* Nécessité d'une nouvelle géographie économique pour répondre aux défis de la mondialisation. * Le renforcement des capacités de négociation avec les grandes puissances impose une entité commune et bien intégrée. La réflexion Prospective 2030 s'est attaqué à la question de la dimension maghrébine dans l'échiquier régional, continental et international. Tous les intervenants au Forum de Skhritate organisé par le Haut commissariat au plan (HCP) consacré à cette question, sont unanimes quant à la nécessité de l'édification d'un Maghreb uni, fort et prospère. Organisé sous le thème «Approches géostratégiques : pour une nouvelle géographie économique du Maghreb», les 12 et 13 mars courant, le Forum de Skhirate a vu la participation d'experts et responsables politiques et institutionnels représentant une quinzaine de pays, notamment d'Afrique, d'Europe et d'Amérique Latine.. L'intégration du Maghreb est de toute évidence une nécessité économique incontournable, eu égard à la concurrence intense entre blocs régionaux et aux opportunités qu'offre aux acteurs intranationaux et internationaux un marché régional commun. Si de l'avis de presque tout le monde le Maroc se situe actuellement dans un itinéraire de croissance de nature à maximiser l'exploitation de son patrimoine endogène, il ne peut rester indifférent, en particulier, à la nécessité de se consacrer, avec ses partenaires, à la revitalisation du projet d'édification du Maghreb. Les priorités, en terme d'intégration, se situent, dans le contexte géostratégique, autant au niveau économique, social et environnemental qu'au niveau de l'impératif sécuritaire. Dans une intervention à cette occasion, Ahmed Lahlimi, Haut commissaire au plan, a affirmé que «l'Union du Maghreb arabe reste encore largement virtuelle, en dépit des quelques accords qui ont été passés entre ses composantes nationales et de l'élaboration de quelques plans sectoriels. Ainsi, au moment où le renforcement des unions régionales devient capital pour une insertion positive dans la mondialisation, l'Union maghrébine présente l'image d'un projet largement en panne dépendant foncièrement de l'Europe pour son activité économique et commerciale». Le renforcement d'une capacité de négociation avec l'U.E et d'autres groupements régionaux devrait, pourtant, être un puissant mobile pour renouer les liens intermaghrébins et définir des attitudes communes. «Au lieu de faire front commun, les pays du Maghreb ont opté pour une approche unilatérale pour leurs relations à l'Europe. Ce choix ne favorise guère le rapprochement des pays du Maghreb. Il est de nature à générer des contradictions systémiques insupportables et ne permet pas d'entrevoir des ruptures possibles dans l'immédiat», a expliqué Lahlimi. Il est à souligner que les raisons ayant jusqu'à maintenant freiné la dynamique maghrébine tiennent malheureusement à des oppositions politiques de circonstance, qui existent depuis trois décennies et ont occulté les vrais débats sur le fond des problématiques. L'absence de projets socio-économiques et géostratégiques pour le futur, susceptibles de mobiliser les acteurs de développement de la région, particulièrement les acteurs socio-économiques privés, la société civile et les jeunes générations, constitue encore un obstacle à toute vision volontariste d'intégration. Les enseignements tirés des expériences des pays ayant réussi leur intégration économique, sans au préalable assurer l'intégration politique, mettent en exergue les effets induits de la libre-circulation commerciale sur le rapprochement des visions nationales pour l'identification de projets mobilisateurs des sociétés. Le Maghreb reste, à cet égard, marqué par la persistance de barrières tarifaires et non tarifaires encore excessives en comparaison avec d'autres régions. Par ailleurs, une table ronde ayant eu pour thème «le Maghreb, réalité en devenir, opportunités et défis», a vu la participation de plusieurs intervenants comme Hassan Abouyoub qui a traité le thème : «Les enjeux du Maghreb dans le monde». «La société globale maghrébine manque aujourd'hui de projet mobilisateur à la différence d'autres régions du monde qui ont pu, par l'union de leurs composantes, peser sur la scène internationale», a-t-il indiqué. L'Amiral Jaques Lanxade, Président de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (France), a traité la question du partenariat incontournable Maghreb-U.E face aux défis mondiaux. «Le Maghreb est intimement lié sur plusieurs plans à l'U.E, une bonne partie de ses échanges économiques et culturels sont réalisés avec la partie européenne. Le partenariat entre les deux parties est basé sur la formule win-win et permettra de faire face à l'hégémonie des autres puissances mondiales», a-t-il noté. Pour sa part, Paul Tran Van-Thinh, ambassadeur, ancien négociateur de l'U.E dans le domaine international, a traité la question de «la sécurité de l'Europe en convergence avec le développement du Maghreb». Il est à rappeler que ce forum, organisé à Skhirate, est le troisième que le Haut commissariat au plan aura ainsi consacré à la Prospective «Maroc 2030». Le premier a été décliné en trois sessions dédiées respectivement à la géostratégie, à l'économie Monde et à l'économie marocaine et, le second, aux grandes questions à caractère sociétal.