* Le Conseil National de Comptabilité est dans lattente de la décision du ministère de lEconomie et des Finances pour lancer les travaux techniques de convergence relatifs au basculement des PME vers les normes IFRS. * En France, lAutorité des Normes Comptables est contre la norme IFRS-PME. Le principe de «juste valeur», principal credo des normes IFRS, a suscité des remous en ces temps de crise chez bon nombre danalystes et de financiers. Au Maroc, et selon les dires des responsables, «la Commission en charge du projet relatif au basculement des PME vers les normes IFRS a terminé la phase préparatoire relative, principalement, à la définition de la méthodologie dapproche». Cela signifie que le Conseil National de Comptabilité est en attente de la décision du ministère de lEconomie et des Finances pour lancer les travaux techniques de convergence. Il est à rappeler que quelques grandes entreprises ont basculé du CGMC (Code Général Marocain Comptable) vers les normes IFRS, et ce pour un alignement sur les standards internationaux. Il sagit essentiellement dentités cotées à la Bourse de Casablanca et de quelques filiales de multinationales suite à ladoption de ces standards par lUnion européenne. Depuis 2008, les établissements de crédit, sous limpulsion de la Banque centrale, ont basculé vers les normes IFRS. Et cette mouvance ne compte pas sarrêter de sitôt à cause des engagements pris par le Maroc auprès des instances internationales pour améliorer son référentiel comptable. Daprès les responsables, le retard accusé en la matière ne veut pas dire systématiquement abandon. «Il ny a pas de blocage, cest un projet important et il convient de réunir les conditions requises pour sa réussite», annonce A. Bernossi, président de lOrdre National des Experts-Comptables. Un cahier des charges a ainsi été dressé afin de désigner les experts-comptables qui vont travailler sur ce projet denvergure. «Aujourdhui, nous sommes dans une phase de stand by et nous attendons la décision du ministère des Finances», sempresse dajouter A. Bernossi. La crise y est-elle pour quelque chose ? Apparemment, cest plus le coût du basculement des normes marocaines vers celles internationales qui constitue un sérieux handicap. Lorsquun tel projet verra le jour, il concernera lensemble du tissu économique, sans distinction. Cette réflexion renvoie donc à un tissu économique très hétérogène nayant pas forcément les mêmes attentes en matière de comptabilité. Quid des divergences ? Donc, la question se pose demblée : est-ce que les PME, composante essentielle de notre tissu économique, seraient prêtes à adopter les normes IFRS qui se traduisent par dénormes investissements et qui vont nécessairement engendrer des coûts supplémentaires ? Interrogé à ce sujet, un professionnel, souhaitant garder lanonymat, répond : «Effectivement, léconomie marocaine est constituée essentiellement de PME dont la préoccupation primordiale est délaborer des états de synthèse tout en respectant notamment le volet fiscal. A mon avis, elles ne seraient pas intéressées par des normes internationales qui prônent des objectifs tels que la juste valeur et qui ne sont pas dactualité pour la PME marocaine». Il ajoute, par ailleurs, que la préparation des états conformément aux normes internationales se veut très coûteuse par la nécessité dintervention de spécialistes en la matière. Le président de lOEC ne semble pas partager cet avis : «Une fois que le projet aura vu le jour, il y aura nécessairement une période de transition au cours de laquelle des mesures daccompagnement seront mises en place. Les PME ne seront pas livrées à elles-mêmes et ne subiront donc pas seules les frais exorbitants de ce passage vers les normes internationales». Dans lHexagone, il est à noter que la question de ladoption de ce référentiel par les PME nest plus dactualité. LAutorité des Normes Comptables (ANC), créée en début dannée a, dans un communiqué, fait part de son plan stratégique 2010/2011. Parmi les différents axes cités, figure la volonté pour les PME de leur assurer des normes comptables simples, sûres et durables tout en rejetant lintroduction de la norme IFRS-PME.