* Au moment où certains considèrent que le PPP est né avec le programme dajustement structurel, dautres prétendent quil sinscrit dans la logique des champions nationaux que compte développer le Maroc. * Le recours au PPP simpose parce que la capacité de lEtat à mobiliser des ressources financières pour ses services monopolistiques va séroder. * Il serait dun grand intérêt pour les domaines de léducation et de la santé qui accusent un retard important. Le partenariat public-privé a constitué le thème débattu la semaine dernière par la Chambre de commerce internationale. Le thème nest pas fortuit mais relève dune importance cruciale en vue de mener à bien des chantiers denvergure. Les trois P, comme on les appelle, interviennent essentiellement dans les investissements très capitalistiques. LEtat, en tant que centrale de régulation, veille à assurer léquilibre entre son rôle et ceux des instances locales et des opérateurs. Aussi, dans ce type de partenariat, il ne faut pas omettre les enjeux sociaux, dautant plus que le pouvoir dachat des citoyens dun pays comme le nôtre reste limité. La problématique de la tarification se pose de manière massive. Et donc la question qui se pose demblée est : comment concilier lefficacité des services et leur rendement ? Autre question qui se pose avec force : le cadre juridique mis en place est-il adéquat ? Parce quil sagit dun cadre juridique qui sinspire de celui de la concession et de la délégation. Le partenariat est réglementé passivement par les contraintes qui lui sont imposées par le contrat. «Le PPP est un moyen de collaboration entre lEtat et le privé, mais chacun a ses propres objectifs et ses propres moyens», explique H. Abouyoub, ambassadeur itinérant de sa Majesté le Roi. Ceci pour dire quil existe une certaine étanchéité entre les deux partenaires. Le contrat de partenariat public-privé est un contrat par lequel une personne morale de droit public confie à un tiers une mission globale relative au financement, à la construction ou à la transformation, la maintenance d'un équipement ou d'un service, la rémunération du secteur privé étant assurée par le versement d'un loyer payé par l'autorité publique. Le cocontractant peut se voir confier tout ou partie de la conception des ouvrages. La personne publique transfère à son cocontractant les risques de construction et de disponibilité de l'ouvrage ou du service, ainsi que le risque de gestion. Le risque de recettes, lui, étant limité. Rigueur budgétaire vs efficacité Le PPP est venu répondre à leuphorie des années 70 où les prix des phosphates avaient quadruplé. Le Maroc sétait engagé dans dénormes chantiers qui sétaient vite heurtés à des blocages. Le programme délectrification rural en est un exemple concret. LEtat navait pas les moyens et était donc obligé de faire appel au partenariat public-privé. Autre enjeu important : le manque de ressources humaines compétentes en la matière. Les intervenants ont été unanimes à dire que dans ce domaine, le Maroc manque de ressources humaines compétentes. A travers leurs expériences respectives en tant que représentants du secteur public, ils en savent quelque chose. Autant denjeux qui se posent sérieusement dans un pays comme le nôtre. LHexagone est précurseur en la matière parce que le PPP a été ordonnancé sous François 1er pour le contrôle de la dette, la réduction des dérapages et la rigueur budgétaire. Au Maroc, jusquaux années 70, nous étions dans linterventionnisme étatique avec son corollaire dEtat dominant. Dans les années 80, avec le programme dajustement structurel, la rationalisation de la dépense publique a hanté les esprits. «Est-ce que le PPP entre dans cette logique de liberté publique ?», sinterroge A. Benamour, président du Conseil de la Concurrence. «Je ne pense pas», renchérit-il. Il sagit dun modèle qui séduit certainement parce que le Maroc est appelé à se doter de champions. Il faut donc à lavenir réfléchir à développer des champions nationaux et à mettre en place des instances de régulation indépendantes. Mais cela nempêche quau Maroc, des problèmes se posent avec acuité tels que le conservatisme, la légitimation du capital et la résistance à laugmentation des prix. Mais il ne faut pas jeter le bébé avec leau du bain. Le PPP a des effets positifs sur léconomie, essentiellement en ce qui concerne lefficience en termes de management et la solution aux problèmes de financement. A. Benamour propose ladoption de cette formule dans les secteurs de la santé et de léducation qui accusent un retard notoire. J-Pierre Elong, secrétaire général du CGLUA, organisme des collectivités locales africaines, considère à son tour que lengouement pour le PPP est venu avec le PAS. Puisque les Etats africains nétaient pas en mesure de mobiliser des ressources pour financer de grands projets, ils étaient appelés à recourir à des grands groupes privés. Mais, il faut reconnaître que grâce à larrivée des PPP, il y a eu une continuation dans les services. Donc, entre contraintes budgétaires et champions nationaux, le PPP trouve toute sa raison dêtre. Mais nempêche que lEtat doit avoir une stratégie. Le PPP demeure surtout un outil au service de la stratégie étatique. Ainsi, le contrat de partenariat public-privé trouve naturellement son utilité lorsque les contraintes budgétaires limitent l'investissement public et qu'il est impossible, pour des raisons politiques ou économiques, de soumettre à une logique de rentabilité stricte le financement de certaines installations d'intérêt public. Une chose est donc sûre : la capacité de lEtat à mobiliser des ressources financières pour ses services monopolistiques va séroder. Doù lintérêt du PPP.