Une nouvelle stratégie où le client est érigé en priorité est adoptée. La société mise sur la technologie pour assurer confort, sécurité et gain de temps aux usagers. Le reprofilage de la dette sera entièrement bouclé en 2017. Anouar Benazzouz DG d'Autoroutes du Maroc Le conseil d'administration d'ADM a adopté une nouvelle vision stratégique lors de sa dernière réunion. Pouvez-vous nous présenter brièvement ses grandes lignes ? Au cours des 15 dernières années, ADM a adopté une politique volontariste de croissance qui a permis un développement rapide du réseau autoroutier et une contribution significative à l'aménagement du territoire marocain. Aujourd'hui, ADM se doit d'entrer dans un nouveau cycle de développement, à l'instar des opérateurs autoroutiers de par le monde, à savoir se focaliser sur la gestion opérationnelle du réseau. ADM a entamé une démarche de transition vers son projet industriel d'exploitation. Une nouvelle stratégie a été établie et mise en œuvre dont le client-usager est la pierre angulaire et érigé de ce fait comme priorité absolue marquant ainsi le nouveau métier des femmes et des hommes d'ADM et le challenge à venir. Sur le volet restructuration financière, quelles sont les opérations de reprofilage déjà effectuées et celles en cours et à venir ? Le reprofilage de notre dette a été acté en mars 2016 quand notre conseil d'administration avait autorisé deux opérations d'optimisation : y le rachat d'une partie de la dette en dinars koweitiens (KWD) à hauteur de 2,9 milliards de dirhams, une opération qui va permettre de réduire le coût des frais financiers et de réduire également l'exposition de notre bilan au risque de fluctuations du dinar koweïtien. Cette opération a été financée moyennant un prêt garanti par l'Etat et contracté auprès de banques marocaines et permettra de lisser le service de la dette sur une longue période ; y l'optimisation de la dette obligataire d'ADM par le rachat d'anciennes obligations à taux onéreux pour un montant de 5,9 milliards de dirhams et leur remplacement par de nouvelles obligations à des taux plus avantageux. D'autres opérations sont prévues dans le cadre de cette restructuration financière et seront annoncées lors de leur mise en œuvre, notamment le rallongement des dettes avec les bailleurs de fonds internationaux et la mise en place d'instruments de couverture du risque de change que nous sommes en train d'étudier avec les départements concernés du ministère des finances. Quels sont les délais et les objectifs chiffrés de cette restructuration ? Résoudra-t-elle tous les problèmes financiers d'ADM ? L'ensemble des actions s'inscrivant dans la restructuration seront mises en œuvre en 2017. Elles conduiront à la consolidation de l'assise financière d'ADM. A quel niveau s'élève le crédit de TVA détenu par ADM sur l'Etat et comment évolue-t-il ? S'approche-t-on d'une issue dans ce dossier ? Le crédit de TVA détenu par ADM s'élève à 5 milliards de dirhams. Il était en perpétuelle augmentation depuis 2008. L'augmentation du taux de la TVA début 2015 de 10 à 20% avait pour but de réduire ce crédit. La satisfaction client est au cœur de votre nouvelle stratégie. Quelles sont les différentes actions menées dans ce sens ? ADM met le client au cœur de sa réflexion. C'est pourquoi ADM a inscrit dans son plan stratégique un saut technologique permettant d'offrir à ses clients le confort, la sécurité et le gain de temps lors de leurs déplacements. C'est ainsi qu'ADM a généralisé le télépéage à l'ensemble du réseau autoroutier (à l'exception de l'axe Fès-Oujda qui est en cours). Le paiement par carte bancaire est également un nouveau moyen de paiement sur autoroute, aussi bien au niveau des voies de péage qu'au niveau des points de vente. Enfin, il y a l'amélioration du service au niveau des aires de service, en particulier celles de l'axe Rabat-Casablanca. A combien s'élève aujourd'hui le nombre d'abonnés au service Jawaz et quels sont vos objectifs à court et moyen terme ? Aujourd'hui, nous avons atteint les 60 000 abonnements. Notre objectif est d'atteindre les 150 000 à fin 2017. Nous envisageons d'encourager les clients-usagers à utiliser davantage le télépéage et les différentes formules qui leur sont proposées. Nous mettrons des campagnes promotionnelles mais également des campagnes de sensibilisation des clients-usagers à utiliser ces nouveaux modes de paiement faciles et accessibles. Des hausses des prix du péage ont été constatées par les clients en 2016 sur certains axes. Pouvez-vous nous en donner les raisons? Est-ce que les prix connaîtront de nouvelles hausses dans les années à venir ? Le péage est un droit de passage dont s'acquitte l'usager pour pérenniser l'infrastructure et améliorer le service client. Il doit suivre le taux d'inflation de manière régulière. En 2016, seules deux petites corrections ont été appliquées au niveau de l'axe Casablanca-El Jadida -suite à la mise sous péage du tronçon El Jadida-Safi- et de l'axe du contournement de Casablanca. Sur ces deux axes, les prix en HT n'ont jamais été corrigés depuis leur mise en service (plus de 10 ans). Les changements des tarifs de péage qui ont été opérés ont uniquement été réalisés lors des changements des taux de TVA. Vous avez annoncé deux investissements pour 2017, à savoir le triplement des voies des axes Casa-Berrechid et contournement de Casablanca. Pouvez-vous nous donner un peu plus de détails sur ces projets (coût, délais, dispositions pour la circulation...) ? Pour ces projets, auxquels s'ajoute l'autoroute Tit Mellil-Berrechid, nous sommes sur un investissement de 2,8 milliards avec un délai de 3 ans. Hormis ces deux projets, où en est-on dans la préparation du prochain contrat programme Etat-ADM ? Quels sont ses grandes lignes et ses principaux objectifs ? Des pourparlers sont en cours pour préparer le futur contrat programme. La RSE est aussi parmi les priorités d'ADM. Quelles sont vos différentes actions dans ce domaine ? En matière de Responsabilité sociale des entreprises (RSE), les actions menées sont nombreuses, pour ne citer que les plus importantes : – L'aménagement régulier des établissements scolaires limitrophes au corridor autoroutier (plus de 300 écoles aménagées). – Régénération du capital forestier (3 millions d'arbres plantés, 800 000 en cours). – La protection de la faune. – La protection du capital aquifère. – Une synergie avec les riverains à travers le projet Al Arde. – L'encouragement et le soutien de la R&D dans les milieux universitaires et laboratoires de recherche (Ecole Hassania des Travaux Publics, Ecole Mohammedia des Ingénieurs, Centre National d'Etudes et de Recherches Routières, Université Ibn Tofail de Kénitra, l'Université Cadi Ayyad de Marrakech…).