Après des mois de travail, la stratégie numérique, tant attendue, a fini par voir le jour. La simplification et la qualité des services administratifs demeurent l'axe majeur de développement. L'ambition est de créer 240.000 emplois directs dans le secteur numérique et de contribuer au PIB à hauteur de 100 milliards de dirhams. La stratégie numérique est avant tout une histoire humaine. C'est la vocation sur laquelle la ministre de la Transition numérique, Ghita Mezzour, a insisté dans son allocution lors de la grand-messe du lancement de «Digital Morocco 2030». Un événement attendu par toutes les parties prenantes, aussi bien publiques que privées, lesquelles, d'ailleurs, n'ont pas manqué à l'appel pour participer à la cérémonie de lancement. En préambule, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a rappelé le rôle crucial que joue le déploiement de cette feuille route qui a pour principal objectif d'apporter de la transparence à la gouvernance administrative, mais également de permettre de gagner en qualité de service et, par voie de conséquence, d'ériger le Maroc en un hub digital, notamment en Afrique, pour accélérer le développement social et économique du Royaume, en déployant les moyens nécessaires et les technologies de pointe les plus innovantes. Dans cette optique, le Maroc ambitionne de passer de la 100e à la 50e place mondiale d'ici 2030. L'humain au centre du dispositif La nouvelle stratégie nationale, qui met au cœur de ses préoccupations l'humain, dans les différentes dimensions, a pour principal objectif de faire du numérique un levier social tout en assurant un service de qualité dont les caractéristiques principales sont la réduction des délais, la facilitation des démarches administratives, et la satisfaction des usagers. L'ambition est de créer 240.000 emplois directs dans le secteur numérique et de contribuer au PIB à hauteur de 100 milliards de dirhams. Pour y parvenir, Digital Morocco 2030 s'articule autour de trois principaux axes. Il s'agit de la digitalisation et de la simplification des services publics pour les citoyens et pour les entreprises, lesquels seront regroupés dans un seul et unique portail. Selon la ministre de tutelle, ce dernier sera mis en route incessamment. À noter qu'aujourd'hui, les administrations publiques comptent 600 services (300 pour les citoyens et 200 pour les entreprises). «Pour cette démarche, il est question d'utiliser une méthodologie centrée sur l'usager, en adoptant une approche parcours pour faciliter l'accès au niveau de toutes les régions. Il s'agit de réduire la fracture et non pas de l'aggraver. Pour ce faire, le cadre juridique est à renforcer. Dans ce sens, le travail est mené avec le Secrétariat général du gouvernement sur des décrets et des lois, lesquels permettent à tous les Marocains de bénéficier du digital. Je tiens à préciser que cette stratégie a été conçue par les Marocains et pour les Marocains, il est ainsi crucial de mener un engagement mutuel pour atteindre les objectifs, voire les dépasser», précise Ghita Mezzour. Un levier de croissance Le second axe consiste à dynamiser l'économie numérique, en créant de l'emploi et de la valeur. L'accent est mis sur trois leviers majeurs, l'outsourcing et le digital export, les startups et la digitalisation des entreprises. Pour l'outsourcing, le ministère vise à propulser davantage ce secteur en pleine mouvance et atteindre un revenu à l'export de 25 MMDH en 2026, et de 40 MMDH en 2030. Parallèlement, l'objectif est de créer 140.000 nouvelles opportunités d'emploi, portant le nombre total d'emplois de 130.000 en 2022 à 270.000 à la fin de la décennie. Pour développer un vivier de talents capables de répondre aux exigences croissantes du secteur, des initiatives ont été lancées. Parmi elles, la prime à l'emploi et la refonte de la prime à la formation, corrélées à des avantage fiscaux. L'infrastructure n'est pas en reste. Des centres adaptés à l'outsourcing et au digital export seront développés à travers la création de parcs nearshore au niveau de toutes les régions. La promotion du Maroc, en tant que destination privilégiée pour les entreprises internationales, sera intensifiée via des événements de grande envergure tels que le Gitex Africa. A cet égard, la ministre assure que d'autres suivront. Un autre volet est dédié aux startups. Un écosystème qu'il faudra stimuler fortement eu égard au rôle crucial qu'il joue en tant que moteur d'innovation et catalyseur de croissance. La stratégie numérique mise ainsi sur la mise en place de nouveaux mécanismes notamment en matière de financement et d'accompagnement durant tout le cycle de vie de la startup et non plus à des phases bien précises. D'où le fait d'instaurer une bourse de vie, laquelle est en cours de déploiement. In fine, il est nécessaire de renforcer l'accès des startups aux marchés publics, notamment en introduisant une préférence nationale pour les solutions «Made in Morocco». La même dynamique de digitalisation touche les entreprises. Afin de booster cette transition. des programmes sont en gestation, parmi eux la mise en place d'un label PME Tech. Toutefois, pour mener à bien cette stratégie nationale, le département de tutelle s'appuie sur des catalyseurs, à savoir les talents, le cloud et la connectivité. Pour les talents, il est question de renforcer la formation avec la perspective de déployer un vivier de 100.000 talents par an à l'horizon 2030, comprenant la reconversion de 50.000 d'entre eux vers des métiers numériques. Pour le cloud, une offre de service au Maroc sera instaurée. S'agissant de la connectivité, le «Plan national du haut débit II», qui vient d'être initié, vise à étendre la couverture numérique à 1.800 localités identifiées, à l'horizon 2026. Il est également question d'élargir la couverture 5G à hauteur de 70% de la population marocaine d'ici 2030. Et la mise en marche de la stratégie ne s'est pas faite attendre. En effet, la cérémonie a connu la signature de trois conventions de partenariat. La première avec les opérateurs du secteur de l'outsourcing. Une autre avec le ministère de l'Enseignement supérieur pour l'octroi de 550 bourses au profit des doctorants en numérique, d'un montant de 7.000 DH par mois durant trois ans. La dernière a été conclue avec le ministère de l'Inclusion économique. Ghita Mezzour Ministre de la Transition numérique «Il s'agit de réduire la fracture et non pas de l'aggraver. Pour ce faire, le cadre juridique est à renforcer. Dans ce sens, le travail est mené avec le Secrétariat général du gouvernement sur des décrets et des lois, lesquels permettent à tous les Marocains de bénéficier du digital. Je tiens à préciser que cette stratégie a été conçue par les Marocains et pour les Marocains, il est ainsi crucial de mener un engagement mutuel pour atteindre les objectifs, voire les dépasser». Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO