* La hausse du ratio de solvabilité, telle qu'elle est exprimée par BAM, risque de restreindre l'accès au crédit pour les PME. * L'entrée de nouvelles institutions étrangères devrait être accompagnée par des projets industriels novateurs, orientés vers des niches à forte valeur ajoutée. La course sans cesse effrénée vers l'ouverture des frontières incite les pouvoirs publics à assurer l'assise financière du système bancaire. C'est dans cette optique que BAM veille au renforcement des dispositions prudentielles. Le ratio de solvabilité passera ainsi à 10% en 2OO8 et à 12% en 2009. Le but étant de préparer les banques au passage vers Bâle II. Sachant que le ratio Cooke n'était pas suffisant pour surveiller la bonne santé des banques eu égard à la complexité de leurs activités, le Maroc a été amené à suivre les pays européens en appliquant le nouveau ratio de solvabilité appelé Mc Donough. Les établissements de crédit sont tenus de respecter depuis 1991 ce ratio de solvabilité : rapport entre les fonds propres et celui de l'ensemble des crédits qu'ils encourent du fait de leurs opérations complexes. Bâle II : les préparatifs vont bon train La question qui se pose d'emblée est : est-ce que le relèvement de temps à autre du ratio de solvabilité ne risque pas de nuire à l'économie en général et aux ménages en particulier ? Ou plus exactement : est-ce que ledit ratio de solvabilité n'exercera pas une vraie contrainte à l'activité bancaire en empêchant une banque de répondre à une demande de prêt car ces dernières ne procèdent pas tous les jours à une augmentation des fonds propres. Il s'agit d'un ratio qui est, certes, fait pour limiter les crédits risqués. Mais il faut avouer qu'il limite les crédits dans leur ensemble et donc la création de monnaie. «Ce ratio restreindra sans doute l'accès au crédit pour les PME à risque de défaillance élevée», explique un banquier. Cet avis n'est pas partagé par un autre banquier qui considère pour sa part que les banques se définissent une politique de crédit en fonction de leur perception de l'économie et de ses perspectives. Pour simplifier, en période difficile, les banques resserrent le crédit et quand l'horizon s'éclaircit, elles ouvrent les vannes. Et donc il faut noter que cette politique peut être plus contraignante que les ratios réglementaires. «Une banque peut ainsi crouler sous les liquidités et ne pas être volontariste en matière de prêts si elle juge les perspectives économiques peu encourageantes», laisse-t-il entendre. Il y a encore quelques mois, la Banque centrale avait publié 7 circulaires qui ont aussi pour leitmotiv de préparer les banques à Bâle II. Et le relèvement du ratio de solvabilité à 10% en 2008 et à 12% en 2009 s'inscrit dans la même tendance. Cette décision émane du Gouverneur de Bank Al-Maghrib dans le but de renforcer les dispositifs prudentiels du secteur. «Le Gouverneur de BAM laisse entendre que l'entrée de nouvelles institutions étrangères devrait être accompagnée par des projets industriels novateurs orientés vers des niches à forte valeur ajoutée». BAM permet ainsi de préparer les banques au passage à la méthode avancée de Bâle II dès 2010. Elle poursuit également son processus d'assainissement du pôle bancaire qui s'est traduit par une amélioration sensible du taux du contentieux, lequel s'est fixé à 5% à fin 2007. A noter également que les banques publiques sont devenues, depuis juin 2007, soumises à l'ensemble de la réglementation bancaire et que les exemptions qui leur étaient accordées ne sont plus autorisées. Haro sur la fragilité ! On a toujours présent à l'esprit qu'il y a quelques années, les banques marocaines ne disposaient pas de finances nécessaires pour se lancer à la conquête des masses. Elles étaient limitées par le niveau de leurs ressources, les produits qu'elles proposaient ne leur permettant pas de répondre ou peu aux spécificités des nationaux. En cette période, les institutions internationales ne cessaient de tirer la sonnette d'alarme dans leurs rapports en laissant entendre que la tendance accrue de l'économie vers l'ouverture est susceptible de fragiliser davantage le système bancaire. Ou pis encore, la course vers le volume sans une assise financière solide révèle rapidement la fragilité de tout un système. Il y a à peine cinq ou six ans, le rapport de Standard & Poor avait écrit noir sur blanc qu'une concurrence exacerbée tire à la baisse les marges d'intérêt et les résultats, entraînant par là la frilosité du trafic bancaire. Au total, les banques marocaines présentaient des situations financières fragiles et manquaient d'élan dans la pratique de leurs activités. Pis encore, ces dernières étaient trop dépendantes des dépôts des MRE, et donc il suffit qu'il y ait un incident outre-mer pour que ces dernières voient se volatiliser leur actif. Au fil des ans et en guise de réponse à cette problématique, des regroupements bancaires ont vu le jour et on a commencé à parler de champions nationaux. Ces fusions avaient ainsi permis aux établissements solides d'absorber les plus fragiles et une nouvelle configuration avait pu voir le jour. Le relèvement du ratio de solvabilité restreindrait l'accès au crédit pour les PME en quête de modernisation et pour les ménages en phase d'équipement. Mais il va sans dire que l'assise financière des banques serait assurée d'autant plus que la mondialisation a pour corollaire l'entrée de nouvelles banques étrangères.