En 2015, le nombre d'escales dans les 3 ports du pays est estimé à 160. Il était de près de 300 il y a seulement 5 ans. Au port de Casablanca, les taxis sèment la pagaille. De Tanger à Agadir, le tourisme de croisières n'est pas au beau fixe. De l'avis des professionnels, agents de voyages et agents maritimes, les escales à Casablanca, Tanger et Agadir sont en forte baisse. Au ministère du tourisme, on estime que 359 000 croisiéristes ont fait escale au Maroc en 2014, dont 85 000 Italiens, 73 000 Allemands, 59 000 Anglais et 53 000 Français, pour un montant global de dépenses à l'intérieur du Maroc de 383 MDH. Cette même année, Casablanca concentrait 57% des arrivées, devant Tanger (36%) et Agadir (7%). D'après les professionnels que nous avons contactés, le Royaume enregistrait, il y a 10 ans, environ 160 escales par an avec un pic, il y a encore 5 ans, de 300 escales. «Depuis 5 ans, nous sommes repassés sous la barre des 200 escales par an et, il y a 2 ans, nous sommes même tombés sous la barre des 150 escales. En 2015, il y en a eu 160 mais en 2016 nous tablons sur 80 escales seulement», confie Jalil Madih, DG d'Alizés Travel, qui revendique 90% du marché. Pour ce dernier, le constat est plus qu'amer. «Casablanca a perdu 60% de son trafic, Agadir 95%, et Tanger se maintient tant bien que mal, malgré un produit peu attractif pour les croisiéristes». S'ils reconnaissent la ponctualité des autorités et la bonne organisation de la sécurité sur les différents sites, les professionnels du secteur s'alarment de la dégradation des conditions d'accueil à l'arrivée des croisiéristes, en particulier à Casablanca. Nouvelles procédures Au port de la capitale économique, la situation serait au bord de l'implosion. «Depuis six mois, il est devenu très difficile de travailler dans le port de Casablanca. Sous prétexte du renforcement de la sécurité, les autorités nous imposent une procédure que nous ne pouvons respecter dans son intégralité», s'insurge M. Madih. Ce dernier fait expressément référence à la demande qui lui a été adressée par le commissaire central du district du port maritime de Casablanca d'envoyer à l'avance l'ensemble des données relatives aux bus (immatriculation des véhicules et CNIE des chauffeurs et accompagnateurs) venant récupérer les passagers en excursion. Une procédure quasiment impossible à respecter, d'après M. Madih, puisqu'il arrive très souvent que des véhicules initialement prévus soient remplacés, sachant qu'une escale peut mobiliser jusqu'à 95 autocars chaque jour avec environ 1500 passagers qui débarquent du paquebot. «Des procédures apparaissent du jour au lendemain au point qu'il m'est arrivé de refuser des passagers pour leur éviter une mauvaise expérience. 24h à l'avance, nous fournissons la liste détaillée des passagers à bord. Le contrôle aux postes frontières devrait donc être fluide, or il n'en est rien», se lamente Madiha Rihane, DG de l'agence maritime Naxco Logistics. Les taxis sont autorisés aux abords du quai ! Alors que les agents de voyages et maritimes s'estiment lésés par ce manque de flexibilité, les taxis, petits et grands, sont quant à eux libres d'accéder aux abords du quai alors qu'il s'agit d'une zone placée sous douane. Ces derniers sont d'ailleurs particulièrement montrés du doigt par les professionnels des croisières. «Les taxis considèrent l'accès au quai comme un acquis, avec la complaisance des autorités», poursuit M. Madih. Autorisés à stationner au plus près des paquebots, les autocars réservés pour les excursions se retrouvant relégués au deuxième rang, les taxis laissent également de mauvais souvenirs aux croisiéristes à l'image de ces deux couples venus de France et ayant déboursé 200 euros pour une rapide balade dans le centre-ville de Casablanca. «Une escale à Casablanca au milieu des containers», «l'escale à Casablanca était trop longue et le lieu d'accostage pas très agréable»..., les témoignages de croisiéristes mécontents sont légion sur internet. «En attendant le terminal de croisières, nous faisons fuir les clients», martèle M. Madih. Pour l'heure, un quai accueille les paquebots nouvelle génération (plus de 300 mètres de long) et un autre ceux de 250 mètres. «Il faut se réconcilier avec les armateurs. Carnival, l'un des leaders mondiaux de la croisière, a failli décommander le Maroc», confie M. Madih. A Agadir et Tanger, l'obstacle au développement des croisières est tout autre : manque de transporteurs touristiques, manque de guides, manque d'interprètes pour des langues spécifiques, telles que l'italien, etc. Résultat, «Agadir s'est effondrée» selon M. Madih qui ne compte dans son agenda que 2 escales dans le port du Souss.