* La nouvelle configuration de léconomie mondiale impose de nouveaux défis aux pays du Maghreb. * Le coût du non-Maghreb pourrait savérer fatal pour les pays membres. * Le Maghreb, dans son environnement régional et international, incite à débattre. La crise financière qui a éclaté en 2007 aux Etats-Unis et qui sest propagée telle une onde de choc au reste du monde, a remis en cause les vertus de la mondialisation. Le laisser-aller qui a fait ses preuves au cours de la dernière décennie a vite montré ses limites. Labsence de lEtat-providence en tant que force régulant le marché a été encore une fois remise sur la table. Cette crise a par ailleurs mis en exergue les faiblesses dune intégration maghrébine qui peine à voir le jour au moment où dautres blocs régionaux se sont montrés plus solidaires. Le constat est aujourdhui le suivant : on évolue vers un monde multipolaire et chaque région fait face à lobligation de redéfinir son insertion économique internationale, cest en particulier un défi pour les pays du Maghreb. Cest pour répondre à cette interrogation que lIFRI a lancé un programme de recherches intitulé : « Le Maghreb dans son environnement régional et international », soutenu par lOffice Chérifien des Phosphates. LInstitut français des relations internationales (IFRI) organise dans ce cadre les 14 et 15 décembre courant, en partenariat avec le Centre marocain de conjoncture (CMC), une conférence internationale consacrée à la place et à lavenir du Maghreb dans léconomie internationale daujourdhui. Cette conférence se veut un lieu de rencontres et de débats intenses entre des chercheurs et experts maghrébins et européens. Elle permettra de traiter lexpérience et le potentiel du Maghreb. Des analyses comparatives par rapport à dautres régions du monde seront ainsi entamées (Asie de lEst, Amérique Latine, mais aussi lEst de lEurope). La conférence offre également une opportunité unique pour analyser les données nouvelles de léconomie mondiale, comprendre les perspectives qui souvrent aux pays du Maghreb et débattre des choix auxquels ils font face. A ce titre, cette conférence intéressera aussi bien les responsables politiques, les hommes daffaires, les medias que les milieux académiques. Quelles leçons tirer de lexpérience des autres régions? Quelles perspectives attractives peuvent-elles offrir au Maghreb sous langle régional et dans leurs relations avec les pays industrialisés ? Autant de questions qui méritent dêtre posées à laune de la crise économique. Certes, on ne peut dans un contexte en pleine mouvance appliquer les mêmes stratégies aux pays du Maghreb appelés à déployer plus defforts et, partant trouver un terrain dentente. Des chiffres en deçà des attentes ?! Dans un contexte marqué par la crise, lintégration du Maghreb est devenue une nécessité économique étant donné la concurrence intense que se livrent les différents blocs régionaux. Aussi, le coût dun Maghreb non unifié pourrait savérer lourd de conséquences pour les pays de la région à cause des défis occasionnés par les échéances charnières auxquelles les économies maghrébines devraient faire face (démantèlement tarifaire, forte vulnérabilité aux chocs de la demande externe ). De par son rôle de moteur de croissance et dintensification des échanges commerciaux entre pays de la région, lintégration maghrébine pourrait constituer un facteur dappui pour une insertion plus efficiente des pays membres à léconomie mondiale. La particularité de cette région est quelle sinsère dans la continuité du courant libre-échangiste qui devrait relier progressivement les deux rives de la Méditerranée, au même titre que celui impliquant les pays de la Déclaration dAgadir dont lAlgérie ne fait pas partie. Ainsi, au-delà de la discontinuité géographique qui en découle, une relance du projet dintégration maghrébine serait favorable pour redimensionner la libéralisation commerciale entre les pays de lAccord dAgadir et contribuer à son foisonnement pour en faire un véritable préalable à la réussite de lintégration euro-méditerranéenne. Cependant, comparativement aux autres regroupements régionaux, les échanges intramaghrébins ne sont pas suffisamment développés et demeurent encore marginaux. Chiffres à lappui : le commerce global intramaghrébin se limitait en 2006 à 1,2% des échanges extérieurs de la zone. En comparaison, le commerce intrazone représentait 32,7% des échanges de lUnion européenne, 11% de lASEAN, 14,6% des PECO et 7,9% des pays du Mercosur. Les échanges entre les pays maghrébins ne dépassaient pas 3,1% des exportations globales de lAlgérie, du Maroc et de la Tunisie. Parmi les freins au développement : la similarité des biens produits et donc échangés. Alors que de multiples insuffisances semblent contraindre le potentiel dintégration régionale, leur élimination nécessiterait une ferme volonté politique de coopération, dans un contexte où dautres régions dans le monde sont en train de sorganiser en bloc pour tirer le meilleur profit de la mondialisation.