A défaut de s'asseoir à table et de vraiment redéfinir les relations entre le Maroc et l'Espagne comme l'a exprimé lors du discours du 21 août dernier, le roi Mohammed VI et, où la volonté royale avait fait état de la nécessité de renouer avec la relation bilatérale fondée sur « la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements ». Malheureusement, plus de deux mois après, les autorités marocaines et espagnoles en sont toujours aux balbutiements d'usages d'une crise diplomatique que l'on estime dépassée mais qui en réalité n'a de cesse de persister, en l'absence d'un dialogue franc disant concrètement les choses. Un regard de faïence qui en dit long car, dans les aspects pratiques, la situation stagne telle qu'était à son éclatement avec l'affaire Ghali. Voyons voir, les frontières terrestres de Sebta et Melilla sont fermées depuis plus d'un an et demi et l'avènement de Dame Covid, notre ambassadrice à Madrid, Karima Benyaich, est toujours à Rabat depuis mai dernier, les liaisons maritimes sont toujours suspendues au contraire des vols qui, qui en dépit de menues contraintes de part et d'autre, demeurent. On ne vous en conte pas de l'immigration qui fâche des deux côtés de la rive et cerise sur le gâteau, le sommet bilatéral entre le Maroc et l'Espagne devrait attendre encore un peu. Il s'en réfère pour cela aux calendes grecs. En somme, rien de nouveau sous le soleil de la crise entre le Maroc et l'Espagne dont les relations économiques sont au summum des liens qui les lient. La situation de crise ou de froid qui avait débuté avec la fermeture des frontières terrestres en a coûté aux deux Royaumes nous dit pour sa part El Pais. Le média nous attribue, du reste et, volontiers, les dégâts économiques causés aux enclaves occupées de Sebta et Melilla, qu'il a qualifiés « d'asphyxie économique » en enrayant soudainement le soi-disant portage ou « commerce atypique ». Ce n'est qu'en 2020 que les villes ont cessé de verser respectivement 14,4% et 70% de l'IPSI (l'impôt sur la production, les services et les importations, équivalent à la TVA), croit-il savoir. Ce qui a signifié plus de 18 millions d'euros de moins pour les coffres de Sebta et environ 50 millions d'euros de moins de collectés à Melilla. Le Maroc pour sa part met cette fermeture de frontières sur le compte de la pandémie de la Covid-19. El Pais reproche, au Maroc d'avoir en outre exclu l'Espagne des opérations Marhaba 2020/2021. Les « ports de Sebta et Melilla ont perdu entre 5,5 et 6 millions d'euros par an chacun en 2020 et 2021 », en raison de la suspension de ladite opération, renchérit le canard qui ne prend le temps de définir sur ce que cela a coûté au Maroc ni aux autres régions espagnoles. Le media croit savoir que les relations entre les deux pays se sont détériorées après que, le 10 décembre 2020, le président américain de l'époque, Donald Trump, ait décrété la marocanité du Sahara. La première mesure du Maroc poursuit-il a été de suspendre la réunion de haut niveau ou le sommet bilatéral prévu le 17 décembre occultant au passage la déclaration de Laya et qui passe pour en être une officielle de l'Espagne. Cette même Laya qui fit des mains et des pieds en avril pour accueillir Brahim Ghali aggravant encore plus la crise. Un manque évident de clairvoyance diplomatique. El Pais en déplore même que son remplaçant, José Manuel Albares, n'ait pas encore été reçu à Rabat. La crise diplomatique, si l'on se fie encore au média et à un article paru en juillet dernier, qui altère l'équilibre relationnel entre l'Espagne et le Maroc, repose sur « deux dossiers des plus épineux, le "Sahara occidental" et les deux enclaves Sebta et Melilla. Le Sahara nécessite la médiation de l'ONU et la solution peut prendre du temps ». Et de conclure « En attendant que la tension baisse de plusieurs degrés, le gouvernement de Sanchezaccélère un plan stratégique pour lutter contre "l'asphyxie économique" dans les enclaves ».