82 lycées marocains sont concernés en cette rentrée scolaire 2014 par le Bac international option français. Si l'expérience réussit, le système sera étendu à d'autres lycées. Deux autres bacs internationaux options anglais et espagnol sont programmés lors de cette rentrée dans plusieurs lycées marocains. L'objectif du ministère est clair : l'ouverture progressive du système éducatif sur les langues étrangères. La rentrée scolaire 2014-2015 est par excellence celle des nouveaux bacs option internationale. Après le bac international option français (BIOF) lancé à titre expérimental en septembre dernier, c'est au tour des bacs internationaux options anglais et espagnol d'être programmés dès la rentrée scolaire de cette année. C'est dire que le ministère de l'éducation nationale (MEN), depuis que M. Belmokhtar préside à ses destinées, est en passe d'initier une nouvelle politique axée sur la maîtrise des langues étrangères. Mais le bac international option français, rappelons-le, ne date pas de l'ère Belmokhtar. Il a commencé déjà avec l'ex-ministre Mohamed El Ouafa en septembre 2013, juste après le discours de S.M. Mohammed VI du 20 Août 2013 où il avait dénoncé la faiblesse dont souffrent les élèves marocains en matière de langues et le problème de l'inadéquation entre la formation et l'emploi. A partir de cette date en effet, ordre a été donné à six Académies régionales d'éducation et de formation (AREF) du Royaume pour qu'elles créent chacune un BIOF dans un lycée, à titre expérimental. Six villes ont été concernées par cette mesure (Tanger, Meknès, Casablanca, El Jadida, Marrakech et Agadir.) Et ce n'est qu'au mois de février 2014 qu'un accord de coopération dans ce sens a été signé par les deux ministres de l'éducation nationale marocain et français. A partir de la rentrée actuelle, ce sont 82 lycées qui sont concernés par ce système BIOF, soit un nombre équivalent à celui des délégations d'enseignement. Si l'expérience est concluante, ce bac sera généralisé à l'ensemble des lycées marocains. L'accord signé par les deux pays ne s'arrête pas là puisqu'il a énoncé le principe «de double extension en septembre 2014 : établissements publics et privés, d'une part, et géographique, d'autre part, avec la couverture progressive de l'ensemble du territoire marocain». N'ayant pas expliqué à temps les tenants et les aboutissants de ce bac, le MEN s'est confronté au départ aux critiques des syndicats, voire de nombre de parlementaires. Il a fallu du temps pour qu'élèves, enseignants et directeurs d'établissements scolaires comprennent qu'il ne s'agit pas d'un bac français, mais bien d'un bac marocain, avec cette différence qu'un certain nombre de matières seront enseignées en français. L'objectif est donc clair : renforcement du français dans l'enseignement marocain, afin d'aider les élèves à mieux s'exprimer en cette langue, oralement et par écrit. Bien entendu, la France s'est engagée lors de l'accord signé en février dernier à fournir l'expertise nécessaire dans l'élaboration de ce diplôme pour mieux adapter le baccalauréat marocain aux normes du baccalauréat international. Application du même programme marocain avec renforcement des langues étrangères Cela pour le BIOF, quid maintenant des bacs options anglais et espagnol ? Ils devront suivre la même démarche que le bac option français. C'est-à-dire l'application du même programme marocain avec renforcement de l'anglais et de l'espagnol à travers l'augmentation du volume horaire hebdomadaire de ces deux langues, et leur utilisation pour l'enseignement de certaines matières. Décision est prise par le MEN en juillet dernier pour la programmation de ces deux options, à titre expérimental, à partir de cette rentrée scolaire 2014-2015. Comme pour l'option française, les élèves auront un baccalauréat national marocain avec la mention section internationale options anglais ou espagnol. Des troncs communs sont créés à partir de cette rentrée scolaire englobant deux filières : une filière «Lettres et sciences humaines» (LSH) options anglais et espagnol, et une autre «Sciences» options anglais et espagnol. Pour la première, le volume horaire de la 2e langue étrangère (anglais ou espagnol) passera à 8 heures au lieu de 4 heures par semaine. Pour la seconde (sciences), ce volume horaire de la langue étrangère passera de 3 à 6 heures par semaine. Avec l'enseignement en anglais ou en espagnol pendant l'année du tronc commun des disciplines non linguistiques : mathématiques, sciences physiques, SVT et informatique. En somme, le même principe du BIOF est appliqué au bac international options anglais ou espagnol. Quant aux sites où ces deux bacs sont programmés, l'option «anglais» est programmée dans un seul lycée public qualifiant situé au niveau de chacune des académies des régions de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër, du Grand Casablanca et de Tanger-Tétouan. Pour l'option «espagnol», elle est programmée dans un premier temps à l'échelle de l'académie de la région de l'Oriental. Cela étant, trois arguments sont exposés par le ministère de l'éducation nationale pour défendre l'institution de ces différents bacs internationaux. Il y a d'abord la Charte nationale de l'éducation et de la formation. Le MEN ne fait qu'appliquer, soutient M. Belmokhtar, les articles 114 et 117 de cette charte, qui encouragent à l'ouverture progressive du système éducatif sur les langues étrangères. L'objectif étant de créer, au final, des passerelles avec les universités et le monde de l'entreprise où le français est la langue d'usage (mais aussi de plus en plus l'anglais et l'espagnol). L'autre objectif est d'avoir une continuité entre les langues d'enseignement au lycée et celles utilisées au supérieur. L'article 114 de cette charte va plus loin : «Les unités et modules scientifiques et techniques les plus spécialisés seront enseignés, au cycle du baccalauréat, dans la même langue que celle utilisée dans les branches et sections correspondantes au niveau de l'enseignement supérieur, vers lesquelles devraient s'orienter les élèves». Egalité des chances en matière de maîtrisedes langues étrangères Un deuxième argument est avancé par le MEN : l'ouverture du Maroc sur l'espace africain. M. Belmokhtar l'a ainsi exprimé : «La maîtrise du français en particulier, et des autres langues de manière générale, avait-il déclaré, va permettre au Maroc de s'ouvrir davantage sur l'Afrique francophone, ce qui s'inscrit en droite ligne avec l'orientation africaine du Royaume». Le troisième argument en faveur de cette ouverture linguistique du ministère concerne l'égalité des chances en matière de maîtrise des langues étrangères. Tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale, explique le ministre, sont mis sur un pied d'égalité. Deux autres points restent à clarifier pour ces différentes options du bac : seront-elles prévues aussi dans l'enseignement privé ? Quid des supports pour accompagner cette nouvelle orientation, sachant que les matières scientifiques sont enseignées en langue arabe ? Pour répondre à la première question, notons que des entretiens sont ouverts depuis juillet dernier entre le ministère et les représentants du secteur privé pour que ce dernier crée aussi des classes dédiées à ces différents bacs internationaux à partir de cette rentrée scolaire. Quant aux supports, des conventions ont été signées par les ambassades et les services culturels de France, de Grande Bretagne et d'Espagne afin de préparer au fur et à mesure les supports didactiques pour accompagner ces différents bacs.