Pour la 3ème fois consécutive depuis septembre 2022, l'institution a décidé, mardi, de relever son taux directeur de 50 points de base pour le porter à 3%. Voici la lecture qu'en fait Attijari Global Research (AGR), le centre de recherche d'Attijariwafa bank, dans un nouveau rapport. Bank Al-Maghrib demeure déterminée à agir contre la persistance des tensions inflationnistes au Maroc, estime AGR, signalant au passage que le taux directeur à atteint son plus haut niveau depuis 2014. Néanmoins, font remarquer les analystes d'AGR, le niveau du taux actuel est inférieur de 40 pbs par rapport à la moyenne observée durant la période 2001-2012, soit 3,40%. «Cette situation permet aujourd'hui à BAM de disposer d'une certaine marge de manœuvre en matière de conduite de sa politique monétaire restrictive». Le centre de recherche met en exergue trois principaux constats, tenant compte des projections économiques de l'institution sur la période 2023-2024. Tout d'abord, la diffusion de l'inflation importée vers les biens «non échangeables» semble se poursuivre. Cette situation renforcerait le postulat selon lequel la tendance haussière des prix revêt un caractère «structurel» au Maroc. À fin février 2023, l'inflation dans le Royaume dépasse les niveaux observés en zone euro et aux Etats-Unis, observe AGR. Deuxième constat relevé par le centre de recherche : il y a un décalage par rapport au processus de relèvement des taux de la Fed et de la BCE. Pour AGR, «cette situation pourrait induire des pressions sur le dirham à l'instar de 2022. Pour un pays importateur net de produits énergétiques libellés principalement en dollar, la soutenabilité du dirham devient cruciale afin d'éviter une amplification des tensions inflationnistes». Troisième constat : la rémunération de l'épargne nationale est au cœur des préoccupations. «Nous relevons que la hausse cumulée du taux directeur de 150 pbs ne semble pas encore en mesure de rétablir les taux réels au Maroc en territoire positif», souligne le rapport. Un resserrement qui devrait se poursuivre Evoquant les raisons de la hausse des prix, AGR affirme que «les tensions inflationnistes au Maroc sont alimentées par un double choc : d'une part, les répercussions de la sécheresse et, d'autre part, la hausse des prix des matières premières à l'international. En effet, la composante alimentaire s'est appréciée de plus de 20% à fin février 2023. Cette dernière contribue à près du 1/3 au panier du consommateur marocain». «À l'instar de l'expérience internationale, BAM agit sur l'inflation à travers le canal de la distribution de crédits en essayant de ralentir la consommation et l'investissement», indique AGR. Par conséquent, poursuit-on, tenant compte des projections économiques, «BAM devrait en toute logique poursuivre son cap restrictif en 2023 afin d'assurer un retour de l'inflation vers son objectif de stabilité des prix». Dans son analyse, AGR note l'effet «décalé» de la transmission des dernières hausses du taux directeur décidées par BAM. En effet, le centre de recherche indique que «la diffusion du durcissement monétaire de BAM vers la sphère réelle demeure contrastée». D'un côté, poursuit la même source, le coût de financement du Trésor intègre la normalisation des taux au Maroc avec une hausse généralisée de la courbe primaire. Sur ce point, AGR souligne que l'alignement de la courbe secondaire de BAM sur les niveaux E-bond a permis «le réajustement de la pentification de la courbe primaire en mars 2023». D'un autre côté, les taux débiteurs n'intègrent que partiellement la hausse du taux directeur de +100 pbs en 2022. Ces derniers s'apprécient de seulement +26 pbs au quatrième trimestre 2022, à 4,50%.