C'est ce lundi 10 juin que démarrent les examens de S2 de médecine au Maroc. Date fixée par le ministère de l'Enseignement supérieur malgré le boycott des examens annoncé par les étudiants en mars dernier. Devant la faculté de médecine et de Pharmacie de Rabat et Casablanca, les parents d'élèves sont venus soutenir leurs enfants dans le combat qu'ils mènent contre leurs deux ministères de tutelle depuis près de 10 semaines, « fiers » de ce qu'ils ont accompli à et «refusant » que leurs enfants passent les examens. Selon la coordination des étudiants, le boycott a réussi à 100% dans les 9 facultés de médecine (générale, dentaire, pharmacie) que compte le Royaume, même si les étudiants étrangers ont été « forcés » de passer leurs examens. Les détails. Une soixantaine de parents d'étudiants en médecine et pharmacie à la faculté de Rabat, mais également de Casablanca, ont choisi de s'absenter de leur travail, ce lundi 10 juin, pour tenir un sit-in devant les deux facultés de médecine et de Pharmacie de Rabat et de Casablanca, pour apporter tout leur appui à leurs enfants qui boycottent les examens de S2 suite à «l'impasse» à laquelle ils sont arrivés avec leurs deux ministères de tutelle concernant leur dossier revendicatif. Les étudiants étrangers de différentes nationalités se sont, quant à eux, dirigés «timidement» vers leurs salles d'examen de S2, sous les applaudissements et les slogans scandés par les parents d'élèves. « On est venus ici parce qu'on est obligés de le faire. Normalement ont devait être au boulot, mais nous sommes dans l'obligation de soutenir nos enfants parce qu'aujourd'hui, le ministère de tutelle a imposé aux étudiants de passer les examens alors que ça fait plus de 10 semaines qu'ils sont en grève pour un dossier revendicatif légitime. Cette décision ministérielle a été prise sachant que nos enfants n'ont eu ni cours ni travaux pratiques, ni stages hospitaliers. Comment peuvent passer des examens sur des choses qu'ils n'ont pas apprises? », s'est indigné Ahmed Faqri, un parent d'élève venu appuyer la cause de son enfant, étudiant en médecine générale à la faculté de médecine et de Pharmacie de Rabat. Annonçant le boycott des examens de S2 le 24 mars dernier, la Coordination nationale des étudiants en médecine (CNEM) avait souligné dans son communiqué que les étudiants en médecine des facultés publiques « n'exigent rien au-delà de la capacité de l'Etat » et s'est dite opposée à « toute tentative de privatisation par le biais de partenariats avec des institutions privées ou semi-publiques en intégrant leurs étudiants aux stages hospitaliers ». Sur les 14 points qui constituent le dossier revendicatif des étudiants en médecine, le département de Said Amzazi a affirmé qu'il a répondu à hauteur de 90%. Reste le point du concours des médecins résidents au sein des Centres Hospitaliers universitaires (CHU) publics, dont les étudiants des facultés publiques refusent l'accès à ceux des facultés privées. Toutefois, le ministère de l'enseignement supérieur avait expliqué, fin mai, que le concours de résidanat « ne concerne pas les étudiants, mais les médecins marocains ayant obtenu le diplôme de médecine, de pharmacie ou de médecine dentaire, y compris ceux qui ont obtenu des diplômes étrangers reconnus », soulignant qu'il est « impossible d'interdire aux médecins marocains de passer le concours (de recrutement ) s'ils répondent aux conditions requises, comme étant un droit constitutionnel inaliénable ». Mais les étudiants en médecine ne l'entendent pas de cette oreille. Tout d'abord, ils pointent du doigt le dialogue « clos » avec leurs deux ministères de tutelle au sujet de leur dossier revendicatif, et exigent la signature d'un accord juridique conjoint entre les deux parties pour « garantir leurs droits » et « ne pas tomber dans le piège des promesses tant exprimées et non tenues». « Le ministère aime tant dire que les portes du dialogue sont ouvertes et qu'il est disposé à discuter, mais c'est faux. Il y a deux semaines, nous avons déposé une demande d'audience au ministère de l'Enseignement supérieur, mais malheureusement, après le dépôt de cette demande, le ministre (Said Amzazi) est sorti parler des dispositions à discuter, mais dans le fond il n'y a rien. Nous n'avons jamais été contactés et il n'y a eu aucune réaction du ministère envers les représentants des étudiants », a déclaré à Hespress Fr, Hamza Karmane, membre de la Coordination nationale des étudiants en médecine (CNEM)- section Rabat. Pour conclure, notre interlocuteur se dit « désolé de cette situation ». « Nous arrivions à des accords de principe avec les deux ministères de tutelle dans la rédaction des 14 points. Nous envoyons nos propositions que le ministère s'est engagé à prendre en considération et finalement ils sortent avec un communiqué, dimanche 9 juin, qui ne répond pas aux 14 points et ne prend même pas en considération nos propositions. Pour les étudiants, c'est une preuve indéniable d'irresponsabilité et cela inquiète les étudiants. Mais nous sommes déterminés à aller jusqu'au bout pour notre cause », a-t-il conclu au micro de Hespress Fr.