* La crise financière qui touche actuellement les économies mondiales a conduit à dimportantes critiques portant sur les normes IAS 39 et IFRS 7. * Lexpérience internationale a montré les limites des normes IFRS en matière de crise. Que doit faire le Maroc ? Les normes IFRS, qui ont alimenté lactualité financière pendant des années, sont aujourdhui pointées du doigt comme étant responsables de la crise internationale. On mesure dores et déjà les dégâts de ces normes qui ont considérablement aggravé la crise. Lapplication de ces dernières sur des produits dérivés, pour lesquels les marchés sont inactifs, serait à lorigine dimportantes dépréciations constatées par les sociétés menacées de faillite. Ainsi, selon les normes IFRS, les actifs des sociétés reflètent la valeur vénale de leurs actifs ou la juste valeur au moment du bilan annuel ou trimestriel. Ils sont ainsi fortement surévalués par rapport à la valeur prise en compte précédemment dans les normes comptables. Ceci, bien entendu, influence le cours de Bourse à la hausse et offre des possibilités de financement. Cet impact est très ressenti surtout au niveau des sociétés du système bancaire et financier dont la variation à la hausse ou à la baisse affecte les résultats à chaque clôture des comptes. Dans les périodes «normales» durant lesquelles la Bourse est relativement stable, ça ne change pas tellement. «En effet, tant que les cours montent, les résultats saméliorent et les capitaux propres saccroissent. Le titre sapprécie sur le marché et lentité peut sendetter sans changer son degré de solvabilité pour accroître encore ses activités de prêt», explique un expert-comptable. «Toutefois, lorsque les cours chutent, une perte de juste valeur est à inclure dans le résultat et apparaît une forte réduction des capitaux propres. Lentité est alors surendettée et elle dépasse les seuils normaux pour ses prêts quelle doit ainsi réduire», explique-t-il. Cest ce qui explique la grande débâcle que connaissent bon nombre de sociétés de financement. Le Maroc à mi-chemin Les opérateurs économiques sont aujourdhui un peu perdus. La comptabilité nationale nadmet que la valeur historique, mais prévoit pour bientôt de passer aux normes IFRS qui se sont imposées de par le monde. De grandes entreprises telles que lONA, Maroc Telecom ont adopté depuis plus dun an les normes IFRS. Si lexpérience internationale a montré les limites des normes IFRS dans un contexte de crise, le Maroc aura intérêt à persévérer dans son basculement vers ces normes internationales. «Avec la crise financière internationale que connaît le monde entier, la situation est très embarrassante. Je dirais même frustrante pour certains opérateurs économiques et dont les préparatifs pour la migration vers les normes IFRS vont bon train», rétorque notre expert. «Pour les sociétés du système bancaire et financier, la crise financière qui touche actuellement les économies mondiales a conduit à dimportantes critiques portant sur les normes IAS 39 et IFRS 7», explique-t-il. Les normes IFRS furent un des principaux sujets de discussion en comités et dans les couloirs, lors de lAssemblée générale du Fonds monétaire international. Une chose est sûre : pendant les périodes de crise comme celle que nous connaissons actuellement, ladoption des normes IFRS rend les bilans et résultats très volatils. En particulier lorsque ces actifs sont constitués de prêts ou actifs à risque (on les appelle désormais toxiques) qui sont devenus invendables et donc sans valeur vénale immédiate. Par contre, pour les sociétés de léconomie réelle, les sociétés industrielles dont les actifs sont immobiliers ou industriels, cela ne change pas tellement et les comptes de ces sociétés en normes IFRS reflètent mieux leur vraie valeur. Récemment, les ministres européens de lEconomie et des Finances ont tenu une réunion au terme de laquelle il a été question dassouplir la méthode visant à comptabiliser la valeur des actifs détenus par les entreprises cotées ou faisant appel à des investisseurs. Lenjeu de lassouplissement consiste à changer la classification des actifs financiers, en se référant à leur «juste valeur». Dans le même ordre didées, le 13 octobre 2008, lInternational Accounting Standards Board a adopté des modifications de la norme comptable internationale IAS 39. Ces modifications permettent, dans des circonstances rares, de reclasser dans dautres catégories certains instruments financiers détenus à des fins de transaction. La crise financière actuelle est considérée comme une circonstance rare pouvant justifier que les sociétés fassent usage de cette possibilité. Elle se veut également riche en enseignement pour un pays comme le nôtre, où plusieurs sociétés ont basculé vers ces normes.