Cela fait 5 ans que les finances publiques se dégradent année après année. Cela fait cinq ans que les finances publiques, plus exactement les finances de l'Etat, se dégradent année après année. D'un excédent de 0,4% du PIB en 2008 –année exceptionnelle en termes de recettes fiscales– l'on est passé à un déficit de 7,4% en 2012, après des soldes négatifs de 2,2% en 2009, 4,7% en 2010 et 6% en 2011. Et 2013 risque fort bien de s'achever sur un déficit autour de 6% du PIB. Ce serait l'amorce d'une tendance à la baisse, mais le niveau reste encore élevé. Ce déficit budgétaire, qui n'est pas qu'une statistique désincarnée comme d'aucuns pourraient le croire, est le résultat tout à la fois de la crise qui a frappé les principaux partenaires du Maroc depuis 2007, de l'ouverture de plus en plus grande de l'économie marocaine (avec tout ce que cela implique comme démantèlement tarifaire) et des politiques volontaristes menées par le précédent gouvernement (baisse d'impôts pour les ménages et les entreprises, maintien du système de compensation et accélération du rythme des investissements). D'une certaine manière, toutes les marges budgétaires dégagées au cours des années antérieures à 2008 ont été utilisées à partir de cette date, à la fois pour se prémunir contre précisément les retombées de la crise internationale, et pour honorer les engagements pris envers les syndicats. Cette pression sur la dépense n'est pas compensée par une amélioration substantielle des recettes fiscales, encore peu corrélées à la croissance économique. D'où les déficits qu'il fallait combler par le recours à la dette. Après une bonne décennie de baisse consécutive, ramenant son ratio de 69% du PIB en 1999 à 47,1% en 2009, la dette du Trésor a recommencé, depuis, à grimper. Elle a augmenté de 12,5 points en trois en passant à 59,6% à fin 2012. L'encours de la dette du Trésor à fin septembre a atteint 544 milliards de DH, en hausse de 10,6% par rapport à son niveau de fin décembre 2012. C'est surtout la dette intérieure qui a beaucoup augmenté, passant de 375 milliards à 422,2 milliards entre les deux périodes. La dette extérieure (toujours du Trésor), elle, s'est alourdie de 6,6 milliards de DH, à 122,9 milliards de DH. Nonobstant les évolutions du stock de la dette intervenues sur les trois derniers mois, et à considérer l'encours de septembre par rapport au PIB prévu, le ratio de la dette du Trésor en 2013 passerait le cap des 60% pour atteindre 61,4%. Il n'y a rien de dramatique à atteindre ce niveau ; précisons seulement qu'il s'agit là de la seule dette de l'administration centrale. En y ajoutant la dette garantie (c'est-à-dire celle des établissements publics et des collectivités locales) comme cela se pratique ailleurs, en Europe par exemple, la dette publique dépasserait les 70% du PIB. A fin 2012 déjà, la dette publique s'élevait à 69,6% du PIB. Si d'un point de vue budgétaire, seule la dette du Trésor compte, puisque les intérêts qu'elle génère pèsent sur le niveau des dépenses et donc sur le solde du Budget lui-même, l'appréhension du sujet sous un autre angle, celui des réserves de devises par exemple, amène à considérer la dette publique dans sa totalité. Car, qu'elle soit le fait du Trésor ou des autres entités publiques, la dette est remboursée en devises, donc sur les réserves disponibles. Au-delà, la dette est certes un moyen de financement auquel tout le monde (Etats, entreprises et individus) recourt, mais c'est aussi, on ne le dit pas assez, une sorte d'impôt différé, une ponction sur les ressources futures.