Jamais deux sans trois, dit -on et Abbas El Fassi, que nous estimons, ne nous en voudra pas de consacrer cette troisième chronique à son activité politique depuis la constitution du gouvernement de Driss Jettou. Nous le faisons à partir des déclarations qu'il a faites au cours du dîner-débat organisé conjointement par le parti de l'Istiqlal et notre excellent confrère “Al Ayyam”. Commençons donc par saluer l'heureuse initiative d'Abbas El Fassi qui a rompu avec un tabou anachronique et de débattre publiquement avec un journal indépendant. Cela constitue une avancée bien venue dans les relations entre les partis politiques et la presse nationale. Un bon point donc au secrétaire général du P.I. On a beaucoup ironisé sur “le flou artistique” qui entoure les fonctions de ministre d'Etat sans portefeuille. D'aucuns n'ont même pas la réalité concrète de ces fonctions. A ce jour, Abbas El Fassi n'a pas fourni de réponse satisfaisante. Pour que le secrétaire général de l'Istiqlal “réfléchisse et propose”, il n'était nul besoin de créer un poste ministériel dont l'ambiguïté est la principale caractéristique. De là, à parler de “l'humaine ambition”, il n'y a qu'un pas. Et puis une question, pas mineuse du tout nous taraude. Quelle est la nature exacte des relations entre le Premier ministre et son ministre d'Etat ? On sait seulement qu'Abbas El Fassi s'était d'emblée mis sous la tutelle de Jettou en quémandant auprès de lui locaux et collaborateurs. Et si, à propos de la constitution du cabinet, il a dénié au Premier ministre le droit de se substituer au secrétaire général du PI, le voici aujourd'hui qui affirme que Jettou est “un homme politique” et rend hommage à son intégrité morale. Qu'est-ce à dire ? Qu'El Fassi fait sa cour à son “patron” au gouvernement ? Qui sait ? Non, non, Abbas El Fassi n'est pas de cette nature. Il a dit au cours du dîner que le cas échéant, il s'opposerait à Jettou, mais qu'il faut être patient. On ne s'oppose pas à un gouvernement qui n'a que trois mois de vie ! Plus tard, s'il le faut, il émettra des critiques. Comme si, sans être ministre d'Etat, il ne pouvait pas le faire en tant que dirigeant d'un grand parti. C'est son métier, n'est-ce pas ? Quelques esprits aventureux font une toute autre analyse de la présence de Abbas El Fassi au gouvernement. Elle équivaudrait à une bombe à retardement placée sous les pieds de Driss Jettou. Pour, le moment venu, torpiller le gouvernement de l'intérieur. C'est tiré par les cheveux, mais vous savez, la politique… Du coup, le ministre d'Etat deviendrait le ministre du coup d'Etat. Driss Jettou serait bien avisé de contrôler les faits et gestes de son second hiérarchique. Abbas El Fassi serait-il une “cellule dormante” au sein du gouvernement ? Voilà qui serait comique.