Ce soir, l'équipe nationale affronte la sélection péruvienne. Une nouvelle occasion pour les poulains de Walid Regragui de régaler les supporters d'ici et d'ailleurs comme cela a été le cas samedi dernier lors du match mémorable contre le Brésil. Reportage dans une cité parisienne. Aulnay-sous-Bois samedi 25 mars. Le match Maroc-Brésil vient de se terminer. Le « Café du Grand Paris » est resté exceptionnellement ouvert pour cette occurrence footballistique. Le patron a déployé deux immenses écrans pour la clientèle maghrébine qui a investi les lieux. Marocains, mais aussi Algériens, Tunisiens et une portion non négligeable de subsahariens ont pu vibrer au rythme des péripéties du match qui a opposé les demi-finalistes et les quart-finalistes de la dernière coupe du monde. Dès le sifflet final, Algériens, Tunisiens et Subsahariens se sont employés à embrasser et congratuler leurs amis marocains. Ici, la relation belliqueuse algéro-marocaine n'a pas droit de cité. Proximité et même promiscuité au sein des cités oblige. « Nous avons grandi ensemble ; nos parents ont travaillé côte et à côte durant des décennies. On n'a rien à foutre, nous, des chamailleries entre Alger et Rabat », me confie Kader, franco-algérien, serveur in situ. Ce à quoi répondit Tarik, franco-marocain et rappeur bien connu dans le quartier populaire de La Rose des Vents : « Même quand le Maroc affronte l'Algérie, on a une seule devise : « que le meilleur gagne ! ». Mohamed, l'employé communal franco-tunisien, lança : « Ouallah, j'ai abrégé mes « tarawih » à la Grande Mosquée pour voir ce match ; les frères marocains, demi-finalistes de la Coupe du monde contre la première équipe du monde, tu te rends compte ? T'es pas fier du Maroc ?» Il faut dire qu'ici les ménages mixtes intermaghrébins sont légion. Les nouvelles générations ont fréquenté les mêmes écoles, joué dans les mêmes stades, dansé dans les mêmes boîtes ou séjourné dans les mêmes colonies de vacances. Barbès, ce même samedi 25 mars. Le public est majoritairement maghrébin et une également une assistance de Français dits de souche à la « Brasserie de Barbès ». Applaudissements, cris et sifflets ont ponctué les deux mi-temps du match Brésil-Maroc. « Bravo les Marocains ! », cria Pierre, chef de rang au terme de la rencontre. Les congratulations fusèrent et ça trinque tous azimuts, thé ou café contre bières et vice-versa. « Sur le Coran, on est fier de nos frères marocains ! », ne cessait de répéter l'algérien Mous en distribuant bises et tapes sur les épaules des Marocains présents, le regard mouillé d'émotion...jusqu'au moment où Karim, le Marocain, lui lança : « Merci mon frère, mais pourquoi la télé algérienne a complètement zappé le foot marocain ? », ce à quoi répondit Mous : « t'inquiète frère ! Là-bas au Bled, c'est une mafia qui n'aime personne. Personne ne regarde leur téloche de m...On attend qu'ils dégagent, c'est tout ! » Dehors, alors que l'ambiance bon enfant s'éternisait, non loin des deux camions de CRS stationnés à proximité, Aksel, un proche de Ferhat Mehenni, président du Gouvernement provisoire kabyle en exil (Anavad), bondit en lançant à haute voix : « Comment voulez-vous que les usurpateurs du pouvoir à Alger veuillent du bien à quelque pays que ce soit en Afrique du nord ou ailleurs ? Ces voleurs se délectent des défaites et détestent les réussites, à commencer par l'Algérie elle-même ! Nous, on est contents et fiers de nos frères marocains ! Que les voyous d'Alger crèvent de leur jalousie ! » Chez les Ameziane, dans leur petit pavillon de Clichy, ce fut une soirée mémorable où les deux familles, marocaine du côté de la femme et algérienne du côté du mari, on a couplé chorba et harira au ftour, puis couscous et tajine au dîner, avant de regarder tous ensemble, enfants et adultes, le match. Cris, youyous, sifflements et explosions de joie ont fusé tout au long de la rencontre historique entre le Maroc et le Brésil. « Allah y barak, les Marocains ont « levé la tête » de tous les Maghrébins bien haut », dit le Kabyle Ameziane à l'issue du match. « De tous les Africains et les Arabes ! », surenchérit sa femme Layla. Le fils aîné, ingénieur chez Bouygues venu prendre le ftour chez ses parents avec sa femme et sa petite fille, énonça : « Voulez-vous que je vous dise ? La véritable union maghrébine est déjà faite, pas au Maghreb, mais ici et partout ailleurs où vivent nos compatriotes issus de l'immigration ! »