Une gouvernance kabyle dans le cadre interne de l'Algérie est un cauchemar pour le régime. L'option souverainiste a été évoquée, ou en tous cas renforcée, par l'inflexibilité du gouvernement central et par la gestion calamiteuses des revendications amazighes. Le Maroc rappelle les faits, la diplomatie algérienne pérore sans fin. Le représentant du Royaume du Maroc a même exprimé dans le cadre de la 70e session de l'Assemblée générale de l'ONU, le 27 octobre 2015, le soutien de Rabat au droit du peuple kabyle à l'autodétermination, position réitérée le 15 juillet 2021 et qui a suscité l'ire de la diplomatie algérienne. Les dernières percées marocaines dans le dossier du Sahara ont été pour les Algériens une occasion de donner libre cours à leur mépris à l'égard du Maroc dans leurs appréciations d'ensemble. L'ex-diplomate Ramtane Lamamra, déjà chargé de la politique extérieure sous le président Abdelaziz Bouteflika, ressuscité par le régime de Tebboune après une longue traversée de désert, reprend le ton martial avec le Maroc. «La représentation diplomatique marocaine à New York a fait distribuer à tous les pays membres du Mouvement des Non-Alignés une note officielle dont le contenu consacre formellement l'engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l'Algérie, à travers un soutien public et explicite au droit à l'autodétermination du peuple kabyle qui, selon ladite note, subirait la plus longue occupation étrangère» a déclaré la diplomatie algérienne dans un communiqué, vendredi 16 juillet. «Cette même communication, poursuit le communiqué, heurte frontalement les principes et les accords qui structurent et inspirent les relations algéro-marocaines. Elle constitue une violation flagrante du droit international et de l'acte constitutif de l'Union africaine (sic!)» Dans une intervention lors d'une réunion virtuelle du MNA, jeudi 15 juillet 2021, Omar Hilale avait épinglé l'Algérie «fervente défenseur du droit à l'autodétermination, et qui refuse ce même droit au peuple kabyle, l'un des peuples les plus anciens d'Afrique, qui subit la plus longue occupation étrangère». «L'autodétermination n'est pas un principe à la carte. C'est pourquoi le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l'autodétermination», avait pointé le diplomate marocain. Certaines personnalités publiques kabyles déclarent sans ambages qu'il faut reconnaître le mouvement pour l'autonomie de la Kabylie. Lors d'une réunion du Haut-Conseil de sécurité (HCS), qui regroupe les principaux hauts responsables de l'Etat, notamment le premier ministre, le ministre des affaires étrangères, son collègue de l'intérieur et le chef d'état-major de l'armée et le patron de la gendarmerie, le régime algérien a diffusé un texte où il a déclaré le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), interdit, et le mouvement islamo-conservateur Rachad, qui n'a pas d'existence légale en Algérie, comme organisations terroristes. Avec un seul objectif : tuer dans l'œuf toute opposition sérieuse. Basé à Paris, le mouvement du MAK, né dans le sillage du «Printemps kabyle» de 2001, est une des bêtes noires du régime qui l'accuse de visées «séparatistes». La Kabylie est une région berbérophone du nord-est de l'Algérie traditionnellement frondeuse vis-à-vis du régime très centralisé. Elle est un des fiefs du Hirak. Le régime algérien s'intéresse aux affaires marocaines au moins autant qu'à ses propres affaires. C'est un trait distinctif de son esprit ; c'est aussi le caractère spécifique de ses relais. Ils sont faits pour affabuler, non pour instruire. Un régime qui s'endort dans ses illusions, qui reste exposé aux emportements d'un patriotisme aveugle, aux colères funestes, à des coups de passion, à des réactions épidermiques. Cette fois la leçon ont a été rude, et le Maroc ne néglige aucune occasion de nous rappeler l'importance de la souveraineté nationale. Afin que nul n'en ignore et que nul ne s'y méprenne, Omar Hilale, avec un répondant vigoureux, à rappeler aux Algériens qu'il s'agissait de se heurter à tout un peuple et à une nation entière en finançant les milices du Polisario. Il est rappeler que le Maroc a affirmé à maintes reprises maintenir une attitude «de non-ingérence» par rapport aux manifestations massives dans l'Algérie qui continuent jusqu'a ce jour. «Le royaume marocain a décidé de se tenir à une attitude de non-ingérence par rapport aux récents développements en Algérie, et s'est abstenu de tout commentaire à ce sujet», a déclaré à l'époque le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita. «Le Maroc n'a ni à se mêler des développements internes que connait l'Algérie, ni à les commenter», a-t-il ajouté. L'Algérie, elle, n'a pourtant que des paroles d'inimitié envers le Maroc.