Le nouveau variant Omicron détecté en Afrique du Sud présente « un risque élevé » au niveau mondial, a alerté l'OMS ce lundi. Malgré les incertitudes qui planent encore au sujet de sa transmissibilité et sa virulence, voici cinq choses à savoir sur le variant Omicron. Eclaircissements avec Dr. Tayeb Hamdi, médecin généraliste et chercheur en politiques et systèmes de santé. 1. D'où vient ce variant? Des chercheurs sud-africains ont annoncé le 25 novembre avoir identifié le variant B.1.1.529, baptisé Omicron le lendemain par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), aux mutations multiples et probablement très transmissible. Près des trois quarts des cas de covid signalés récemment en Afrique du Sud sont dus au variant Omicron. En quelques jours, les chiffres ont augmenté et devraient dépasser les 10.000 contaminations quotidiennes d'ici la fin de la semaine, a mis en garde lundi l'épidémiologiste sud-africain Salim Abdool Karim. Selon Dr. Tayeb Hamdi, ce variant a émergé dans une province surpeuplée qui concentre plus de 80% des cas covid du pays dont la couverture vaccinale est de moins de 24%. Malgré les données encore inconnues, l'OMS a qualifié ce variant de «préoccupant» et a affirmé ce matin qu'il présentait « un risque élevé » au niveau mondial. 2. Omicron est-il plus transmissible et virulent? Lors de l'apparition d'un nouveau variant, les chercheurs cherchent à connaître les quatre données suivantes: sa transmissibilité, sa virulence, sa capacité à être diagnostiquée par les méthodes classiques et sa résistance aux vaccins actuels. « Pour l'instant, on n'a pas de réponse définitive mais les indicateurs sont inquiétants », commente Dr. Hamdi. Dans le même sens, l'OMS explique que selon les données préliminaires, le variant Omicron présente « un risque accru de réinfection » par rapport aux autres variants dont le Delta, dominant et déjà très contagieux. Mais l'institution onusienne ne sait pas encore si Omicron est plus facilement transmissible que d'autres variants. Lire aussi : Covid-19: le Maroc a pris les mesures nécessaires pour intervenir face au variant Omicron (Dr Hamdi) Les chercheurs ont montré que ce variant cumule une trentaine de mutations contrairement aux autres qui en avaient beaucoup moins. « On sait que sur ces 30 mutations, une dizaine se situent sur une partie sensible du virus liée à la transmissibilité et l'immunogénicité », explique Dr. Hamdi faisant référence à la protéine Spike. Ce dernier point suscite donc des inquiétudes quant à l'efficacité du vaccin contre ce nouveau variant. « On risque de voir certaines résistances aux vaccins qu'on utilise actuellement », prévient Hamdi. Au niveau de la virulence, aucune différence n'a été observée actuellement. Pour le moment rien ne peut être affirmé avec certitude, il faut attendre de plus amples informations qui seront disponibles dans les jours et semaines à venir. Dimanche, l'organisation basée à Genève a indiqué dans un communiqué que « les tests PCR (…) continuent de détecter l'infection, y compris l'infection par Omicron ». 3. Qui sont les personnes touchées? « Ce variant toucherait presque exclusivement les personnes non-vaccinées, d'après les premières constatations, parmi lesquelles les deux tiers ne sont pas du tout vaccinées, et la majorité écrasante du tiers restant ont reçu une seule dose, d'où l'intérêt de se faire vacciner », affirme Dr. Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé. « On observe aussi que ce variant touche davantage les jeunes mais c'est normal car ce sont les plus mobiles, qui ont le plus de contacts, donc la propagation commence souvent chez cette population », poursuit le médecin. 4. Ce nouveau variant présente-t-il des dangers pour le Maroc? « Le Maroc a déjà pris les mesures nécessaires pour réduire le risque d'importer ce nouveau variant dans notre pays mais ces mesures restent insuffisantes, car un variant plus transmissible, quoi qu'on fasse, va toucher toute la planète », prévient Dr. Hamdi. Si le Maroc a suspendu tous ses vols pendant deux semaines, c'est pour attendre et évaluer les données sur le nouveau variant Omicron. « On a besoin de deux semaines de travaux dans les laboratoires pour savoir à quel degré ce variant serait dangereux », explique-t-il, insistant sur l'importance de ces mesures pour freiner et retarder l'entrée du variant au Maroc en attendant de voir si les vaccins doivent être mis à jour ou pas. « Le seul moyen d'éviter des complications avec ce nouveau ou d'autres variants est de respecter les gestes barrières, même pour les personnes vaccinées. Moins le virus circule, moins on a de mutations et de nouveaux variants », rappelle l'expert qui propose plusieurs scénarios. « Si ce variant est plus transmissible que Delta de 10 ou 20%, le paysage actuel de l'épidémie ne devrait pas vraiment changer. Si on a une transmissibilité de plus de 50%, ce virus va s'étendre et remplacer Delta partout dans le monde, cela va raviver la pandémie et on sera témoin de nouvelles vagues. Si ce variant est résistant au vaccin, il va affaiblir son efficacité mais pas l'annuler complètement. Il sera peut-être efficace à un certain degré mais on ne connaît pas encore ce degré. Les chercheurs travailleront alors à rendre les vaccins plus efficaces contre les nouveaux variants et ça prendra du temps », détaille le médecin. 5. Faut-il aller faire sa troisième dose de vaccin anticovid? Selon Dr. Hamdi, il faut aller se faire vacciner rapidement pour les non-vaccinés et pour ceux qui n'ont pas encore reçu leur troisième dose. « Les deux doses sont efficaces dans les essais cliniques. Dans la vie réelle, et après administration de plus de sept milliards de doses dans le monde, on a la certitude scientifique que le schéma vaccinal de la covid-19 est plutôt trois doses et non pas deux ou une. Les trois doses seront le régime standard de vaccination anticovid », affirme Dr. Hamdi. Et de conclure: « Cela permet de briser les vagues du covid-19 en réduisant la circulation du covid-19. Cette dose booste l'immunité et protège davantage les personnes complètement vaccinées, et leur confère surtout une immunité en mesure de les protéger même à l'épreuve de nouveaux variants et mutations. C'est une solution qui va nous permettre de résister en attendant de voir d'autres solutions si jamais le ou les nouveaux variants semblent résistants au vaccins habituels. Il faut se vacciner, hésiter trop longtemps permet l'émergence de nouveaux variants et à la pandémie de se répandre dans le temps ».