Les données sur le tabagisme au Maroc sont alarmantes ! Contenues dans le rapport d'activité annuel de la Régie des Tabacs, au titre de l'exercice 2001, celles-ci font état d'une consommation de plus de 14 milliards de cigarettes, rapportant près de 900 millions de dollars ( 9 milliards de DH ), soit une progression de 5,6% par rapport à l'année précédente. Une telle ampleur ne laisse pas indifférent surtout si l'on sait que le tabagisme prend aujourd'hui la dimension d'une véritable épidémie dont les retombées médico-sociales sont incommensurables. 900 milliards de centimes partent en fumée chaque année. L'on sait, d'après l'enquête épidémiologique sur le tabagisme, que le ministère de la Santé publique avait mené en 2000, sur tout le territoire national, une enquête qui révèle que le taux des fumeurs parmi les personnes âgées de plus de 20 ans est de 13,8%, dont plus de 31% des hommes et quelque 1% des femmes. Pour les moins de 20%, les chiffres sont beaucoup plus inquiétants avec une large proportion des fumeurs en milieu scolaire comptant plus de 21% des lycéens, dont 4,5% des filles. Dans ce même milieu, le phénomène d'accoutumance prend au fil des années des dimensions dangereuses pouvant atteindre, dans certains cas, les 60% comme taux des élèves fumeurs. Les conséquences de ce fléau sont aujourd'hui bien connues : Différentes formes de cancer, maladies cardio-vasculaires, maladies broncho-pulmonaires, gangrène, impuissance sexuelle, hémiplégie,... Ces maladies de plus en plus fréquentes deviennent de nos jours de réels problèmes de santé publique dont le coût est exorbitant. A ce niveau, il est vrai qu'aucune étude n'est menée pour mesurer l'impact négatif du tabac sur la santé des citoyens. Mais il n'en demeure pas moins que le tabagisme pèse lourdement sur les budgets publics. A titre d'exemple, la Banque Mondiale avait estimé, il y a près de deux années, que le coût du tabagisme dépasse les 200 milliards de dollars par an en termes de pertes, c'est-à-dire beaucoup plus que ce que les pays en développement réunis réservent à leurs départements de la Santé. Dans cette approche, sur les 1,1 milliard de personnes qui fument dans le monde, dont 200 millions de femmes, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime à 4 millions les décès liés au tabac qui surviennent chaque année (500.000 de décès concernent les femmes). L'OMS fait savoir que si les tendances actuelles se maintiennent, d'ici à 2025, le tabac fera chaque année 10 millions de victimes dont 70% dans les pays en développement. En outre, le tabac a également des conséquences d'ordre esthétique étant entendu que la nicotine réduit la circulation sanguine et l'apport d'oxygène, ce qui favorise les rides et le vieillissement prématuré de la peau. Aussi, les particules malodorantes de fumée collent-elles à la peau et bloquent les pores. Les cheveux sont également affectés en raison d'une moins bonne irrigation du cuir chevelu et de dépôts de fumée, ce qui les rend plus fragiles, le risque de conjonctivite est plus important car la fumée irrite les yeux, de même que les dépôts de nicotine et de goudron décolorent les dents et le tabac affaiblit les gencives. Plus graves encore, la cigarette est considérée comme une porte ouverte à l'expérience de drogues pour les jeunes fumeurs. Des études entreprises par l'OMS, il y a quelques années, ont montré que chez les adolescents qui fument et chez ceux qui consomment de l'alcool, la possibilité de s'adonner aux drogues atteint respectivement 27% et 4% contre 2% et 1% chez ceux qui ne fument pas et qui ne boivent pas.