C'est dramatique ce qui se passe actuellement à la Bourse de Casablanca. L'indice général est à 580 points, le marché obligataire a toujours du plomb dans l'aile et l'horizon reste bien flou pour porter un jugement objectif sur l'avenir des activités bou Il y a un an, tout le monde hésitait à qualifier la glissade boursière de krach. Aujourd'hui, ce mot, qui signifie grande perte ou effondrement dans le jargon des fourmilières développées s'est même avéré peu éloquent pour décrire la tendance du marché. En fait, ce qui se passe chez nous est plus grave, c'est de l'attentisme qui ne casse pas la place mais l'étouffe peu à peu ! Du côté des autorités de tutelle, la ferme volonté de mettre la place sur la piste de décollage a été manifestée à maintes reprises. Mais les mesures prises dans ce sens manquaient de concertation et parfois de professionnalisme. Un troisième compartiment a même été créé sans qu'il y ait les outils d'accompagnement nécessaires D'autre part, la Loi des finances 2001 contient une série de mesures fiscales en faveur des entreprises désirant ouvrir leur capital par voie boursière. On doute de l'aptitude d'une telle mesure à relancer les introductions en Bourse, sachant que les initiateurs de ce dispositif ne disposent d'aucun repère qui pourrait nous guider pour prévoir l'impact de cette réforme sur l'élargissement de la cote casablancaise. La Loi de finances, qui constitue le cadre de l'action publique, en essayant d'élargir la base imposable, semble sanctionner les investisseurs institutionnels qui font le vif du marché financier casablancais. Pour cette catégorie d'investisseurs, la mesure prise dans ce sens constitue un nouveau coup qui vient annuler l'avantage fiscal dont ils bénéficiaient auparavant. Un traitement particulier qui leur permettait d'amortir leurs pertes sur le compartiment Actions de la Bourse. Avec cette mesure, aucun observateur ne manquera de dire que le Ministère des Finances n'a pas digéré la leçon donnée par le marché lors de la réforme portant sur la fiscalité des plus-values mobilières. Pour le compartiment obligataire, la Loi de Finances prévoit l'émission de 28 milliards de DH sous forme de Bons du Trésor, soit près de 20% du Budget général. Un volume d'émission qui dévoile l'état du Trésor public en dépit de la cession des 35% de Maroc Telecom qui a rapporté à l'Etat une recette totale de 23 milliards de DH, soit 18% du total du Budget général. Les nouvelles émissions obligataires vont certainement aboutir à une légère hausse des taux qui défavorisera davantage la cote des Bons déjà émis et, par conséquent, la prestation du marché des OPCVM dont les fonds obligataires détiennent plus de 80% de l'actif net. Ce que doivent comprendre les architectes de la politique économique, c'est qu'il est temps de prendre les choses au sérieux ; la dichotomie entre sphère financière et sphère réelle n'est qu'illusoire et les contre-performances qu'accumule actuellement la place résultent d'une perte de confiance dans l'avenir de l'économie marocaine à laquelle il faut prescrire l'ordonnance adéquate, sous peine de voir le mal s'aggraver...