Après l'intervention hostile du nouveau ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, sur la question de l'intégrité territoriale, lors du débat général de la réunion ministérielle du Mouvement des Non-Alignés, l'ambassadeur permanent du Maroc à l'ONU, Omar Hilale, a relevé la profonde contradiction du voisin de l'Est, notamment en ce qui concerne le droit à l'autodétermination, évoquant les revendications légitimes du peuple Kabyle. Sans surprises, le nouveau Chef de la diplomatie algérienne a abordé la question du Sahara marocain, lors de sa première déclaration dans un fora international, depuis sa récente nomination, et ce, bien que le dossier ne fût, ni inscrit à l'ordre du jour de la réunion, ni en liaison avec son thème. Si majorité des ministres ont zoomé sur les efforts multilatéraux consentis par les Etats pour répondre aux défis mondiaux pressants, notamment les conséquences sanitaires et socio-économiques de la pandémie, l'Algérie, qui fait du Sahara un axe prioritaire de sa diplomatie, a préféré une fois de plus se pencher sur les affaires internes du Maroc, sachant qu'elle fait face à plusieurs défis alarmant et qui méritent beaucoup plus l'attention de la communauté internationale, tels que la pénurie de l'eau, récession économique, hausse du chômage, mouvements de protestation...et la liste n'est pas exhaustive.
En réactions des propos de Lamamra qui n'a pas manqué l'occasion de revendiquer le droit à l'autodétermination en faveur du Polisario, Omar Hilale n'y ait pas allé de main morte en indiquant que «cette république fantomatique, n'est qu'une entité fictive, créée, financée, armée et entretenue par l'Algérie, afin de mettre en œuvre son agenda géopolitique régional». Exerçant le droit de réponse, le diplomate a précisé dans une note adressée à la présidence azérie du Mouvement, et circulée à l'ensemble des membres, que «cette république fantomatique» ne dispose d'aucune reconnaissance « ni de facto ni de jure », « ni par le Conseil de sécurité de l'ONU, ni l'Assemblée Générale, ni le MNA, ni le G77+ Chine, ni l'Organisation de la Coopération Islamique, ni la Ligue Arabe, ni l'Organisation Internationale de la Francophonie, ni l'Union du Maghreb Arabe ».
Par ailleurs, Le Représentant permanent du Royaume à l'ONU a également remis sur la table le très épineux dossier du peuple Kabyle, en notant que le ministre algérien, qui «se dresse en fervent défenseur du droit à l'autodétermination, refuse ce même droit au peuple Kabyle, l'un des peuples les plus anciens d'Afrique, qui subit la plus longue occupation étrangère». Il a ajouté que «l'autodétermination n'est pas un principe à la carte. C'est pourquoi le vaillant peuple Kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l'autodétermination ».
Il importe de noter que la dernière fois que le Maroc a évoqué cette question remonte au 2 novembre 2015, à l'occasion des travaux de la troisième commission des Nations Unies, où la diplomatie marocaine avait appelé la communauté internationale à faire émerger les voix de huit millions de Kabyles trop longtemps maintenus dans le silence et dans l'invisibilité, notant que le peuple kabyle « doit être accompagné pour qu'il puisse jouir de ses droits légitimes à l'autodétermination et à l'autonomie ».