* Les mesures prudentielles introduites par les autorités de tutelle ont permis dépargner le système national. Mais il faut encore plus de transparence et renforcer la bonne gouvernance. * Bale I et Bale II ne soccupent pas de la liquidité des banques mais de leur solvabilité. Il faut de nouvelles mesures pour réguler la liquidité. * La réponse à la crise nest pas plus de réglementation mais mieux de réglementation, comme lautorégulation et le code de bonne conduite. Quand la finance américaine tousse, son économie senrhume et la planète panique. Les places boursières ou financières internationales pâtissent toujours des crises américaines. Cela a été révélé dès 1929. La crise des subprimes a confirmé encore une fois cette tendance. Cette crise a eu des conséquences néfastes sur léconomie américaine et leffet sest propagé rapidement sur dautres contrées, surtout les places européennes et asiatiques fortement liées à léconomie américaine. Le Maroc, qui a choisi la voie de la libéralisation avec une ouverture progressive et large de ses échanges, est en droit de se méfier et de prendre des précautions pour éviter les dégâts sur son économie. Sous le thème «Nouvelle réglementation bancaire et crise financière internationale : quel impact sur léconomie marocaine ?», la Société marocaine dassurance à lexportation (SMAEX) a organisé une conférence-débat qui a réuni plusieurs intervenants de haut niveau : marocains et étrangers. Il sagissait de répondre et de discuter sur plusieurs questions relatives au sujet. «La crise financière internationale est une leçon pour léconomie du monde. Il est question de tirer profit des enseignements requis», a expliqué Salaheddine Mezouar, ministre de lEconomie et des Finances. Il a souligné par ailleurs que «grâce à un diagnostic établi rapidement et efficacement, le pire a pu être évité». Mezouar a averti que «les erreurs dappréciation peuvent être fatales même pour les économies les plus développées». Le ministre a souligné que « la transposition de Bâle II au paysage bancaire national permettra au système de saligner aux meilleures normes internationales en la matière». La nouvelle réglementation bancaire, comme il a été expliqué par plusieurs intervenants, concerne la mesure des fonds propres et non le niveau de liquidité . La crise des subprimes est une crise de liquidités qui se traduit par un rationnement des prêts aux entreprises et une contraction des marchés de crédits. Mais après chaque crise, il y a des changements et de nouvelles mesures sont introduites pour éviter les risques. Transparence Pour sa part, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a affirmé que «les mesures prudentielles introduites par les autorités de tutelle ont permis dépargner le système national». Mais il a appelé à plus de transparence et à renforcer la bonne gouvernance «Le problème de la crise financière soulève des défis en terme de gouvernance publique», a indiqué Christian de Boissieu, Président délégué du Conseil danalyse économique auprès du Premier ministre français. Lintervenant a expliqué qu «il est temps de faire la traçabilité de risques. Mais tracer des risques en finances est plus difficile quen matière sanitaire», a-t-il noté. De Boissieu sest interrogé sur lexistence dune crise de liquidité dans un monde où il y a beaucoup de liquidité. «Cest une notion très difficile à cerner surtout lorsque les marchés réagissent positivement à de mauvaises nouvelles», a-t-il souligné. Evoquant la crise des subprimes, De Boissieu a affirmé que «limmobilier devient très dangereux et trop spéculatif». Pour ce qui est de la réglementation, Bale I et Bale II ne soccupent pas de la liquidité des banques mais de leur solvabilité. Les problèmes de liquidité et de solvabilité sont liés. Un problème de liquidité peut mener à un problème de solvabilité. En effet, le dispositif Bâle II a pour objectif de consolider une stabilité financière à travers des exigences en fonds propres qui prennent en compte la qualité du portefeuille de crédits avec une sensibilité plus grande aux risques ainsi que le risque opérationnel. «La réponse à la crise nest pas plus de réglementation mais mieux de réglementation comme lautorégulation et le code de bonne conduite. Il faut un accord international sur la liquidité, car si on impose à nos banques des contraintes de liquidités, elles seront désavantagées par rapport à dautre systèmes», a affirmé De Boissieu. La crise des subprimes a montré une interaction entre la sphère financière et la sphère réelle. Bernard J. Laurens, représentant du FMI, a estimé quil faut créer une nouvelle discipline, à savoir la macrofinance pour étudier le lien entre le monde financier et celui de la réalité. La nouvelle réglementation bancaire concerne tous les intervevants du secteur, car il s'agit d'une crise de liquidités qui se traduit par un rationnement des prêts aux entreprises et une contraction des marchés de crédits.