La décision du ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, d'interdire tous types de manifestations au sein des universités, n'a pas été du goût des étudiants universitaires du Maroc. L'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM), a qualifié la décision de Said Amzazi de «répressive». Un membre de l'Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) et étudiant à la faculté de Kénitra, a déclaré à Hespress Fr sous couvert de l'anonymat, que le but derrière la décision du ministère de l'Education nationale «s'inscrit dans la continuité de dissoudre l'université marocaine publique de son indépendance qui la caractérisait depuis des décennies déjà». L'UNEM a largement qualifié l'interdiction de manifester au sein des facultés accusant Said Amzazi, de vouloir «combattre les libertés au sein de l'université marocaine que les militants et défenseurs des libertés et des droits ont combattu depuis des années pour les avoir, sacrifiant ainsi leurs vies». Notre interlocuteur poursuit en affirmant que la décision du ministre Amazazi «va à l'encontre de ce qui est apparu dans un accord tripartite signé par trois ministères au cours de l'année universitaire 1996-1997, après que l'Etat eut épuisé tous les moyens et eut recours à la violence à l'encontre de milliers d'étudiants, dans le but d'éliminer le mouvement syndical au sein des universités marocaines». Ce que déplore notre interlocuteur en revanche, est que la décision du ministre visait non seulement les activités culturelles et syndicales des factions estudiantines, mais également toutes les activités quelques soient leur nature et implique également les étudiants chercheurs, universitaires ainsi que tous étudiants au sein du campus universitaire. «Il ne faut pas oublier que les étudiants au sein des facultés sont l'avenir du peuple, si on continue à les réprimander et à les agresser, il n'y aura plus de chercheurs ni d'intellectuels dans le pays, et c'est ce que nous ne voulons pas» se désole-t-il. Et d'ajouter que la politique « autoritaire » que mène le ministère sur l'université publique ne va qu' »empirer la situation« , tandis que l'Etat doit « soutenir l'université dans tous ce qu'elle représente comme levier et avenir du pays« . Pour soustraire l'université du contrôle Il est à rappeler que le ministère de l'Enseignement supérieur avait annoncé via un communiqué l'interdiction de protester au sein des facultés, soulignant qu'il existe des «parties qui cherchent à profiter de ces libertés afin de perturber l'espace universitaire, ce qui mène à des accrochages entre étudiants». Le communiqué ajoute que le département d'Amzazi «n'acceptera jamais que les facultés marocaines deviennent un espace de violence». Dans la note du ministère de l'éducation nationale, rédigé dans un langage jugé «sévère», il a été souligné qu'aucune activité qui n'appartient pas à une institution universitaire ne sera acceptée, et que les étudiants universitaires souhaitant organiser une quelconque activité doivent obtenir une autorisation du président de l'université avant son organisation. Une démarche que notre interlocuteur a déploré affirmant que la décision du ministre «n'arrivera pas à sa fin et ne réalisera pas ce que ses prédécesseurs n'ont pas pu obtenir. Elle ne découragera pas la libre volonté des étudiants et des autres composantes de l'université de poursuivre son cheminement pour soustraire l'université du contrôle et de la tyrannie». Interrogé sur le fait que cette décision intervient juste après les mouvements de protestations au sein des universités, notamment les universités de médecine au Maroc où plusieurs sit-in et protestations ont été organisés récemment dans le cadre du mouvement de lutte que mènent les étudiants en médecine, l'Union explique à Hespress Fr que cette décision «répressive» en dit long surtout au niveau de son «timing». «Cette décision n'attaque pas seulement les étudiants en médecine, que l'UNEM soutient, mais même les étudiants des facultés d'ingénieries et toutes les autres facultés publiques au Maroc ». Notre source s'est en revanche posée la question: «pourquoi le ministre n'interdit pas, par la même occasion, l'entrée des forces de l'ordre au sein des universités et la violence qu'elles mènent à l'encontre des étudiants qui luttent justement pour les droits sociaux et la non-privatisation de l'enseignement public ?». Les étudiants en médecine ont également réagi à la décision d'Amzazi, affirmant que «leur lutte se poursuivra pour faire valoir leur droit». «On va organiser des sit-in et on va manifester pour nos droits. La décision du ministère ne va pas nous arrêter», a affirmé Salma étudiante en médecine dentaire à la faculté de Rabat et membre de la commission nationale des étudiants en médecine au Maroc CNEM. Elle souligne toutefois que les étudiants en médecine demanderont légalement auprès de leurs présidents d'université les autorisations nécessaires.