atteindre 80% de nos objectifs. Une grande campagne de sensibilisation a été menée auprès des exploitants de carrières et des mines en partenariat avec le ministère de l'Equipement, du Transport et de la Logistique, pour les informer sur les enjeux du Salon qui gagne en notoriété au fil des années. Le Salon a également abordé un sujet d'actualité à savoir le projet de loi sur les carrières qui est actuellement en discussion à la Chambre des Représentants. Cette démarche a permis de cibler un visitorat professionnel d'environ 2.500 visiteurs principalement du domaine des carrières. Néanmoins, nous avons jugé nécessaire de revoir la périodicité du Salon et de l'organiser chaque deux ans au lieu de chaque année. Ce qui nous permettra de mieux le préparer et de donner au ministère de tutelle le temps nécessaire pour répondre aux réclamations des professionnels. Il faut reconnaître aussi que l'actualité dans ce secteur n'évolue pas rapidement. F.N.H. : «Approche pour un partenariat africain public-privé» tel était le thème de cette édition. Quelle carte joue le Maroc dans cette approche ? M. M. : Cette thématique colle à la stratégie du Royaume qui s'inscrit dans le renforcement de la coopération Sud-Sud, et ce dans différents domaines. Rappelons que plusieurs conventions ont été signées entre des entreprises marocaines et celles des pays africains visités récemment par SM le Roi. L'enjeu est de tirer profit et d'exploiter ensemble les richesses dont dispose le continent africain à savoir la jeunesse et les ressources naturelles. Le Maroc dispose aujourd'hui d'une expertise et d'un savoir-faire dans ce domaine qui sont de plus en plus sollicités par les pays africains. F.N.H. : Le Maroc a-t-il atteint un niveau de maturité lui permettant d'exporter cette expertise en Afrique ? M. M. : Dans le secteur des mines, je dirai oui. Il y a deux entreprises qui sont déjà présentes en Afrique et qui ont acquis un savoir-faire en matière d'infrastructure et d'exploitation des carrières, entre autres Managem. Cependant, seuls les grands groupes miniers qui jouissent d'un capital financier, humain et matériel important peuvent investir en Afrique. F.N.H. : Quels sont les moments-phares qui ont marqué cette 3ème édition ? M. M. : Cette édition a été marquée par la présence d'Omar Hamidou Tchiana, ministre d'Etat, ministre des Mines et du Développement industriel du Niger, qui s'est entretenu avec Abdelaziz Rabbah, ministre de l'Equipement, du Transport et de la Logistique, dans l'objectif de renforcer les relations bilatérales notamment sur le plan de la formation, de la recherche et développement et de l'échange d'expérience. Le ministre nigérien a conclu également un partenariat avec l'OCP qui s'est traduit par l'élaboration d'une feuille de route à même de renforcer les échanges. Ce partenariat Sud-Sud entre le Maroc et le Niger dans le domaine des phosphates et des engrais s'inscrit en droite ligne avec la stratégie de développement de l'Office en Afrique d'une manière générale et au Niger plus particulièrement. L'Office vise non seulement d'augmenter ses exportations vers ce pays mais ambitionne aussi d'exporter son expertise et son savoir-faire en matière d'exploitation des carrières de phosphate étant donné que ce pays dispose de gisements importants de phosphate. En parallèle, nous avons organisé des conférences ainsi que des ateliers techniques animés par des professeurs et des experts du domaine. F.N.H. : Y a-t-il eu une manifestation d'intérêt de la part des investisseurs étrangers pour investir au Maroc ? M. M. : En effet, des entreprises espagnoles ont manifesté leur volonté d'investir au Maroc soit dans le BTP, soit dans les carrières. Des entreprises italiennes prospectent également les opportunités d'investissement dans les mines de fer. F.N.H. : Le climat des affaires et la réglementation en vigueur incitent-ils l'investissement étranger dans ce domaine ? M. M. : Il faut dire que je suis plutôt optimiste pour le secteur des carrières qui est en cours de structuration, notamment avec le projet de loi relatif aux carrières en cours de discussion. Cette loi va donner plus de visibilité aux investisseurs, réactiver l'investissement et ouvrir de nouveaux horizons à tout le monde. Ce qui n'est pas le cas pour le secteur des mines. Certes, il y a un code minier en cours de discussion, mais ce projet de loi présente plusieurs lacunes. F.N.H. : Quelles sont les principales recommandations qui ont découlé du Salon ? M. M. : Après 4 jours d'échanges et de débats, le comité scientifique a formulé des recommandations qui seront soumises aux autorités de tutelle. L'une des principales recommandations est la création d'un cluster africain qui regroupera des universités, des laboratoires ainsi que les secteurs public et privé.