Dans un entretien, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a ignoré l'appel lancé par le roi Mohammed VI visant à tourner la page des différends, préférant insister sur les propos du Représentant du Maroc auprès des Nations unies évoquant «l'autodétermination de la Kabylie». Après le chef de l'armée algérienne, Saïd Chengriha, c'est au tour du président algérien Abdelmadjid Tebboune de rompre le silence, au lendemain de l'appel lancé par le roi Mohammed VI. Dans son discours à l'occasion de la Fête du Trône, le souverain a appelé à tourner la page des différends entre le Maroc et l'Algérie, et à travailler ensemble pour développer les relations. Plutôt que d'évoquer cet appel adressé à ce pays, Abdelmadjid Tebboune a ainsi préféré, dimanche lors d'une interview accordée à des médias algériens, s'attarder sur les propos récents du Représentant du Maroc auprès des Nations unies, Omar Hilale, évoquant «l'autodétermination de la Kabylie». Sans répondre directement à une question sur sa position quant à l'initiative marocaine, il a indiqué que son pays «attend des éclaircissements du Maroc sur les déclarations de l'ambassadeur du Royaume aux Nations unies». Le président algérien a estimé que ces propos étaient «dangereux». «Un diplomate marocain a dit des choses graves, sur la base desquelles nous avons convoqué notre ambassadeur à Rabat, pour des consultations. Nous avons dit que nous irions plus loin, mais il n'y a eu aucune réponse du Maroc.» Abdelmadjid Tebboune Le ministère algérien des Affaires étrangères a précédemment annoncé, dans un communiqué, que l'ambassadeur d'Algérie à Rabat a été convoqué pour «consultation» en raison de «l'absence de toute réponse positive et appropriée de la partie marocaine». Le département de Ramtane Lamamra n'a pas exclu de «prendre d'autres mesures, en fonction de l'évolution de cette affaire». Lors de la rencontre virtuelle du Sommet du Mouvement Non Allignés, en juillet dernier, Omar Hilale a appelé à «l'indépendance du peuple kabyle», en réponse au discours du chef de la diplomatie algérienne qui a évoqué le Sahara occidental et a appelé à «soutenir le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui», lors de la même réunion. L'Algérie propose d'accueillir une rencontre entre le Maroc et le Polisario Par ailleurs, lors de l'interview télévisée diffusée dimanche, Abdelmadjid Tebboune a réitéré le soutien de son pays au Front Polisario. «La question est entre les mains des Nations Unies et du comité de décolonisation», a-t-il déclaré. Présentant son pays comme simple observateur du conflit, il a avancé la disposition de l'Algérie à «accueillir toute rencontre entre la République arabe sahraouie démocratique et le Maroc» et à «mettre tout à leur disposition». Il a également assuré que l'Algérie «n'imposera aucune décision aux Sahraouis». Tebboune a également évoqué la position de son pays en Afrique, reconnaissant son déclin ces dernières années. Dans ce sens, il a assuré que son pays «revient à sa position normale», notamment sur les «vrais dossiers qu'il faut prendre en charge». L'occasion de citer les dossiers libyen, du Sahara occidental, palestinien et celui de l'Union africaine. Cette nouvelle sortie médiatique du président algérien fait suite à celle du chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire (ANP), Saïd Chengriha, qui avait abordé plutôt abordé «les complots et les manœuvres qui se trament contre l'Algérie», en réagissant au discours royal. Elle fait également suite à la campagne médiatique lancée par la presse algérienne depuis dimanche, pour mettre en doute l'initiative du roi Mohammed VI.