* Le conflit au Moyen-Orient est un facteur de blocage de lUPM. Il ne faut pas trop compter sur lEurope pour le résoudre. * En attendant la constitution effective de lUnion méditerranéenne, le Maroc a tout intérêt à poursuivre sa collaboration avec lUnion européenne dans le cadre de la PEV. Un an et demi après le lancement de lUPM à Paris, on sinterroge sur le devenir dune telle région. A noter quà ses débuts, ce projet avait été fortement apprécié dans son contenu dans la mesure où il permet une forte intégration économique du Nord et du Sud de la Méditerranée. Aujourdhui, nous craignons fort que lUPM ne sombre dans la léthargie au même titre que le processus de Barcelone. En 1995, lors de la première Conférence de Barcelone, le partenariat lancé par lUnion européenne avec les pays sud-méditerranéens avait abouti à lEuromed. Le processus de Barcelone était bâti sur trois volets. Le premier volet, politique et sécurité devait promouvoir la paix dans la région méditerranéenne, la démocratisation des pays sud-méditerranéens et la sécurité pour tous les participants. Le volet économique et financier était basé sur linstauration dune zone de libre-échange euro-méditerranéenne à lhorizon 2010, et au développement économique des pays sud-méditerranéens, grâce notamment à une aide financière de lUnion européenne dans le cadre du programme MEDA dun montant de 10,5 milliards deuros pour la période 1995-2006. Enfin, diverses mesures étaient envisagées pour le développement social, culturel et humain entre les deux rives de la Méditerranée. Un brin dhistoire Malheureusement, et dix ans après la Conférence de Barcelone de 1995, on constate que le Processus de Barcelone nest quune utopie. Les objectifs escomptés dans la région sont loin dêtre réalisables. La démocratisation des pays sud-méditerranéens a peu progressé et la pauvreté, le chômage et lanalphabétisme persistent. Et donc la paix na pas été instaurée dans la région. Pis encore, les actes de terrorisme et limmigration clandestine sont montés en flèche. «Au contraire, il sest instauré entre les deux rives de la Méditerranée un climat dincompréhension et de méfiance. Lélargissement le 1er mai 2004 de lUnion européenne aux pays de lest de lEurope a été considéré également comme une preuve de désintérêt vis-à-vis des pays du sud de la Méditerranée», estime J.Kerdoudi, président de lInstitut Marocain des Relations Internationales. Afin de pallier ce bilan mitigé, une deuxième conférence avait été convoquée également à Barcelone en novembre 2005. Boycottée par la plupart des chefs dEtat et de gouvernement des pays du sud de la Méditerranée, cette conférence a été axée principalement sur la lutte contre le terrorisme et limmigration clandestine, et a négligé les problèmes de développement économique et social des pays du sud. Parallèlement au Processus de Barcelone, a été instaurée à partir de 2004 la Politique européenne de voisinage (PEV), qui regroupe un certain nombre de pays de lest de lEurope et du sud de la Méditerranée. La politique de voisinage présente la particularité de sadresser à chaque pays dune façon spécifique, en adoptant avec lui un plan daction étalé sur une période de 3 à 5 ans. Elle a été dotée dun instrument financier de 12 milliards deuros pour la période 2007/2013. Seuls cinq pays méditerranéens ont adhéré pour le moment à cette PEV : le Maroc, la Tunisie, lAutorité palestinienne, la Jordanie et Israël. Le Maroc dans lexpectative Lors de sa campagne présidentielle en mai 2007, Nicolas Sarkozy avait critiqué le Processus de Barcelone et lancé le projet dUnion méditerranéenne. Cette Union devrait regrouper les pays de lUnion européenne riverains de la Méditerranée (Portugal, Espagne, France, Italie, Grèce) avec les pays sud-méditerranéens. Cette Union devrait à la fois être diplomatique et stratégique, mais également culturelle et civilisationnelle. Bâtie sur des projets concrets, elle devrait aboutir à des actions opérationnelles concernant le développement durable, lénergie, les transports et leau. Mais elle devrait également prendre en compte dautres priorités, telles que la culture, léducation, la santé, le développement humain, la lutte contre les inégalités et lattachement à la justice. Aujourdhui et presque deux ans après, le projet demeure flou. Or, en regardant de près, tout laisse croire que cette région devrait exister. « Si lon accepte que cette région du monde a des défis : dabord au niveau économique en ce qui concerne la compétitivité de cet espace euroméditérranéen par rapport à lAmérique du Nord et à lAsie. Si on accepte que cet espace a une lourde responsabilité par rapport à lAfrique (développement humain, sécurité, stratégie ). Si on accepte que nous sommes dans une région où le réchauffement climatique sest avéré réel et que les perspectives à long terme sont défavorisées et si on prend la question énergétique on se rend compte que cet ensemble a des défis communs monstrueux », constate H. Abouyoub, ambassadeur itinérant. Selon lui, aucune nation aussi puissante soit-elle na la capacité de faire face à tous ces challenges. Donc, lUPM est un objectif vital pour le Nord comme pour le Sud. Le seul problème cest que la politique méditerranéenne de lEurope a toujours été marquée par lapprovisionnement énergétique et par le besoin de sécuriser les zones dapprovisionnement. Et donc pour que ce projet soit effectivement mis en uvre et quil soit viable, il faut résoudre un conflit dans la région du Moyen-Orient. «LEurope est incapable de jouer un rôle quelconque. Elle la montré depuis toujours et continue de le montrer et ce malgré la mise en oeuvre du Traité de Lisbonne. LEurope nest pas une puissance militaire. Elle nest pas autre chose quune puissance commerciale. Ce nest même pas une puissance économique au sens dun ensemble qui a une politique budgétaire commune». Donc, il y a toujours cette difficulté de lEurope à parler à lunisson selon les mêmes axes stratégiques avec le Sud. Le Sud nest pas prêt à son tour à assumer les objectifs de démocratie, de droits de lhomme qui sont inclus à la fois dans la déclaration de Barcelone et dans celle identique de lUPM. « Dans ces conditions, le Maroc a tout intérêt à continuer sa collaboration avec lUnion européenne dans le cadre de la Politique européenne de voisinage, en attendant la constitution effective de lUnion méditerranéenne. Il ne saurait «lâcher la proie pour lombre», conclut J.Kerdoudi.