Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a évité de répondre franchement à la main tendue du Roi Mohammed VI, dans une déclaration à la presse, dimanche soir. Le chef d'Etat algérien semble chercher à continuer à entretenir les relations exécrables entre les deux pays et légitimer l'omniprésence de l'institution militaire au sein du pays. Alors que le Roi Mohammed VI a une fois de plus tendu la main aux dirigeants algériens en leur proposant d'enterrer la hache de guerre et de régler les problèmes et les discordes qui minent le rétablissement de relations normales entre les deux pays, l'Algérie continue à vouloir entretenir cette brouille. Le Roi Mohammed VI a consacré la moitié de son discours commémoratif de 22 ans de son accession au Trône en juillet, pour parler des relations avec l'Algérie, en évoquant deux pays non pas frères, mais jumeaux qui ont été séparés. Au sujet de la réouverture des frontières, le souverain a rappelé qu'il s'agit d'une décision qu'il n'a pas prise et dont ni lui ni les actuels dirigeants en Algérie ne sont responsables, invitant la partie algérienne à discuter des moyens de régler cette question. De son côté, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait évoqué le sujet de la fermeture des frontières à plusieurs reprises, même en n'étant pas président. Récemment, il avait affirmé dans l'un de ses deux dernières interviews accordées au Point et Al Jazeera (avant les législatives) que les relations entre les deux pays étaient bonnes même lorsque l'Algérie faisait la promotion du séparatisme au Maroc dans le dossier du Sahara, notamment sous l'impulsion du Roi Hassan II et le président algérien Chadli, avant que les frontières ne soient fermées en 1994 après les attentats ayant visé le Maroc. L'entraineur de football marocain Badou Zaki qui avait offert la coupe d'Algérie au club Chabab Bel Ouzdad en 2017 avait également interpellé Abdelmadjid Tebboune à ce sujet en lui demandant de rouvrir les frontières. Dans une dernière interview accordée à la chaine qatarie, le chef d'Etat algérien avait même affirmé être disposé à s'assoir autour d'une table pour dialoguer avec le Roi Mohammed VI, sans qu'il ne cite toutefois son nom. Dimanche, en répondant à une question d'un journaliste au sujet de la nouvelle main tendue du Roi Mohammed VI pour la réconciliation avec l'Algérie, sans surprises, a évité de répondre. « Un diplomate marocain a fait des déclarations graves, suite à quoi nous avons convoqué notre ambassadeur à Rabat pour consultation, et avons avisé d'aller plus loin, mais aucune réaction n'a émané du Maroc », a-t-il déclaré. Le président algérien s'est caché derrière la récente nouveauté dans le dossier des relations entre les deux pays, évoquant la circulaire du représentant permanent du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, qui avait interpellé lors de la conférence des non alignés, sur le droit du peuple kabyle à l'autodétermination, et cela, en réaction à une nouvelle provocation de la partie algérienne sur la Sahara marocain. La nouvelle avait été très mal accueillie à Alger qui a vivement réagi à travers un communiqué et avait même rappelé son ambassadeur accrédité à Rabat. Pourtant, le message du diplomate marocain à travers cette circulaire était subtil et a surtout cherché à montrer à l'Algérie son hypocrisie face au séparatisme, en cherchant d'un côté, à déstabiliser la souveraineté d'un Etat voisin, et d'un autre, en faisant taire toute velléité indépendantiste chez les Kabyles. Le Maroc s'était retenu jusqu'ici de répondre à l'Algérie par la pareille et d'évoquer cette réalité, au moment où Alger n'a eu de cesse de défendre les séparatistes sahraouis au Maroc, déjà en les créant, mais ensuite en les logeant, les finançant, en leur fournissant des armes, et en plaidant leur cause à chaque manifestation internationale, toujours dans l'idée de vouloir amputer le Maroc. Il faut rappeler que c'est l'Algérie qui a manigancé l'entrée de cette organisation terroriste au sein de l'Union africaine et continue à plaider pour les intérêts des milices du polisario, comme en avril lorsque Abdelmadjid Tebboune lui-même a organisé en catimini le voyage médical illégal du chef du polisario, Brahim Ghali en Espagne, sous une fausse identité, alors que ce dernier était recherché pour plusieurs affaires depuis 2008 pour crimes de guerre. Cet empêtrement jusqu'au cou de l'Algérie dans le culture de la division au Maroc et dans la promotion du séparatisme au profit d'un groupe terroriste reconnu, est perçu comme normal à Alger. Mais dès qu'il s'agit de rappeler à l'Algérie qu'il existe un mouvement revendiquant son indépendance depuis de nombreuses années, à savoir les Kabyles, et qui est contrairement au polisario, un mouvement non hostile, non armé et qui n'a pas de sang sur les mains, à ce moment-là, Alger ne l'accepte pas. Et après avoir cultivé le menace terroriste et séparatiste contre le Maroc depuis plus de 30 ans, le président Tebboune est allé plus loin dans ses récentes déclarations mensongères, en allant jusqu'à inverser les rôles et dire que c'est le Maroc qui aurait un problème avec l'Algérie. « C'est plutôt le Maroc qui a des problèmes avec nous », avait-il répondu au journaliste de la chaîne Al Jazeera qui lui avait signifié l'acharnement algérien contre le Maroc. Dans ses récentes attaques contre le royaume voisin, le président algérien avait déjà montré des signes de grand manque de respect pour le peuple marocain et la monarchie envers laquelle les Marocains sont intimement attachés. « La rupture avec le Maroc –et je parle de la monarchie, pas du peuple marocain, que nous estimons– remonte à tellement longtemps qu'elle s'est banalisée », avait-il commenté lors d'une interview accordée au Point. Et d'aller jusqu'à estimer que le Sahara marocain et ses habitants -qui ont prêté allégeance aux Rois marocains comme l'ont fait toutes les autres régions constitutives du royaume- ne seraient pas marocains en comparant cela à un cadeau qui serait, selon lui, impensable à « offrir » au Roi Mohammed VI, sans oser le nommer, et démontrant une fois de plus le parti pris de l'Algérie dans le dossier du Sahara. « Comment peut-on penser offrir à un monarque un territoire entier, avec toute sa population? Où est le respect des peuples? », avait-il déclaré dans une attaque sortant des clous diplomatiques, oubliant que lui-même ne respecte pas la population algérienne qu'il condamne à tort et à travers pour avoir manifesté son désir d'indépendance de l'institution militaire et son souhait de démocratie, et qu'il a récemment classé le Mouvement pour l'indépendance de la Kabylie comme une organisation terroriste.