Naissance de la FNETT, fédération qui met en avant l'objectif de regrouper les entreprises d'intérim respectant les droits sociaux et les engagements envers l'Etat. Les membres de la plus importante association ne figurent pas parmi les adhérents de la FNETT. La Fédération nationale des entreprises de travail temporaire (FNETT) a vu le jour lundi 24 mars. C'est Jamal Belahrach, patron de Manpower Maroc et président de l'Association des entreprises de travail temporaire transparentes et organisées (AETTO), qui a été élu à la tête de la nouvelle fédération. Il sera secondé dans sa tâche par My Abdellah Alaoui Mdaghri, président d'une autre entité professionnelle, l'Association marocaine des entreprises de travail temporaire (AMTT), à qui échoit le fauteuil de vice-président. Si la création d'une fédération est généralement bien accueillie, la naissance de la FNETT ne s'est pas faite, elle, sans grincements de dents. Et pour cause, à l'exception d'une seule entreprise, celles émargeant à l'Union marocaine des entreprises de travail temporaire (UMETT) ne figurent pas parmi les membres de la fédération. Dans les colonnes du quotidien l'Economiste du 24 mars, Zahir Lamrani, président de cette dernière, parle d'une exclusion de facto, ajoutant que le président de l'AETTO n'a pas manqué de «dénigrer l'association [concurrente], s'appropriant le monopole de la transparence». Des critiques qui ne semblent nullement gêner Jamal Belahrach qui affirme ne pas être «contre» quelqu'un ou quelque entité, mais plutôt «pour» la mise à niveau du secteur, affirmant ainsi : «Il ne s'agit pas d'une guerre entre associations, notre objectif en tant que fédération est de réunir l'ensemble des acteurs et de promouvoir l'éthique et la transparence dans le secteur. Notre porte est ouverte à toute entreprise, pourvu qu'elle respecte ses salariés et qu'elle soit en règle avec la CNSS. Comment voulez-vous être un interlocuteur valable, crédible auprès des partenaires sociaux, si vous êtes dans l'illégalité ?» Dumping et concurrence déloyale Il est vrai que le secteur est caractérisé par une anarchie qui lui cause des torts. Selon des témoignages de patrons d'entreprises temporaires joints au téléphone par La Vie éco, les mauvaises pratiques ont biaisé le cadre concurrentiel, entraà®nant dumping et dégradation des prestations. On cite, par exemple, des entreprises qui ne déclarent pas la totalité de leurs employés et ne paient pas la CNSS. «Avec des charges allégées, elles arrivent à facturer le prix de leurs prestations, pour la fourniture d'un ouvrier de base, à 1,35 fois le salaire brut, alors que le modèle économique normal ne permet pas de descendre à moins de 1,6 fois», s'indigne un patron. On cite également les entreprises qui prennent des libertés avec les charges sociales, faisant fi du paiement de la CNSS pour des missions de 2 ou 3 jours, celles qui paient leurs employés moins que le Smig horaire, ou qui paient carrément au noir, en liquide. Bref, il y a à boire et à manger dans ce secteur oà1 officient quelque 80 entités. Ce qui fait dire au président de la FNETT : «Nous devons comprendre que l'intérim ne pourra se développer sur le dos des salariés et de l'Etat. C'est dans cet esprit que nous préparons une plateforme de 30 propositions pour organiser la profession, définir la responsabilité de l'entreprise utilisatrice, celle de l'intérimaire et, bien entendu, celle de l'entreprise de travail temporaire». Reste à savoir si son appel sera entendu par l'UMETT.