Les propos de Tebboune, prononcés lors d'un entretien à la presse nationale, surviennent un peu plus d'une semaine après le discours du roi Mohammed VI sur le normalisation des relations avec l'Algérie. Depuis le discours du roi Mohammed VI, il y a plus d'une semaine, sur la normalisation des relations entre le Maroc et l'Algérie, les prises de paroles d'Abdelmadjid Tebboune sur le sujet sont attendues avec un intérêt certain. Finalement, il n'a pas appuyé de sa approbation les intentions du souverain marocain. «Pour nous, il n'y avait aucune réaction après les "dangereuses" déclarations d'un diplomatique marocain [à l'ONU]», a ainsi déclaré le président algérien, dimanche 8 août, lors d'un entretien télévisé avec des médias nationaux, allusion faite aux propos de l'ambassadeur Omar Hilale sur le dossier de l'autodétermination kabyle, penchant de ce fait du côté de la junte militaire algérienne. La sortie de Tebboune est un témoignage subsistant encore de ce droit que l'armée prend sur le pouvoir civil. Alger a décidé, le18 juillet, de rappeler son ambassadeur à Rabat pour «consultations avec effet immédiat», sur fond de nouvelles tensions diplomatiques entre les deux pays, occasionnées par l'affaire du Sahara. «Ceux qui se piquent de servir l'Algérie par privilège n'ont d'autre souci que de lui créer des difficultés, de la conduire dans les chemins écailleux, de la compromettre par la confusion et le décousu d'une action politique livrée à tous les hasards d'une démarche agitatrice» avait déclaré un membre du MAK. Le rappel de l'ambassadeur marocain fait suite à l'initiative de «la représentation diplomatique marocaine à New York qui a distribué une note officielle aux pays membres du mouvement des non-alignés dans laquelle le Maroc "soutient publiquement et explicitement un prétendu droit à l'autodétermination du peuple kabyle"», avait indiqué le ministère algérien des affaires étrangères dans un communiqué. Durant une réunion du Mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New York, l'ambassadeur du Maroc aux Nations unies, Omar Hilale, a fait passer une note dans laquelle il estime que «le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l'autodétermination». Une ligne rouge pour le régime politico-militaire qui s'oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone frondeuse du nord-est de l'Algérie. Ce n'était pas la première fois qu'un diplomate marocain exprime son soutien aux revendications kabyles, alors que l'appui apporté par Alger aux séparatistes du Polisario est de plus en plus critiqué. Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste) a été classé le 18 mai par le pouvoir algérien comme «organisation terroriste». En marge de la sortie de M. Hilale, le ministère algérien des affaires étrangères a publié un communiqué enjoignant «le Royaume du Maroc de clarifier sa position définitive sur la situation d'une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York». «En l'absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a été décidé aujourd'hui, le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l'ambassadeur d'Algérie à Rabat, sans préjudice d'autres mesures éventuelles en fonction de l'évolution de cette affaire», avait avertit le communiqué algérien. Depuis la polémique, Rabat n'a pas réagi. Sur les réseaux sociaux, de très nombreux internautes et sites ont également défendu l'unité territoriale de l'Algérie tout en appelant à mettre fin à l'interventionnisme algérien dans les affaires marocaines. La reprise des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël a encore avivé les dissentions avec l'Algérie, laquelle promeut un discours belliqueux et complotiste, voire antisémite, sur ce point. De son côté, le Maroc considère l'Algérie comme «une partie prenante réelle du conflit» au Sahara.