La consolidation de l'économie nationale est un objectif de premier ordre pour le Maroc, qui prendra effet durant l'année en cours, traçant le chemin à suivre pour le futur. La mise en place du Fonds d'appui à l'entrepreneuriat, piloté par le MEFRA, BAM et le GPBM, a pour objectif de lutter contre les disparités socio-économiques, tout en promouvant l'emploi. Si ce chantier se veut prometteur, il n'en demeure qu'il devra inclure l'ensemble du tissu économique national. Le Social est au cœur de la Loi de Finances 2020 (LF 2020). Le royaume cherche réellement à réduire les disparités socio-économiques, notamment à travers le lancement du Fonds d'appui à l'entrepreneuriat, projet piloté par le ministère de l'Economie, des Finances et de la Réforme de l'Administration (MEFRA), Bank Al-Maghrib et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), suite à l'appel du roi Mohammed VI, en octobre dernier, à accompagner les TPE et les porteurs de projets dans la création de richesse via des idées innovantes. Ce chantier est bien imposant, au-delà de l'enveloppe budgétaire qu'il mobilise (6 milliards de dirhams sur 3 ans, dont 50 % assurés par le MEFRA et 50 % par BAM et le GPBM). L'accent a bien été mis en avant pour ce qui est des projets, dont l'activité est destinée à l'export, chose qui est bien, mais qui devrait être, quelque part, limitante pour les autres secteurs. En effet, avec la fin de la première phase du plan d'accélération industriel (PAI 2014-2020), qui a tout misé sur l'industrie, en particulier l'automobile, est suite au lancement de la seconde étape du PAI (2021-2025), et qui met l'accent sur les nouvelles technologies, l'on devrait bien s'attendre au lancement de nouveaux projets dans les services, ce qui ne serait pas profitable pour certaines catégories de la société. En effet, le plus est fait au niveau des grandes régions du royaume, à l'image des zones franches, dont l'activité nécessite des formations et un savoir-faire particuliers, qui ne comprend pas forcément le monde rural. Celui-ci reste assez marginalisé dans l'ensemble, dans la mesure où sa contribution à l'économie nationale reste très liée à l'agriculture, chose qui n'est pas toujours viable pour sa population. Il est temps de donner sa chance au monde rural Omar Kettani, professeur d'économie à l'Université Mohammed V de Rabat, les initiatives à l'image du Fonds sont bien positives dans le fond, mais ne sont pas forcément adaptées à la réalité du marché. Il est bien d'encourager les porteurs de projets et les TPE, mais leur politique économique doit comprendre un ensemble d'éléments faisant partie d'un écosystème, chose qui n'est pas toujours le cas, et qui se reflète notamment par des coûts de mise en marche élevés. Il ne faudrait plus limiter ce genre d'initiative à la promotion de l'économie dans les grandes villes. Il est tout aussi important de développer le monde rural, de façon à réellement lutter contre les disparités socio-économiques que l'on n'arrête pas de mettre en avant à chaque fois. À quoi bon dire que l'on a mis une telle ou telle stratégie pour révolutionner l'économie nationale, si celle-ci ne prend pas en considération les différentes classes socio-économiques. Il faudrait réellement étudier les plans qu'on lance en accord avec la réalité de la société, non pas chercher simplement à vouloir plaire à l'étranger et dire que l'on s'aligne sur ce qui se fait dans le reste du monde. « Oui, il est bien d'encourager l'entrepreneuriat, mais celui-ci ne devrait plus se limiter aux grandes villes, au détriment du monde rural. Pourquoi doit-on à chaque fois faire en sorte que ceux, qui se trouvent dans le milieu rural, se limitent seulement à l'agriculture comme seule activité ? On se doit de changer la donne et leur offrir la possibilité d'investir dans de nouveaux secteurs d'activité. En effet, le monde rural reste assez dépendant de la situation pluviométrique pour survivre, sans quoi il est condamné à s'endetter ou à mourir à petit feu. C'est une situation qui est bien désolante à notre époque, dans la mesure où les pays étrangers ont réussi à moderniser le monde rural, en y construisant des hôpitaux, écoles et autres commodités, qui sont un droit basique, non pas un luxe », explique cet économiste. Pour faire simple, oui, le Maroc a bien une activité agricole diversifiée et essentielle à son économie, mais il ne devrait pas pour autant se limiter à celle-ci. Le royaume devrait bien se pencher sur le potentiel touristique de certaines régions agricoles, mais cela devrait s'accompagner par une révolution du mindset de leurs habitants, chose qui n'est possible, une fois de plus, qu'avec la mise en place d'infrastructures à l'image des grandes villes. L'un des exemples que l'on pourrait citer à ce niveau n'est autre que celui de l'artisanat. En effet, ce secteur pourrait bien profiter d'un lifting sous forme de formation en design, ce qui aiderait les jeunes à développer leurs connaissances en informatiques tout aussi bien que leur talent. « L'artisanat est un secteur qui paie bien en Europe, l'on devrait donc bien pouvoir profiter de sa présence dans notre culture pour le développer et permettre aux jeunes d'en profiter. En mettant en place des formations adaptées, ainsi qu'en octroyant une aide aux entrepreneurs à ce niveau, le Maroc devrait grandement contribuer à la lutte contre le chômage », nous a indiqué Kettani. Le Fonds devrait donc comprendre les populations des zones recluses, qui devraient profiter des mêmes opportunités de contribution à la richesse nationale, en mettant à leur disposition les ressources et infrastructures nécessaires à cet effet, sans quoi, les disparités que l'on cherche à réduire ne feront que perdurer.