Les mises en chantier de logements sociaux ont augmenté de 50% en moins de six mois. Tanger-Tétouan, Casablanca, Souss-Massa-Draa et Fès-Boulemane concentrent près des deux tiers des logements autorisés jusqu'à présent. Après la ruée, l'heure est à la consolidation pour le logement social. En effet, les demandes de convention pour la construction d'unités à 250 000 DH n'affluent plus autant qu'avant et ce sont à présent les concrétisations des programmes déjà autorisés qui s'intensifient. En effet, 588 accords représentant 1,38 million logements ont été signés par le ministère de l'habitat et celui des finances entre janvier 2010, date d'entrée en vigueur du plan de relance du logement social, et fin 2012. Un volume qui a eu tendance à se stabiliser les dernières semaines : à la mi-2012 les conventions signées représentaient déjà 1,24 million logements. Mais avec le nombre de conventions signées actuellement, le programme du logement social a fait largement le plein puisque les plans de la tutelle tablent sur la construction de 500 000 unités sociales à l'horizon 2016 pour réduire de moitié le déficit en logements au Maroc et le ramener de plus de 800 000 à 400 000 unités. Qu'en est-il à présent de la concrétisation de toutes les conventions signées ? Une fois cette étape franchie, il reste aux promoteurs à demander une autorisation de construire. Pour l'heure, 584 projets portant sur la réalisation de 480 455 logements sont déposés auprès des agences urbaines pour décrocher le précieux sésame. Sur ce total, 497 projets ont reçu un avis favorable ou favorable sous réserve, représentant 378 375 logements sociaux. Et toujours sur ce nombre, 365 projets ont été autorisés jusqu'à présent, permettant la réalisation de 267 795 logements. Plus avancés encore dans la procédure, 293 projets ont été mis en chantier comprenant 213 758 logements. Et c'est bien à ce niveau que les choses semblent actuellement aller le plus vite car tout juste en juillet dernier, on en était encore à 143 000 logements mis en chantier. Cette accélération du rythme de construction devrait permettre à certaines régions de rattraper leur retard. Car tout en accueillant un nombre conséquent de conventions signées, certaines zones sont reléguées aux dernières positions au niveau national pour ce qui est des mises en chantier. Si l'on se base sur les statistiques des autorisations de construire délivrées à des projets de logements sociaux depuis 2010, la région de Tanger-Tétouan arrive actuellement en tête, suivie de près par le Grand Casablanca. Les régions de Souss-Massa-Draa et Fès-Boulemane respectivement en 3e et 4e position. A elles seules, ces 4 régions ont accaparé près des deux tiers des autorisations de construire délivrées à des programmes de logements sociaux à ce jour. La production des autres segments de logements en baisse Mais bien qu'inégale sur le plan régional, la production de logements sociaux a le mérite de jouer à elle seule le rôle de locomotive pour tout le secteur du BTP qui évolue dans un contexte global plutôt difficile. Faut-il en effet le rappeler, le premier semestre 2012, la production d'habitats, tous types confondus, a atteint près de 66 200 unités, en légère baisse de 1,3% par rapport à la même période de l'année passée. Ce recul peut paraître contenu mais il recouvre des baisses plus prononcées par segment : le logement à 140 000 DH dégringole de 94% par rapport à 2011, tandis que les appartements en immeubles moyen et haut standing chutent de 35%. Seul le segment du social permet au secteur de la construction de se maintenir. Avec tout cela, l'on ne s'étonnera pas que plusieurs filières de production de matériaux de construction ne doivent leur salut actuellement qu'au logement social. Plusieurs industriels soutiennent dans ce sens que les deux tiers des volumes de matériaux écoulés actuellement vont au social. Il en est de même pour les crédits immobiliers aux acquéreurs dont jusqu'à 70% financent des unités à 250 000 DH, selon les banquiers. Même l'Etat, qui soutient généreusement le dispositif du social, via les incitations fiscales aux promoteurs et aux acquéreurs, y trouve son compte. En effet, selon les estimations d'une récente étude réalisée par la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (FNPI), chaque logement à 250 000 DH induirait une recette fiscale de 31 550 DH pour l'Etat.