Je découvre avec plaisir que notre confrère “Maroc Hebdo” peut faire l'humour et même dans l'humour à froid, au deuxième degré. En témoigne l'interview - une page pleine - que l'hebdomadaire casablancais recueille chez un illustre inconnu. Sous le titre - très racoleur - de “un Marocain musulman se convertit au judaïsme”, les propos de cet hurluberlu sont d'une navrante banalité. L'ex-Mohamed, Haïm à présent conte ses pérégrinations à travers les trois grandes religions monothéistes. Il faut vous dire qu'avant d'aller à la synagogue, Haïm était passé par l'église catholique. «Cela n'a pas duré longtemps», dit-il lui-même, comme s'il regrettait que ce séjour chrétien ait été de courte durée. Avant l'église et la synagogue, le “nomade religieux” avait aussi connu la mosquée. Une seule et dernière fois ! Il devait être enfant ou adolescent puisque c'était dans les années soixante-dix et qu'il a aujourd'hui 37 ans. Et voilà comment eut lieu ce contact : “je me suis rendu dans une mosquée pour la première fois et pour vous faire une confidence, elle a été la dernière. Je m'en souviens comme si c'était hier car j'y suis allé en short et t-shirt, boucle à l'oreille et queue-de-cheval”. Drôle d'accoutrement pour aller à la prière. Heureusement pour lui que les adorateurs de Satan n'existaient pas encore. Il aurait sûrement été embarqué sur le champ. Remarquons seulement que Haïm avait la provocation anti-musulmane très précoce. En Italie, il rencontra un prêtre catholique qui l'aida à se convertir au christianisme ignorant que sa nouvelle recrue était provisoire et temporaire, et cherchait confusément que la véritable croyance qu'il cherchait était le judaïsme, religion du peuple “choisi par Dieu” (sic). Il l'a enfin trouvée en “terre promise” (resic), Israël en l'occurrence où il fut initié par un juif sépharade. Et voilà la boucle bouclée et le globe trotter enfin fixé dans sa foi. De foi vraie, de spiritualité ardente, on ne trouve nulle trace dans les élucubrations de Haïm Benchetrit (habituellement les convertis changent seulement de prénom. Lui a carrément changé d'état-civil). A moins d'être doté d'un solide sens de l'humour, cela ne ferait sourire personne, mais comme nous nous flattons de ne pas en être tout à fait démuni, nous avouons avoir bien ri des divagations de Haïm. Il ressort par ailleurs de ses déclarations que le grand rabbinat d'Israël est saisi de son “cas” pour examen et éventuellement “homologation” de sa conversion au patriotisme dont on connaît les très stricts principes. Question angoissante : s'il est “recalé”, où ira Haïm, le juif errant ?