* En matière de contrôle interne, certaine compagnies dassurance sont quasiment prêtes aujourdhui. * Le texte relatif au réaménagement du code des assurances, concernant le durcissement de certaines dispositions en matière de solvabilité et de contrôle, entrera en vigueur avant la fin de lannée. * Prochainement, le secteur se dotera dune autorité de supervision indépendante. * Bachir Badou, Directeur général de la FMSAR, fait le tour de la question. - Finances News Hebdo : Le Forum de la réassurance africaine est aujourdhui à sa 16ème édition. En tant que Directeur général de la FMSAR, quel est, à votre avis, lintérêt de cette rencontre pour le secteur des assurances, et ce comparativement aux précédentes éditions ? - Bachir Badou : En fait, cette organisation est tournante dans les différents pays africains, et ce par alternance. Honnêtement, je nétais pas présent lors des éditions précédentes. Mais je trouve que cest une occasion de réfléchir et de débattre de questions très importantes pour la bonne gouvernance du secteur. En terme dévolution réglementaire, le Maroc va plus vite que la plupart des autres pays africains. Notre réglementation est très en avance par rapport au reste du continent. Nous sommes déjà à Solvency 1 et nous sommes en train de converger vers la réglementation européenne. - F. N. H. : Concernant le secteur des assurances, quels sont les différents dispositifs mis en place pour un meilleur contrôle des risques dont la cartographie ne cesse de sétendre ? - B. B. : Dabord, il y a le contrôle interne qui est devenu une exigence réglementaire. Il sagit, en fait, dune circulaire mise en place par la Direction des assurances et de la prévoyance sociale qui a même établi un canevas et un planning au terme duquel il faut être totalement prêt en matière de contrôle interne. Les compagnies dassurance sont également tenues de publier, chaque année, un rapport de solvabilité qui est destiné aux autorités de contrôle. Mais, au-delà, il y a tout un réaménagement du dispositif du code des assurances sur lequel on a travaillé dernièrement et pour lequel on sest mis daccord avec lAdministration. A noter que ce texte va passer avant la fin de lannée et quil durcit certaines dispositions en matière de solvabilité et de contrôle des assurances, notamment en matière de placements. La réglementation continue de se durcir, ce qui permettra de disposer de compagnies dassurances plus solvables. Elles le sont aujourdhui, mais pour les mettre à labri des soubresauts du marché financier, nous sommes en train détudier, avec les autorités de contrôle, la mise en place de normes de solvabilité un peu plus dures quelles ne sont aujourdhui. - F. N. H. : Effectivement, à la lecture des chiffres, on note que le secteur a bien résisté à la crise. Mais on remarque par ailleurs que cela est dû davantage à une réglementation très contraignante. Ne pensez-vous pas que cela se traduit a aussi par des pertes dopportunités pour le secteur, en particulier, et pour léconomie en général ? - B. B. : Vous savez, la convergence vers les normes de solvabilité donne plus de flexibilité aux compagnies dassurance, mais elles doivent aussi rendre compte, en fin dexercice, du dispositif mis en place en matière de solvabilité. Donc, nécessairement, elles se mettent en autocontrôle pour cadrer avec les exigences de la réglementation. Aucun assureur ne peut vous dire aujourdhui quil ne veut pas y converger. Ils sont tous daccord pour le faire, mais à leur vitesse, compte tenu des spécificités des compagnies marocaines et du marché marocain. Par exemple, en matière de placements, les limitations quon peut mettre en termes de prises de participations dans des sociétés non cotées, le Maroc ne peut pas les fixer dès aujourdhui au même niveau européen. Le Maroc est en chantier et les assureurs sont linstrument de prédilection pour accompagner ce type de projets. Donc, si on fixe trop de limitations aux compagnies dassurance, on risque, certes, de freiner la canalisation de lépargne vers certains secteurs. Sur ce plan, lAdministration en est consciente mais avec lexigence de converger vers les normes européennes qui sont aujourdhui les best practice. Même en Europe, elles sont décriées. LEurope nest pas encore dans la norme Solvency II qui entrera en vigueur en 2012. Les assureurs disent que ces normes sont tellement contraignantes quelles risquent de freiner linvestissement en Bourse. Elles font la part belle à tout ce qui est obligataire et à tout ce qui est immobilier, mais elles restent draconiennes en ce qui concerne les actions. Cest ce que lon se dit ici : mettons en place les normes européennes et prenons en considération les spécificités de notre marché marocain. - F. N. H. : Sinon, pour ce qui est du contrôle interne, peut-on dire quaujourdhui toutes les compagnies ont mis la main à la pâte et quelles seront prêtes pour la fin de lannée en cours ? - B. B. : LAdministration de tutelle nous a donné 48 mois pour nous conformer, mais nous allons plus vite que les 48 mois. Il y a des sociétés qui sont aujourdhui quasiment prêtes. - F. N. H. : Quels sont les enjeux de la création dune autorité de supervision indépendante ? - B. B. : En fait, la DAPS va devenir une autorité de supervision indépendante. Le ministère des Finances gardera probablement des compétences en matière dassurance. La DAPS va devenir une autorité indépendante au même titre que le CDVM ou la Banque centrale (BAM). Lenjeu, cest de lui donner plus dautorité et plus de force. Mais il y a des organes de supervision en interne dans lesquels nous devrions avoir des représentants. Parce que, dans les textes de cette autorité de contrôle, il est dit quil y a deux comités importants et des représentants du secteur qui vont siéger à leur tour.