C'est une décision qui ne va sûrement pas plaire aux étudiants des Universités marocaines. Le ministère de l'Enseignement supérieur a annoncé via un communiqué l'interdiction de protester au sein des facultés, soulignant qu'il existe des «parties qui cherchent à profiter de ces libertés afin de perturber l'espace universitaire, ce qui mène à des accrochages entre étudiants». Le communiqué ajoute que le département d'Amzazi «n'acceptera jamais que les facultés marocaines deviennent un espace de violence». Explication. Dans une lettre adressée aux présidents des universités, Saïd Amzazi, ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a demandé aux présidents des universités de ne pas accorder des autorisations pour l'organisation de manifestations dans les Universités ou les établissements qui en dépendent et ce, pour éviter de répéter les événements tragiques qui se sont déroulés dans certaines Universités, ainsi que les affrontements violents qui ont fait plusieurs victimes parmi les étudiants et les forces de l'ordre. La note du ministère de l'Enseignement supérieur poursuit que cette décision intervient pour éviter la répétition d'événements qui menacent la sécurité du personnel qui travaille au sein des universités, les cadres administratifs et les étudiants, ainsi que leur impact négatif sur le bon fonctionnement des facultés. Le ministère appelle, dans ce sens, «à interdire toutes activités, sit-in protestation, quel que soit sont type». Toutefois, et en ce qui concerne les manifestations scientifiques organisées par les institutions relevant des facultés, le département d'Amzazi appelle les présidents des universités à effectuer «un sondage» préalable, et demander aux organisateurs de fournir tous les éléments nécessaires pour l'organisation de cette manifestation. Ce qu'en pensent les futurs médecins de cette décision Les étudiants en médecine (générale, dentaire, pharmacie) dans les facultés publiques ont organisé récemment plusieurs sit-in au niveau des facultés du Royaume (Casablanca, Oujda, Agadir …), dans le cadre de leur mouvement de lutte qu'il mène depuis près de deux mois, boycottant ainsi les cours magistraux, TP-TD, et stages médicaux ainsi que les examens de S2. Interrogé par Hespress Fr sur cette décision prise par leur ministère de tutelle, Salma, étudiante en médecine à la faculté de Rabat et membre de la commission nationale des étudiants en médecine au Maroc CNEM, a affirmé être «choquée» par cette décision qui intervient, justement, après les sit-in organisés par les futurs médecins. «On va organiser des sit-in et on va manifester pour nos droits. La décision du ministère ne va pas nous arrêter», a déclaré Salma à Hespress Fr. Elle poursuit que côté procédure, les étudiants en médecine vont commencer «à déposer des demandes auprès des présidents de l'Université». « S'il y a une quelconque répression, c'est leur problème et ça ne passera sûrement pas inaperçu du moment où légalement on a le droit d'organiser des sit-in et tenir des grèves. C'est notre droit», s'indigne-t-elle. « On ne fait de mal à personne ! Il n'y a jamais eu de violence lors de nos sit-in, comme laisse entendre le ministère. Nos sit-in et nos protestations sont 100% pacifiques et bien organisés par la commission, ils n'ont rien à nous reproché. Et s'ils veulent nous interdire de manifester, et bien il touche à l'un de nos droits fondamentaux et légitimes», a-t-elle conclut.