Pour Omar Hilale, la position psycho-statique de l'Algérie à l'égard du principe de l'autodétermination ne peut en aucun cas servir d'alibi pour camoufler ses graves violations quotidiennes des droits de l'Homme à Tindouf. L'Algérie revendique le principe d'autodétermination à partir de positions totalement contradictoires et intenables. D'une part, le pouvoir algérien soutient ce principe financièrement, diplomatiquement et militairement, non pour les populations du Sahara marocain, mais contre le Maroc et d'autre part, il le dénie par tous les moyens à ses propres populations locales tels que les Kabyles qui revendiquent leur droit à l'autodétermination culturelle et linguistique. C'est ce qu'a affirmé, mardi 8 juin, Omar Hilale, l'ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'Office des Nations Unies à Genève. Intervenant lors de la 14ème session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU (CDH), le diplomate marocain a mis, ainsi, à nu l'hypocrisie algérienne. «Cette posture dualiste et contradictoire n'est manifestement ni crédible, ni neutre, ni innocente. Elle est tout simplement l'expression d'une volonté hégémoniste algérienne qui ne dit pas son mot. D'où les amalgames sciemment entretenus et les lectures sélectives, tendancieuses et tronquées du sens, de la portée et de l'évolution du principe de l'autodétermination», a relevé M. Hilale dans le cadre de son intervention citée par la MAP. Dans le même esprit, Omar Hilale a souligné que l'Algérie, avocat intéressé du principe de l'autodétermination, le revendique également au nom d'acceptations fondamentalistes dépassées. L'intervention du diplomate marocain intervient moins d'une semaine après l'annonce par Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) de la mise en place d'un gouvernement provisoire pour permettre aux Kabyles victimes de la marginalisation politique et linguistique de prendre en charge leur propre destin (Voir encadré). «La position psycho-statique de l'Algérie à l'égard du principe de l'autodétermination ne peut en aucun cas servir d'alibi pour camoufler les graves violations quotidiennes des droits de l'Homme des populations marocaines séquestrées dans les camps de Tindouf», a fait observer M. Hilale à l'adresse du représentant de l'Algérie qui ne cesse de rappeler l'attachement d'Alger au principe d'autodétermination, ajoutant que «cette position ne doit pas non plus servir de prétexte pour menacer l'unité, la stabilité et l'intégrité territoriale du Maroc». «Il est inacceptable que le principe de l'autodétermination soit utilisé pour maintenir en otage, non seulement la population des camps de Tindouf, mais et surtout le développement et l'intégration économique et politique de toute la région du Maghreb», a noté M. Hilale, faisant observer que «le caractère évolutif des droits de l'Homme est foncièrement antinomique avec les interprétations sclérosées, obsolètes, et à sens unique du droit international et des principes de la Charte des Nations unies et est fondamentalement incompatible avec les lectures opportunistes visant à instrumentaliser les droits de l'Homme, pour favoriser un climat de tension, d'adversité et de méfiance régionale». Le diplomate marocain a souligné, par ailleurs, que l'autonomie constitue en droit international contemporain la forme la plus moderne et la plus démocratique de l'autodétermination. Selon M. Hilale, la négociation et la mise en œuvre de l'autonomie ont permis de résoudre plusieurs différends dans le monde, ouvrant la voie au développement de diverses expériences et modèles de partage des pouvoirs. Les Kabyles se dotent d'un gouvernement provisoire Le Mouvement prônant l'autonomie de la Kabylie a annoncé, mardi 2 juin, à Paris, la formation d'un gouvernement provisoire «pour ne plus subir l'injustice, le mépris, la domination» du gouvernement d'Alger, selon ses responsables. «Niés dans notre existence, bafoués dans notre dignité, discriminés sur tous les plans, nous nous sommes vus interdits de notre identité, de notre langue, et de notre culture kabyles, spoliés de nos richesses naturelles, nous sommes, à ce jour, administrés tels que des colonisés, voire des étrangers en Algérie», a dénoncé dans un communiqué Ferhat Mehenni, 59 ans, président du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK), formé en 2001. «Aujourd'hui, si nous en sommes à mettre sur pied notre gouvernement provisoire, c'est pour ne plus subir ce que nous endurons d'injustice, de mépris, de domination, de frustrations et de discriminations depuis 1962», date de l'indépendance de l'Algérie par rapport à la France, a-t-il ajouté. Les Kabyles militent depuis l'indépendance de l'Algérie pour la reconnaissance de leur langue et leur culture. Au total, les berbérophones d'Algérie (Kabyles, mais aussi habitants du Mzab et des Aurès) représentent 25 à 30% de la population algérienne.