La reconversion professionnelle n'est pas spécifique aux USA ou l'Europe. En effet, de plus en plus de Marocains décident de couper les ponts avec leurs carrières professionnelles, pour se lancer dans des projets propres, histoire d'être dans leur élément, mais surtout pour leur permettre d'accomplir leurs aspirations. Avec la mise en place du Fonds d'appui au financement de l'entrepreneuriat, les choses devraient être portées à un nouveau stade. L'entrepreneuriat national va profiter d'un boost important. En effet, suite à l'appel du roi Mohammed VI en octobre dernier, le ministère de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration (MEFRA), Bank Al-Maghrib (BAM) et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM) ont collaboré à la mise en place du Fonds d'appui au financement de l'entrepreneuriat, dont l'objectif est de faciliter l'accès au financement pour les porteurs de projets et les TPE. Dans ce sens, il a été décidé de mobiliser une enveloppe budgétaire de 6 milliards de dirhams sur une période de 3 ans, dont 50 % seront assuré par le MEFRA, alors que le reste sera assuré par BAM et le GPBM. Outre l'accompagnement financier, il s'agira notamment d'un accompagnement professionnel pour les intéressés, afin de développer le tissu économique national efficacement, tout en faisant la promotion de la culture de l'innovation et du risque auprès des petits acteurs économiques. La reconversion professionnelle, une chance de se redécouvrir La mise en place du Fonds devrait donc permettre à une certaine catégorie de concrétiser ses rêves, en permettant aux porteurs de projets et autres entrepreneurs de passer à l'acte. Toutefois, il faut être conscient du fait que l'entrepreneuriat est une vocation qui n'est pas donnée à tout le monde, dans la mesure où il faut disposer d'un business plan et d'une idée qui puisse répondre à un besoin sur le marché, sans quoi, il ne serait pas sage d'investir dans le vide. Cela dit, la reconversion professionnelle est bien une étape intéressante à franchir dans la vie. En rencontrant de nombreux entrepreneurs, Hespress FR a pu constater qu'il n'y a pas qu'un seul motif derrière le changement de carrière. En effet, Nadia, 27 ans, nous a indiqué qu'elle a décidé de passer d'un poste de responsable en ressources humaines au commerce. « J'avais mis de l'argent de côté durant mes années de travail au sein d'une entreprise casablancaise. Toutefois, je n'étais plus vraiment à l'aise dans mon environnement, vu la monotonie du travail. Du coup, j'ai décidé de tenter le tout pour le tout et je me suis lancé dans le commerce. Aujourd'hui, c'est mon gagne-pain au quotidien », nous a déclaré notre interlocutrice. Samira, 53 ans, était pour sa part dans l'enseignement, et a décidé de profiter de la vague de départ à la retraite anticipée pour se lancer en tant que traiteur à Rabat. Il faut sortir de sa zone de confort Si c'est exemples démontrent une chose, c'est qu'il n'y a pas d'âge ou de background spécifique pour le changement de carrière. Il suffit juste d'avoir l'esprit entrepreneurial pour franchir le pas. Dans ce sens, nous nous sommes entretenus avec Hicham Ouazi, responsable en recrutement, qui nous a expliqué que les gens se reconvertissent vers de nouveaux domaines ou secteurs d'activité pour différentes raisons. Ainsi, la reconversion professionnelle tiendrait source dans une absence d'orientation et des choix de carrière inadaptés aux aspirations des gens. « Les gens préfèrent rester dans leurs zones de confort en général. Certains démarrent leur parcours professionnel et continuent dans la même fonction du premier job occupé jusqu'à la retraite, par peur de se retrouver dans une situation peu avantageuse pour eux », nous explique notre interlocuteur. Par ailleurs, Ouazi nous a indiqué que, dans d'autres cas, les vraies compétences des gens ne sont pas utilisées au profit de leur développement personnel, indiquant que « parfois les gens occupent des postes opérationnels alors qu'ils ont des compétences en leadership et créativité ». Dans cette optique, les entrepreneurs et chercheurs de travail optent pour la reconversion afin de développer un profil transverse et multiculturel, voir même à s'orienter vers des métiers plus en avant sur le marché, notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Ce professionnel du recrutement nous a expliqué qu'il n'est pas toujours évident de se retrouver et connaitre sa passion, et que cela arrive, parfois, après avoir essayé des activités différentes. « J'ai eu une candidate âgée de 45 ans, directrice de projet avec un parcours fort en gestion de projet IT, elle a tout laissé tomber pour s'orienter vers la gestion de projets événementiels », nous a-t-il déclaré dans ce sens. Un choix pas toujours évident Notre interlocuteur avance, par ailleurs, que « cette envie de changer de métier est compliquée. La personne doit faire preuve de motivation, intérêt et d'adaptabilité. D'après mon expérience en recrutement, peu de structures acceptent des profils en reconversion, car cela nécessite un accompagnement de près, en plus d'un investissement énorme pour former la personne ». Ainsi, selon Ouazi, les recruteurs évitent d'approcher les personnes qui se reconvertissent à maintes reprises, car ils sont perçus comme des indécis à risque. Un risque qui se traduit notamment par une absence de garanties quant à un départ à l'impromptu pour s'orienter vers d'autres métiers. Notre source nous a ainsi indiqué qu'avant d'envisager une reconversion professionnelle, il serait intéressant de se poser les questions suivantes : – Est-ce que l'on cherche à changer de métier, ou bien tout simplement de structure ? – Est-ce que l'on est prêt à investir son temps et son énergie pour changer ? – Serait-on prêt à sortir de sa zone de confort pour démarrer à zéro dans un nouveau domaine ?