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Entretien : La tutelle verouille le dispositif de contrôle
Publié dans Finances news le 07 - 01 - 2010

* Pour plus de sécurité, le rapport de solvabilité d'une compagnie d'assurance doit désormais inclure des simulations d'impact de scénarios de crise intégrant les risques suivants : taux d'intérêt, marché financier, liquidité, mortalité, cadence des règlements de sinistres.
* Les nouvelles règles prudentielles devraient permettre d’avoir un secteur des assurances sain.
* Fouad Douiri, président du Directoire de RMA Watanya, explique.
- Finances News Hebdo : D'après les assureurs, le secteur n'a pas été touché par la crise internationale. Peut-on savoir comment il a été épargné par la crise financière, sachant que les assureurs nationaux ont certainement des affaires auprès des réassureurs internationaux ?
- Fouad Douiri : Le secteur des assurances a été très peu affecté par la crise financière internationale d'une part, parce qu'il n'a quasiment pas de placements financiers à l'étranger et, d'autre part, du fait de la forte solidité et solvabilité des réassureurs internationaux de premier plan avec lesquels collabore usuellement le marché marocain, qui ont pu traverser la crise sans dommages irréversibles.
- F.N.H. : Le dispositif du contrôle interne se veut désormais une obligation pour les compagnies d'assurance. Est-ce que, d'après-vous, toutes les compagnies d'assurance ont aujourd'hui la capacité nécessaire pour mettre en place une cellule dédiée au contrôle interne, avec tous les investissements que cela nécessite ?
- F.D. : La mise en place d'un dispositif de contrôle interne est requise par la tutelle par circulaire datant d'août 2008. Ce dispositif nécessite le déploiement de moyens humains, notamment d'audit interne, et matériels : notamment informatiques conséquents.
Toutes les compagnies du secteur s'y sont attelées à travers des équipes dédiées, supportées parfois par des consultants externes et devraient progressivement installer des dispositifs efficaces permettant d'identifier, d'évaluer et de maîtriser tous les risques qu'elles encourent.
- F.N.H. : Peut-on savoir comment se définit le rapport de solvabilité pour une compagnie d'assurance qui relève d'un secteur par nature technique et complexe ?
- F.D. : La marge de solvabilité, mesurée par un ratio entre les engagements pondérés et les fonds propres pondérés selon une méthode réglementaire, applicable de la même façon à toutes les compagnies d'assurance, constitue un pilier des règles prudentielles actuelles.
Aujourd'hui, ce dispositif est complété par le rapport de solvabilité qui est établi et engage, pour chaque compagnie, son Directoire ou son Conseil d'Administration.
Ce rapport constitue une description, une analyse et une évaluation personnalisée pour chaque compagnie, de sa situation et de sa politique en matière d'engagements, de placements, de réassurance, de résultats techniques et financiers.
Ce rapport doit également inclure des simulations d'impact de scénarios de crise intégrant les risques suivants : taux d'intérêt, marché financier, liquidité, mortalité, cadence des règlements de sinistres.
- F.N.H. : Contrairement aux compagnies, les courtiers d'assurance ne sont pas astreints à appliquer les règles prudentielles. Ne pensez-pas qu'il s'agit là d'un risque qui se pose pour les compagnies d'assurance, si jamais les courtiers en question se trouvent dans une situation de cessation de paiement ?
- F.D. : Tout d'abord, rappelons que les courtiers et agents généraux d'assurance sont titulaires d'un agrément délivré par la DAPS suite à un examen professionnel.
En outre, la réglementation soumet les courtiers ou agents à des règles contraignantes : souscription d'une assurance de la Responsabilité Civile Professionnelle, capital social minimum pour les courtiers ….
Enfin, la DAPS veille au respect, par les intermédiaires d'assurance, des délais légaux de reversement des primes encaissées, actuellement fixés à 15 jours.(Avant le 30 du mois pour les primes encaissées la première quinzaine, et avant le 15 du mois suivant pour les primes encaissées la deuxième quinzaine).
- F.N.H. : Comment votre compagnie est-elle en mesure de contribuer à la gestion du risque aléatoire de sa clientèle ?
- F. D. : Depuis 1992, notre compagnie a mis en place un département « Prévention et Conseils » qui collabore avec les intermédiaires d'assurance en vue d'apporter à nos clients des conseils opérationnels en matière d'évaluation et de maîtrise des risques aléatoires.
Ainsi, nous apportons à nos clients notre expertise découlant d'une base de connaissances et d'expériences accumulées sur une large base de clients et sur une longue période.
Nous sommes particulièrement actifs en matière de risque incendie, accidents du travail, maladie, automobile et agissons, parfois de concert, avec des prestataires spécialisés, cabinets d'experts, médecins ou cliniques…
Concrètement, à partir de visites des installations, d'analyse de la sinistralité (fréquence, coût, causes et circonstances …), et sa comparaison à notre portefeuille de référence, nous formulons des recommandations et assurons un suivi pour maîtriser ces risques.
- F.N.H. : Quel sera l'avenir du secteur des assurances au Maroc à l'aune des nouvelles règles prudentielles ?
- F. D. : Ces nouvelles règles analogues à celles en vigueur dans les marchés des pays développés, permettront certainement d'avoir un secteur des assurances sain et robuste par rapport aux aléas de son environnement et plus sécurisant pour les clients.
Elles permettront également, à travers la revue des procédures et des systèmes, d'améliorer l'efficacité opérationnelle et, partant, la qualité de service au client.
Enfin, une meilleure évaluation et maîtrise des risques devrait permettre d'améliorer nos approches de tarification et notre rentabilité.


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