Au Maroc les interrogations quant au nouveau sous-variant du coronavirus (issu du variant Omicron), EG.5, baptisé Eris du nom de la déesse grecque de la discorde, taraudent les esprits. Faut-il alors s'inquiéter de ce nouvel intrus qui semble vouloir semer une pagaille estivale à quelques semaines de la rentrée. Pourtant en brossant le portrait de ce sous-variant en pleine ascension, force est de noter qu'Eris pour l'heure ne semble poser qu'un faible risque pour la santé au regard des premières données en provenance de Grande-Bretagne, aux États-Unis ou encore en Asie. Pour l'instant, 51 pays ont rapporté au total 7354 cas de COVID-19 associés au sous-variant Eris. En date du 7 août, la Chine comptait à elle seule près du tiers des cas associés à Eris dans le monde, soit 2273. Suivaient les États-Unis avec 1356 cas, la Corée du Sud avec 1040 cas, le Japon avec 814 cas... Bien que la gravité des infections provoquées par Eris ne semble pas pire que pour les autres sous-variants d'Omicron, l'OMS garde EG.5 à l'œil en raison de sa propagation rapide sur la planète. Seulement entre fin juin et fin juillet, la proportion de cas de COVID-19 dus au nouveau venu est passée de 7,6 % à 17,4 % dans le monde. Au Royaume on prend le problème à bras-le-corps et le ministère de la Santé et de la Protection sociale s'est pourvue en une note interne (circulaire 77 en date du 11 août) adressée aux directeurs régionaux et dont l'objet n'est ni plus ni moins « Veille et Riposte à Covid-19 ». Le ministre Khalid Ait Taleb y appelle entre autres à renforcer les plans d'actions de la vaccination ant-SARS-CoV2. Le docteur Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, sollicité par Hespress.fr rassure tout en donnant néanmoins des recommandations face à l'assaut si l'on peut dire ainsi, de ce sous-variant très contagieux et qui se propage à une vitesse fulgurante.
« Pas de quoi s'inquiéter, la vie va continuer. Le message ? De prime abord, il ne faut pas s'inquiéter, il n'y a pas de quoi. La vie va continuer de manière normale. Il n'y a pas de menace sur le système de santé, il n'y a pas non plus de cas de gravité et de décès », dira-t-il. Le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé dans sa lancée recommande cependant l'extrême vigilance pour certaines catégories de la population, et plus particulièrement aux personnes vulnérables auxquelles un « special care » doit être de mise. « C'est un groupe de la population qui doit faire très attention ». Et le docteur Tayeb Hamdi de s'interroger sur la popularité grandissante d'Eris : « Pourquoi donc ce nouveau variant, fait parler de lui ? Parce que ce sous-variant qui a été détecté au mois de mars dans les pays d'Asie et se propage très, très vite et est devenu majoritairement dominant dans certains pays, tout en étant en train de le devenir dans d'autres. Non seulement il est plus contagieux, mais il a aussi une capacité qui lui permet de déjouer l'immunité, que l'on a acquise soit par la vaccination, soit par la maladie. Cela signifie que les personnes ayant déjà été vaccinées ou qui ont déjà contacté la maladie, peuvent l'attraper une fois de plus ». Pour autant, poursuit-il, « cela ne veut pas dire que les personnes ne sont pas protégées, l'immunité acquise à travers la vaccination et les infections antérieures nous protège hautement contre les formes graves et contre, les décès. Aussi la conduite à tenir (CAT) face aux symptômes qui restent les mêmes, (céphalées, maux de tête, maux de gorge, fatigue, fièvre... est propre à tout en chacun et consiste à rester chez soi, porter un masque et éviter de contaminer les autres ». Le Dr Hamdi dira encore « Pour les personnes vulnérables qui ont plus de 65 ans, les femmes enceintes, les personnes malades, qui ont des comorbidités, tension, diabète, obésité, cancer ou autres à l'immunité affaiblie, en cas de symptômes, il faut agir très rapidement, se faire tester. Si le test est positif, ils doivent bénéficier d'un traitement antiviral sous forme de comprimés qui comprend 3 à 5 jours au maximum après le début des symptômes. C'est la garantie d'une protection jusqu'à 90% contre les formes graves et les décès pour ce groupe de personnes vulnérables ». Le Dr Tayeb Hamdi quant à la question de la dangerosité de ce sous-variant et de sa virulence, est d'un niet catégorique ! « Jusqu'à maintenant, le virus se propage très vite, c'est vrai, mais on n'a pas enregistré de cas grave ou de décès plus que les autres sous-variants. Bien sûr, on peut toujours supposer une vague ou une autre vaguelette avec la propagation du EG5 qui est plus contagieux. Il y a également d'autres facteurs qui entrent en jeu, festivités et autres rassemblements publiques ou familiaux, voyages, météo (tendance à s'enfermer chez soi avec ces chaleurs et les espaces clos sont responsables de 95% des cas de contamination) ... Il y a également, une immunité qui s'affaiblit, (le vaccin a déjà des mois,), et donc elle n'arrive pas à nous protéger suffisamment contre les infections. Aussi l'heure est plus que jamais à la vigilance, surtout pour les personnes vulnérables.