Le ministère de la Transition numérique et de la réforme de l'administration publique a organisé, ce jeudi 26 septembre, une conférence de presse pour éclaircir les points clés de la stratégie nationale « Digital Morocco 2030 », lancée le mercredi 25 septembre. Ghita Mezzour, ministre de tutelle, a répondu aux questions de Hespress FR, abordant notamment la place des petites et moyennes entreprises (TPME) dans cette stratégie et leurs accès aux financement et aux marchés publics, la digitalisation de l'administration publique, ainsi que le budget alloué à cette vaste initiative. @Mounir Mehimdate Soutien aux TPME et PME : Une place essentielle dans la stratégie Bien que les startups aient été mises en avant dans la présentation initiale de la stratégie, les TPME et PME, qui jouent un rôle crucial dans l'économie marocaine, ne sont pas en reste. Hespress FR a interpellé la ministre sur place dans cette stratégie nationale. Ghita Mezzour a réaffirmé que la stratégie nationale inclut un volet spécifique pour ces entreprises, intitulé Digital Enterprise. Ce volet met en place le label PME Tech, qui permettra à ces entreprises innovantes de bénéficier d'un accès privilégié aux marchés publics nationaux. « Ce label leur donnera accès à la préférence nationale », a précisé la ministre. De plus, les entreprises technologiques marocaines pourront prétendre à des subventions pour développer des solutions innovantes. « Si une PME souhaite développer une solution IA (Intelligence artificielle) ou une autre technologie innovante, des financements sont prévus pour soutenir ces projets », a ajouté Mezzour. La ministre a également souligné que ces entreprises, si elles réussissent à exporter leurs solutions, pourront bénéficier des avantages du programme d'outsourcing. Elle a insisté sur l'importance de la visibilité internationale des PME, mentionnant des événements tels que le Gitex et d'autres salons internationaux où le gouvernement travaille à promouvoir ces entreprises. Les retards dans la digitalisation de l'administration : une amélioration notable mais un long chemin reste à parcourir Lors de la conférence, Hespress FR a également abordé le sujet du retard observé dans la digitalisation de l'administration publique, une problématique récurrente au Maroc. Sur ce point, Ghita Mezzour a reconnu qu'il reste beaucoup à faire, tout en mettant en avant les progrès accomplis au cours des deux dernières années. « Nous avons gagné plus de 10 points à l'international cette dernière année, avec des projets concrets », a-t-elle déclaré. Elle a donné plusieurs exemples de services numériques qui facilitent la vie des citoyens. Parmi eux, le service ma CNSS, qui compte 11 millions d'utilisateurs par mois, permettant de suivre leurs dossiers sans se déplacer. Le Registre Social Unifié (RSU) est également un exemple de réussite, car il permet aux citoyens de s'inscrire en ligne sans avoir à fournir des justificatifs physiques, grâce à l'interopérabilité entre différentes administrations. @Mounir Mehimdate « Mahakim, par exemple, permet à 23 millions d'utilisateurs de suivre leurs démarches judiciaires de manière régulière », a-t-elle souligné, ajoutant que ces avancées ont un impact considérable sur la qualité des services publics. Cependant, elle a reconnu que le chemin reste long et que la digitalisation complète de l'administration est un des axes majeurs de la stratégie Digital Morocco 2030. Une stratégie centrée sur l'utilisateur et une gouvernance renforcée Ghita Mezzour a insisté sur le fait que l'un des principaux objectifs de cette stratégie est d'offrir des services numériques de qualité, faciles à utiliser et répondant aux besoins des citoyens. « L'approche user-centric, ou centrée sur le citoyen, est au cœur de cette stratégie », a-t-elle déclaré. Cela inclut l'utilisation du design thinking pour concevoir des interfaces intuitives, testées en amont avec les utilisateurs, aussi bien en milieu urbain que rural. Le deuxième levier de cette stratégie repose sur la gouvernance. Les différentes administrations porteront leurs propres projets de digitalisation, sous l'accompagnement du ministère de la Transition numérique et de l'Agence du développement du digital (ADD). Un suivi rigoureux est prévu pour assurer la coordination entre les ministères et l'application des méthodologies. @Mounir Mehimdate Un autre levier est d'ordre réglementaire. La ministre a reconnu que certains documents digitaux ne sont pas encore acceptés par les administrations, ce qui nécessite des révisions réglementaires pour leur donner la même valeur légale que les documents physiques. Ce volet sera renforcé pour assurer une véritable transformation numérique du pays, a-t-elle précisé. Un budget de 11 milliards de dirhams pour trois ans Enfin, Ghita Mezzour a clarifié la question du budget alloué à cette stratégie. « Le chef du gouvernement a annoncé un budget de 11 milliards de dirhams pour une durée de trois ans, et non jusqu'à 2030 », a-t-elle précisé. Ce budget, bien qu'important, est vu comme une base pour mobiliser d'autres acteurs, qu'ils soient publics ou privés, afin de contribuer au succès de cette transformation. Elle a ajouté que cette enveloppe permettra de financer de nombreux projets innovants, tant pour les entreprises que pour les administrations publiques, avec pour objectif ultime de faire du Maroc un leader régional en matière de digitalisation d'ici 2030.