Marrakech veut profiter de la désaffection des touristes pour les destinations lointaines et chères. Casablanca maintient la hausse des arrivées et prépare une offre autour du tourisme médical. Les hôteliers de Fès parlent d'un début d'année mitigé. Tous les professionnels vous le diront: 2009 ne sera pas facile pour le tourisme national, après une année 2008 durant laquelle le Maroc a malgré tout réussi à sauver les meubles. En effet, près de 8 millions d'arrivées ont été enregistrées ; les nuitées sont certes en baisse, mais les recettes touristiques sont maintenues au même niveau qu'en 2007. L'année qui commence est appréciée de manière contrastée par les professionnels. C'est à Casablanca où l'on se réjouit le plus, car après avoir terminé 2008 avec une augmentation des arrivées et des nuitées de plus 12 %, 2009 commence bien. En tout cas, Saïd Mouhid, directeur du Conseil régional du tourisme (CRT), estime que la tendance haussière va continuer. Ceci est d'autant plus vrai que Casablanca est relativement épargnée par le phénomène des hébergements hors hôtellerie classique que l'on constate dans d'autres villes. «La plupart des touristes qui transitent vont dans les hôtels, particulièrement dans les 2 et 3 étoiles qui connaissent un taux de remplissage intéressant». Le deuxième motif de satisfaction est que la clientèle touristique de la capitale économique est diversifiée en termes de nationalités d'origine. Chacun, peut-on dire, trouve chaussure à son pied, car la ville se positionne sur plusieurs segments à la fois : tourisme d'affaires, shopping, et de plus en plus tourisme médical qui représente aujourd'hui une réelle niche pour une certaine clientèle africaine. Et ce n'est pas par hasard si la communication sur la destination use de plus en plus de cet atout. Ainsi, le CRT de Casablanca a programmé pour les prochains mois des déplacements à Dakar au Sénégal et Libreville au Gabon en compagnie de plusieurs directeurs de cliniques casablancaises. En même temps, il prépare un guide de la santé et du bien- être pour promouvoir ce créneau. L'Afrique, futur marché émetteur A Fès, l'autre destination en hausse durant l'année 2008 avec environ 5 % pour les arrivées et les nuitées, on n'affiche pas autant d'optimisme en ce début d'année. La situation est plutôt mitigée. «Dans la plupart des établissements hôteliers, les réservations sont en légère baisse en ce début d'année, alors que d'autres affichent une hausse des réservations. Mais, globalement, janvier 2009 est en baisse par rapport à janvier 2008», explique Driss Faceh. Ceci, pour dire, précise le président du CRT de Fès, qu'«on n'a pas encore une grande visibilité à l'heure actuelle». Il ajoute que pour sauver la saison qui commence le 20 février, il est impératif de confectionner des packages intéressants tout en misant sur de grosses opérations d'incentive que Fès va accueillir cette année. Mais la capitale spirituelle regarde aussi vers l'Afrique subsaharienne. Le CRT ira présenter, lors du congrès de la Fédération des syndicats des agences de voyages et de tourisme de l'Afrique de l'ouest et du centre (FISAVET/AO) qui se tiendra à Dakar du 8 au 12 février, des offres qui allient tourisme et pèlerinage pour les adeptes de la confrérie tijanie. Tanger est moins bien lotie. Après une année 2008 médiocre (baisse de 5% des arrivées), cette destination ne semble pas se redresser. Mustapha Boucetta, président du CRT de la ville, estime le recul à 15 % pour janvier. D'après lui, beaucoup de groupes qui devaient venir d'Espagne ont annulé leur déplacement, tant la crise économique est beaucoup plus ressentie dans ce pays qu'ailleurs. Pour M. Boucetta, c'est le tourisme d'affaires, favorisé par tous les chantiers économiques, qui pourrait sauver Tanger. Avec tout cela, le président du CRT ne comprend pas que sa ville n'ait pas été retenue dans les priorités de Cap 2009, alors qu'il s'agit, dit-il, de «la porte du Maroc». Hamid Bentahar, le tout nouveau président du CRT de Marrakech, se refuse, lui, à faire des pronostics pour la ville ocre, même si certains de ses pairs affirment que les deux premiers mois s'annoncent d'ores et déjà mauvais. Néanmoins, il affirme que les performances de la ville étaient en recul bien avant la crise actuelle. Mais il ne veut pas sombrer dans le pessimisme, car, dit-il, Marrakech dispose actuellement d'une fenêtre d'opportunité intéressante. En effet, le fait que tous les marchés émetteurs soient touchés par la crise a comme conséquence que le touriste, au lieu des destinations exotiques lointaines, préfère de plus en plus des voyages à budgets réduits, sur une courte période et dans un pays proche, explique-t-il. Le Maroc, particulièrement Marrakech, peut profiter de cette donne, à condition de sortir le grand jeu et d'offrir aux touristes ce qu'ils attendent : de courts séjours à prix intéressants mais aussi, et surtout, de la qualité.