Malgré les vives tensions entre islamistes et laïcs, Rached Ghannouchi et Caïd Essebsi ont été réunis autour d'une même table le temps d'une conférence à Tunis sur l'avenir démocratique du pays. Cet événement est organisé par un centre de recherche de l'université de Standford, auquel est affilié Hicham Ben Abdellah Alaoui. « Pour la première fois, Ghannouchi et Caïd Essebsi se rencontrent pour un débat indirect », titre en Une ce vendredi le quotidien tunisien Assabah. Alors que la scène politique tunisienne est déchirée par les affrontements entre laïcs et islamistes, le dirigeant du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, et le président du mouvement laïc Nina Tounes, Béji Caied Essebsi, ont tous deux accepté de participer à une conférence à Tunis sur le processus de démocratisation en cours en Tunisie, en Egypte et en Libye. Cette 4e conférence annuelle du Programme sur la réforme arabe et la démocratie (ARD), organisée par le CDDRL de Stanford en collaboration avec l'Université de Tunis El Manar et le Centre d'études maghrébines de Tunis (CEMAT), a eu lieu les 28 et 29 mars à l'hôtel Sheraton de Tunis. C'est le prince Hicham Ben Abdellah Alaoui, cousin du roi Mohammed VI, qui a présidé la table-ronde intitulée « Coalitions politiques et islamisme » et à laquelle étaient conviés les deux adversaires politiques tunisiens. « Chacun refusait de venir si l'autre était également présent. Hicham Ben Abdellah Alaoui a joué les intermédiaires et les a finalement convaincus de participer », explique à Lakome une source proche du prince. Les deux hommes n'ont pas débattu directement mais se sont succédé à la tribune et chacun est resté pour écouter l'autre. Ils « auraient même échangé une poignée de main cordiale », rapporte Tunisie Numérique. Sans remettre en question leurs positions respectives, Ghannouchi et Caïd Essebsi ont fait des efforts pour tenter d'apaiser la situation. Le leader d'Ennahda a ainsi affirmé que les tunisiens n'avaient pas de crainte à avoir quand à la préservation des droits de la femme et de la liberté de conscience. « Les mosquées et les bars resteront ouverts et chacun choisira sa voie », a-t-il lancé à l'assistance selon Assabah. Le quotidien cite aussi Caïd Essebsi qui a reconnu de son côté que « la Tunisie est un état islamique depuis 14 siècles » mais qu'il n'y a « aucune raison d'abandonner les acquis de la république ». En marge de la conférence, Ghannouchi a appelé au micro de Express FM à un apaisement du dialogue en Tunisie afin de créer un climat favorable pour la tenue des prochaines élections. Rached Ghannouchi sur Express FM :