L'envoyé de l'ONU dans la région estime que l'amélioration des droits de l'homme est indispensable pour aider à trouver une solution au conflit. La seule issue passe selon lui par un accord entre le Maroc et le Polisario sur un système confédéral. Selon une source bien informée à Washington, l'Envoyé personnel de Ban Ki-Moon au Sahara, le diplomate américain Christopher Ross, aurait pris contact avec John Kerry immédiatement après la confirmation de ce dernier à la tête de la diplomatie américaine. Ross lui a demandé son soutien et l'a convaincu que l'élargissement du mandat de la Minurso pour y inclure la surveillance des droits de l'homme au Sahara et à Tindouf aiderait à trouver une solution au conflit. Selon la même source, cette extension du mandat de la Minurso n'est que la première étape du «plan Ross» visant à trouver un accord entre le Maroc et le Polisario, alors que la situation au Sahel rend la recherche d'une solution plus urgente que jamais. Pour le diplomate américain, le seul moyen de dépasser les blocages actuels (politiques et juridiques) consiste à améliorer la situation des droits de l'homme puis à négocier une solution sur le principe confédéral. «Ainsi, la poire serait coupée en deux : ni annexion ni indépendance. Chaque partie serait obligée de faire des concessions», explique un analyste proche du dossier. Ce serait pour travailler sur cette option que Christopher Ross s'est rendu en Suisse et en Allemagne – deux pays au système fédéral - en début d'année et que le rapport 2013 de l'ONU insiste sur la nécessité d'une «nouvelle approche» pour résoudre le conflit. «L'épisode Ross» : la faute marocaine Le soutien apporté par le secrétaire d'Etat John Kerry à son compatriote est en grande partie le fruit, selon plusieurs analystes, de la gestion «calamiteuse» par Rabat de ce qui est appelé «l'épisode Ross». «La manière – plutôt violente - avec laquelle le Maroc a retiré sa confiance à Christopher Ross l'année dernière a été très mal perçue aux Etats-Unis et à l'ONU. Ross est un diplomate très respecté par ses pairs et il a gardé le soutien de l'administration US», confie un analyste à Washington. Le coup de téléphone passé entre Ban Ki Moon et le roi Mohammed VI en août dernier, présenté à l'opinion publique marocaine comme un «recadrage» de Ross, a aussi choqué aux Nations-Unies. «L'ONU n'aime pas devoir dire non à un chef d'Etat. La demande du roi du Maroc d'écarter Ross a été mal vécue. Il existe d'autres canaux pour ce genre de demande», conclut l'analyste.