Les promoteurs ont formulé 100 000 demandes de construction depuis le début de l'année. La cadence des concrétisations reste en revanche moyenne avec 126 000 logements mis en chantier depuis janvier 2010 dont à peine 9 000 livrés. Pour élever la qualité, le ministère de l'habitat prépare un nouveau cahier des charges facultatif. On y est. Les demandes des promoteurs immobiliers publics et privés déposées auprès du ministère de l'habitat pour la construction de logements sociaux sont près de franchir la barre du million d'unités ! Depuis sa mise en place en janvier 2010 et jusqu'à ce mois de mai, le dispositif du logement à 250 000 DH se montre très attrayant : près de 100 000 demandes de construction ont été formulées par les professionnels tout juste depuis le début de l'année 2012. Cet engouement profite à toutes les régions du Maroc, insiste-t-on au ministère de l'habitat. En effet, les demandes exprimées concernent plus de 100 villes, provinces et préfectures. Mais il reste que toutes les demandes n'ont pas encore fait l'objet de conventions signées par le ministère de l'habitat et celui des finances. Jusqu'à présent, les programmes ayant franchi cette étape totalisent quelque 850 000 logements. En considérant des délais raisonnables de mise sur le marché de ces unités, l'on peut dire que le pari est à moitié gagné pour Nabil Benabdellah, le ministre de l'habitat, qui table sur la construction de 100 000 unités à 250 000 DH annuellement jusqu'en 2016. Sauf qu'entre le conventionnement des projets et la mise en chantier, il peut s'écouler beaucoup de temps. Ce décalage résulte de la durée du processus d'obtention de l'autorisation de construire ou de la volonté du promoteur de temporiser. Par conséquent, sur le million de logements que veulent construire les professionnels jusqu'à présent, seuls 126 000 ont été effectivement mis en chantier, dont à peine 9 000 livrés. Le taux de réalisation des équipements publics tourne autour de 15% Il appartient donc au ministère de tutelle d'accélérer davantage la cadence des concrétisations. Avec cela, un autre défi se profile, celui de garantir la qualité des programmes sociaux. Non que les promoteurs aient tendance à ne pas respecter les prescriptions des cahiers des charges du logement à 250 000 DH, mais en raison de la forte concurrence sur ce segment. «Les professionnels auraient plutôt de plus en plus tendance à aller au delà des exigences minimales», fait-on savoir au ministère de l'habitat. Mais pour davantage niveler l'offre par le haut, le ministère de l'habitat est même en train de concevoir un nouveau cahier des charges optimal, qui sera proposé à titre facultatif pour le logement social, dans le cadre d'un contrat programme actuellement en négociation avec la Fédération nationale des promoteurs immobiliers (Fnpi). En revanche, le retard dans la construction des équipements publics de base (hôpitaux, mosquées, écoles, dispensaires…) constitue une menace réelle pour la qualité des programmes sociaux. En effet, le taux de réalisation de ces installations continue de tourner en moyenne autour de 15% à l'échelle nationale. Une situation imputable, entre autres, à la difficulté pour les ministères, les organismes publics ou les collectivités locales de mobiliser le foncier et les budgets nécessaires dans le cadre des plans d'aménagement. Tous ces écueils devaient en principe être progressivement réglés par le Comité interministériel chargé de veiller à la coordination en amont des projets de logements sociaux qui avait été mis en place début 2011. Avec le changement de gouvernement, les travaux de cette instance ont accusé du retard, mais le comité a été réactivé, apprend-on auprès du comité. C'est que l'enjeu est de taille. Considérant les 126 000 nouvelles unités à 250 000 DH actuellement en construction, à raison de cinq occupants par logement, c'est bien pour 630 000 Marocains qu'il faut aménager des espaces de vie fonctionnels à moyen terme. Mais plus que cela, le logement social fait figure de pilier pour le plan d'action 2012- 2016 de l'Habitat qui vise à réduire le déficit en logements de plus de moitié pour le ramener à 400 000 unités d'ici 5 ans. D'ailleurs, c'est exactement le modèle du logement à 250 000 DH qui devrait être étendu à de plus grandes superficies dans la prochaine Loi de finances pour mettre sur le marché une offre abordable destinée à la classe moyenne.