Pendant une semaine, Christopher Ross était dans la région. La troisième visite depuis sa nomination en tant que médiateur dans le conflit du Sahara à la place du Néerlandais Peter Van Walsum. Une tournée décidée afin de permettre à Ban Ki-Moon d'introduire quelques nouveautés dans son rapport sur le Sahara qu'il présentera, fin avril, aux quinze du Conseil de sécurité. La récente tournée du médiateur américain a-t-elle apporté du nouveau à même d'avancer vers une solution de ce problème? Sur ce point précis, Ross se montre pessimiste. A l'issue de ses entretiens avec le chef du Polisario, le diplomate américain est sorti de sa réserve, lançant à la presse qu'«il est clair que les positions sont encore très éloignées, et le but de cette tournée est de demander à tous de me rejoindre dans la méditation et la réflexion sur la voie à suivre pour sortir de l'impasse actuelle». Même son de cloche en Mauritanie: «les négociations qui devraient ouvrir la voie à une solution politique mutuellement acceptée sont dans l'impasse et on est tous appelé à réfléchir pour trouver la meilleure façon d'en sortir». Il est clair qu'un retour immédiat aux négociations directes entre le Maroc et le Polisario est une perspective qui s'éloigne. A Alger où il a été reçu par le président Abdelaziz Bouteflika, Ross a déclaré que «l'Algérie, en tant que pays voisin du Sahara occidental, est invitée par le Conseil de sécurité, comme les parties et les autres Etats de la région, à coopérer pleinement avec les Nations unies et les uns avec les autres, pour mettre fin à l'impasse actuelle». Il a rappelé que l'objectif de sa mission «est d'arriver à une solution politique mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d'arrangements conformes avec les buts et les principes énoncés dans la Charte des Nations unies». Au Maroc, Christopher Ross a appris officiellement que le royaume rejette l'option du référendum. «SM le Roi Mohammed VI a, enfin, précisé à l'ambassadeur Ross que pour le Maroc le mécanisme d'un référendum à options multiples, minoritaire au demeurant dans la pratique des Nations unies, est définitivement écarté», selon une dépêche de la MAP. A l'issue de ses entretiens avec le souverain, les deuxièmes du genre, l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU n'avait fait aucune déclaration à la presse. C'est le lendemain qu'il s'y confiera. Pour Rabat, toute solution au problème du Sahara doit se référer à la résolution d'avril 2009 du Conseil de sécurité. Dans laquelle, les Quinze, évoquant le projet d'autonomie présenté deux ans auparavant par le royaume, se sont félicités «des efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement». Il est clair qu'un retour immédiat aux négociations directes entre le Maroc et le Polisario est une perspective qui s'éloigne. Une situation qui découle directement des positions des parties. Entre l'attachement du Maroc à la solution de l'autonomie et le Polisario qui s'arc-boute à l'option du référendum, Ross est tiraillé. D'autant que les deux réunions informelles, son invention, n'ont rien donné de tangible. Sa médiation risque d'être happée dans le tourbillon des calculs géopolitiques de la région. Une option à ne pas écarter à moins que l'administration américaine n'intervienne avec tout son poids pour imposer un règlement aux parties. Pour le moment, Barack Obama accorde la priorité aux affaires intérieures. Les dossiers internationaux peuvent attendre, y compris celui du Sahara. Sahara : Quand Abdelaziz dérape Les sorties médiatiques du chef du Polisario sont bien calculées. Alors que Ross se trouvait dans la capitale algérienne, Mohamed Abdelaziz a choisi ce moment précis pour tirer à boulets rouges sur la France. L'Espagne a été également touchée mais par des débris, assurant que «le complot de la France mènera à un dérapage dangereux comme celui de 1975 lorsqu'elle avait convaincu le défunt souverain marocain, Hassan II et Mokhtar Ould Dada et par la suite le roi d'Espagne à signer la convention de Madrid pour diviser le territoire du Sahara occidental et son peuple». Depuis 2004, Abdelaziz met dans le même sac et Paris et Madrid. Répondant au rejet du royaume de l'option du referendum, le chef du Polisario a estimé qu'«il n'y a pas d'autres alternatives, et il est nécessaire d'organiser un referendum avec plusieurs options».