Le Conseil de sécurité a tenu, jeudi dernier, une réunion à huis clos consacrée au dossier du Sahara. Christopher Ross, le médiateur américain, a présenté aux Quinze un document résumant les conclusions de sa récente tournée dans la région. Un exercice utile avant l'adoption d'une nouvelle résolution sur cette question. Le président du Conseil pour le mois en cours, l'ambassadeur japonais, Yukio Takasu, dans des déclarations à la presse à sa sortie de la réunion, rapportées par l'agence EFE n'a pas caché «la déception» de la majorité des Quinze du «blocage des négociations». Pour cela, dit-il, «nous demandons aux parties d'être novatrices et créatives parce que seules les négociations de bonne foi et sans conditions préalables peuvent aboutir à une solution politique, juste, définitive et mutuellement acceptable». Le diplomate a estimé que le Conseil de sécurité n'a pas encore trouvé le moyen idoine pour dépasser le blocage en dépit du fait que «plusieurs idées» sont sur la table de discussion. Concernant la demande du Polisario voulant que la Minurso veille sur les droits de l'Homme au Sahara, le président du Conseil pour le mois en cours, l'ambassadeur japonais, Yukio Takasu, a refusé de donner plus de détail, se contentant de dire que «c'est un thème à prendre en compte lors de la rédaction de la résolution». Le seul point sur lequel les membres du Conseil de sécurité n'auront aucune peine à se mettre d'accord concerne la prorogation du mandat de la Minurso jusqu'au 31 avril 2011. Une recommandation qui figurait d'ailleurs dans le dernier rapport, datant du 6 avril, du secrétaire général des Nations unies sur le Sahara. En prévision de l'adoption d'une nouvelle résolution sur le Sahara, le Polisario a mobilisé des ONG américaines qui lui sont acquises pour accentuer la pression sur les membres du Conseil de sécurité sur le dossier des droits de l'Homme au Sahara. Logique, l'Afrique du Sud ne siège plus au Conseil de sécurité. Inclure les camps de Tindouf dans la demande des deux ONG américaines n'est en fait qu'un subterfuge. Ainsi, le 16 avril Human Rights Watch et le Robert F. Kennedy Center for Justice & Human Rights (Centre RFK), ont adressé une lettre au secrétaire général de l'ONU demandant «la création d'un mécanisme de l'ONU qui surveillerait et rendrait compte de la situation des droits humains au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie. Au moment où le Conseil de sécurité va réexaminer le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) ce mois-ci, nous demandons que ce mandat soit élargi de façon à inclure le contrôle des droits humains au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf». Inclure les camps de Tindouf dans la demande de ces deux ONG américaines n'est en fait qu'un subterfuge, la suite de la lettre le montre clairement: Florilège: «les Sahraouis ont été victimes de graves violations de leurs droits humains individuels et collectifs», «les autorités marocaines continuent de soumettre les Sahraouis, qui plaident ouvertement pour l'autodétermination ou qui dénoncent les violations des droits humains de la part du Maroc, à diverses formes de répression». Ou encore le long passage accordé au cas Aminatou Haidar et ce depuis 1987. En revanche, aucune mention dans la lettre de la demande exprimée par le même Ban Ki-moon sur la nécessité d'un recensement de la population des camps de Tindouf. Sur cette question, le SG ne s'est fait que l'écho de la demande du président du HCR, Antonio Guterres, lors de sa dernière visite, en septembre, dans la région. Rapport de Ban Ki-moon Les appréciations divergent Un rapport critiqué et par l'Algérie et par le Polisario. Le quotidien Liberté a souligné que «Le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance est aujourd'hui menacé, plus qu'en 2000-2001». Et de surenchérir que Ban Ki-moon pourrait préparer un nouvel accord-cadre bis. Une allusion aux deux moutures de l'ancien médiateur américain dans ce conflit, James Baker. La première refusée par Alger et Tindouf et la seconde par Rabat. Par ailleurs, le document de Ban Ki-moon n'a pas trouvé grâce chez le Polisario. Mohamed Khadad, un proche de Abdelaziz, a estimé que «le rapport de Ki-moon s'est détourné de la catastrophe des droits humains et de l'intransigeance de Rabat». Une réaction qui n'est pas sans rappeler celle du même Polisario suite à des déclarations de Peter Van Valsum, l'ancien envoyé personnel du SG de l'ONU, écartant l'option d'indépendance du Sahara. A Rabat, Khalid Naciri, le porte-parole du gouvernement a assuré que le rapport de Ban-Ki-moon «a évoqué, avec précision et en toute objectivité, des questions très sérieuses et d'extrême importance». Et d'ajouter que le SG de l'ONU «est au-dessus de tout soupçon et a démontré qu'il accomplit sa mission dans le strict respect de ses convictions intellectuelles, politiques et morales».