Ils évoquent le risque d'une concurrence déloyale en matière de construction de logement et dénoncent le financement des projets d'Al Omrane par le Fonds spécial habitat, alimenté par une partie des ventes de ciments achetés par leur soin Une réunion prévue avec le ministère de tutelle pour clarifier les attributions du holding et définir son périmètre d'action. Apeine né, le holding public d'aménagement Al Omrane fait peur aux promoteurs privés. La Fédération nationale de la promotion immobilière (FNPI) a demandé à ce sujet à rencontrer le ministre de l'habitat et de l'urbanisme, Taoufik Hejira. Prévue fin décembre, cette réunion se tiendra finalement dans les jours qui viennent. «Nous comptons demander au ministre une plus grande clarté dans l'intervention d'Al Omrane, surtout que cet établissement se renforcera par l'apport financier et logistique des sept Erac», justifie Rachid Jamaà ̄, DG du groupe éponyme et membre de la FNPI. A l'origine de ces craintes, le projet de loi n° 27-03 relatif à la transformation des Etablissements régionaux d'aménagement et de construction (Erac) qui a été adopté en novembre 2006 par la Chambre des conseillers et qui devrait l'être, normalement, cette semaine par les Conseillers. Ce texte prévoit la création d'un pôle public de construction et d'aménagement qui comptera, outre les trois filiales actuelles du holding, Al Omrane Boughaz, Janoub et Tamesna, sept filiales supplémentaires à Rabat, Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès, Meknès et Oujda. Appuyé par le ministère de l'habitat, ce projet de loi ne fait pas que des heureux dans les rangs des promoteurs immobiliers et certains y voient un renforcement du secteur public au détriment de la libre concurrence. «Cela va à l'encontre de la politique suivie par le gouvernement jusque-là et qui va dans le sens de l'encouragement de l'initiative privée dans le secteur de l'habitat», renchérit Saà ̄d Sekkat, DG du groupe Al Mawlid, également membre de la FNPI. Pour ce promoteur privé, il serait judicieux de se mettre autour d'une table, avec le département ministériel de tutelle, afin d'éclaircir de nombreux points. Parmi ces points, le domaine d'intervention exact de ce holding qui, d'ici quelques mois, deviendra le groupe Al Omrane avec une présence régionale aux quatre coins du Maroc et un capital post-fusion avoisinant les 2,5 milliards DH. Le holding dit investir les niches non couvertes par le privé Du côté d'Al Omrane, on affirme que les choses sont tout à fait claires. «Lors de notre dernier conseil d'administration, nous avons tenu à clarifier notre domaine d'intervention», explique Nabil Kerdoudi, membre du directoire de cet établissement public. Ce responsable décline ce domaine en sept points : participation à l'effort de résorption de l'habitat insalubre à travers le programme «Villes sans bidonvilles» (75 000 unités de logement prévues en 2007), requalification de tissus urbains anciens et requalification urbaine (300 quartiers, 6 médinas et 8 ksours), traitement de l'habitat menaçant ruine, construction de logement économique et à faible valeur immobilière totale (8 200 logements et 3 800 villas économiques en 2007), aménagement urbain et partenariat avec le privé. «Nous ne pouvons donc pas parler de concurrence déloyale puisque le cÅ"ur de métier n'est pas le même», rassure M. Kerdoudi. A ces métiers spécifiques, un haut responsable du ministère de l'habitat et de l'urbanisme ajoute celui de la dynamisation du secteur de l'habitat dans des régions qui n'intéressent pas le privé ainsi que le lancement de nouveaux produits. «Nous ne pouvons pas nous permettre de délaisser des régions entières du territoire sous prétexte que l'immobilier n'y est pas très rentable, comme nous ne pouvons nous permettre de rester sur un seul produit parce qu'il génère le plus de gains», justifie-t-il. Il cite, à titre d'exemple, les deux derniers produits dont le lancement a été confié à Al Omrane, la villa économique et Dar Lakbira. «Le privé n'aurait jamais accepté de se lancer dans ces deux aventures qui, pourtant, ont remporté un franc succès». Des explications qui ne suffisent pas à apaiser les craintes des promoteurs privés. «A quoi pourrait bien servir un établissement public qui construit des logements résidentiels, qui les vend et donc qui concurrence un secteur privé qui a, disons-le clairement, beaucoup plus d'expérience et de savoir-faire dans ce domaine», se demande M. Jamaà ̄, faisant allusion à l'expérience des Erac, qui a montré ses limites. Le DG du groupe Jamaà ̄ trouve également inacceptable que les projets d'Al Omrane soient financés par des contributions du Fonds spécial habitat (FSH), alimenté, lui, par une taxe prélevée sur le ciment vendu. «C'est comme si les promoteurs privés se mettaient à financer indirectement les projets de cet établissement public» , précise-t-il. La réponse du ministère de l'habitat est simple : le FSH sert à financer des projets sociaux destinés à éradiquer l'habitat insalubre. «Les schémas de financement ont été conjointement élaborés avec tous les acteurs du secteur», souligne ce haut fonctionnaire qui conclut en affirmant ne pas comprendre la crainte des privés. «Ils devraient pourtant se réjouir de l'existence d'un grand aménageur public qui leur prépare l'assiette foncière indispensable à leur développement» Focus Des conventions de partenariat public/privé Le partenariat du holding Al Omrane avec les promoteurs privés se fait à travers la signature de conventions portant sur les ilôts de terrains aménagés par le groupe et misà la disposition des promoteurs. 23 conventions ont été signées en 2005 (17 686 logements) et 36 en 2006 (75 401 logements). En 2007, ce sont des conventions portant sur la réalisation de 100 000 logements qui sont prévues. Il faut signaler que le contrat de vente d'à®lots au privé n'est signé qu'après réalisation de 15 % du projet.